Dix millions d’euros budgétisés… en attendant
Presque trois ans. Déjà. Dans la nuit du 3 octobre 2015, les inondations dévastaient la plaine de la Brague. En se retirant, les eaux déchaînées du petit fleuve côtier et de ses affluents laissaient un sillage de désolation : trois morts à Biot, un à Antibes… Des maisons dévastées, des campings, des commerces et des entreprises submergés. Des existences chavirées à jamais. Après la fermeture définitive de plusieurs campings, la réouverture, difficile de certains, après la lente reconstruction des biens privés, après le difficile travail de résilience est venu le temps de bâtir l’avenir. Autour d’une injonction : la sécurité des biens et des personnes. Où en est-on, à ce jour, des travaux de prévention et de sécurisation tant attendus ? Quid de l’appel à projets, lancé en novembre dernier par la préfecture, la communauté d’agglomération de la Sophia Antipolis (Casa), les villes d’Antibes et de Biot, auprès des propriétaires de terrains devenus maudits ? Un appel pour dessiner, à long terme, un véritable projet de territoire. Nous faisons le point, avec Jean Leonetti, président de la Casa. Les avancées sont lentes, trop lentes pour ceux qui espèrent, mais elles se précisent. En pointillé.
Une DUP pour aller plus vite
« La Déclaration d’Utilité Publique (DUP) va être lancée et permettra de démarrer les travaux d’urgence» . La Casa, avec le partenariat de l’Agence de l’eau, entre autres, va acquérir les berges de la Brague pour élargir son lit et faciliter l’écoulement des eaux. C’est l’objectif principal mais il y a aussi un but touristique : créer une promenade le long de l’eau. « Au début, nous partions sur trois mètres de part et d’autre. Actuellement, les services travaillent sur des fuseaux plus larges, selon les sites, où l’écoulement peut être davantage favorisé. Cela peut être plus que trois mètres, donc. Les habitations ne sont pas concernées. La volonté est de ne pas spolier les propriétaires ». La DUP couvre une quinzaine d’hectares. On compte une cinquantaine de propriétaires concernés.
Quels travaux et quand ?
« Les futurs travaux sont conditionnés par le nouveau plan de prévention du risque inondation (PPRI) qui, sur Antibes, devrait être présenté à la fin du premier semestre ou début du premier 2019. Pour l’instant, nous disposons du Porter à connaissance (PAC) élaboré par la préfecture. (NDLR : Ce sera plus tôt pour Biot, puisque les procédures sont plus avancées). Sur la base de ce nouveau PPRI, nous pourrons amender le Plan d’aménagement de prévention des inondations, le PAPI 2 en cours pour le bassin des Horts et décider des travaux, précisément. On ne peut pas se projeter sans le PPRI actualisé. Le problème des buses de l’autoroute doit être réglé mais cela ne suffit pas. Des pièges à embâcles doivent être aménagés en amont. Le financement est garanti : 10 millions d’euros sont budgétisés pour cela ».
Un fond Barnier bis
« Toutes les maisons en rez-de-chaussée et sans étage ont été rachetées, entre Biot et Antibes. Nous faisons un Barnier bis, avec la Casa. Pour acheter des maisons dans des zones très exposées, avec un étage, et qui donc ne correspondent pas aux critères des fonds Barnier (NDLR : un étage est considéré comme un refuge en cas d’inondation). Deux lotissements sont concernés : le Hameau de la Brague, où le fleuve fait un coude. Tout va être racheté à l’amiable et deviendra un espace naturel. Il y a aussi les Moulières où des villas ont pratiquement les pieds dans l’eau. C’est impensable de continuer à des personnes exposées à un tel danger ».
L’avenir des terrains en rouge
Le PAC affiche une couleur rouge ou orange sur l’ensemble du secteur. Non constructible. En novembre dernier, la préfecture et la Casa ont présenté le Plan guide d’aménagement et de Gestion durable de la plaine de la Brague. Avec notamment un appel à projets aux propriétaires de terrains en zone d’aléa fort. Le choix est restreint : vendre, au prix de France Domaines, ou présenter un projet d’activité respectueux des contraintes établies : pas de nouveau lieu de sommeil, pas de parkings, des installations qui ne doivent pas entraver l’écoulement de l’eau, du démontable… Pour l’instant, pas ou prou de projet évoqué. Hormis, un centre équestre. Une « zone de loisirs de plein air ». C’est vague. Et si les parkings sont proscrits, où vont stationner les visiteurs ou clients ? Seule certitude : une fermeture des sites lors des vigilances météo orange, comme c’est le cas à Marineland.
Et après les travaux ?
Lors des réunions publiques sur la révision du Plan local d’urbanisme (PLU), le président de la Casa a évoqué un avenir un peu plus rose pour le secteur : « À l’issue des travaux de prévention, nous demanderons au préfet une révision des nouvelles zones. La volonté est de faire rebasculer en bleu ce qui est devenu rouge. Et en blanc ce qui est devenu bleu. Peut-être, alors, à la fin des travaux de prévention, des activités plus importantes seront autorisées ». Il faudra s’armer de patience.