Nice-Matin (Cannes)

Fernande Giudice : « Victimes d’errements administra­tifs »

- 1. Antipolis, Le Séquoia, Les Frênes et une partie du Pylone.

Le camping Le Mistral, juste à la limite entre Biot et Antibes, mais situé sur la cité des Verriers, tournait rond. Jusqu’à ce soir du 3 octobre 2015 où la vague est passée. Ou plutôt deux lames de fond. « Nous avons eu la vague du vallon des Horts, puis celle de la Brague ,se souvient Fernande Giudice. Les chalets et les bungalows ont flotté. Tout a changé de place. On a retrouvé des épaves de voitures qui n’étaient pas à nous. Heureuseme­nt, le camping était fermé et nos vies sauves ». Son époux et elle se sont retroussés les manches et ont nettoyé. « On avait même passé commande pour de nouveaux chalets, heureuseme­nt, nous n’avions pas encore versé d’argent…». Heureuseme­nt, car, pour reprendre l’expression de Fernande Giudice, le ciel leur est retombé sur la tête avec, en juin 2016, un arrêté municipal temporaire de fermeture. Puis, finalement, la décision de la commission de sécurité qui tombe : avis négatif. « Le maire de Biot a alors pris un arrêté définitif de fermeture». Depuis ? Derrière le portail, les supports qui accueillai­ent les chalets sont désespérém­ent vides. Les sanitaires sont intacts. « Avec un refuge aménagé sur le toit » lance la propriétai­re. L’accueil est flambant neuf, comme si des clients allaient se présenter. « Il avait été inondé, mais nous avons tout refait, parce qu’on croyait dur comme fer, que nous allions continuer…» Comment ne pas y croire après plus de cinquante ans de travail ? Une affaire de famille, construite par le beau-père. « Je ne peux rien faire » La maison est aujourd’hui inhabitabl­e. «Avec mon mari, après la fermeture, on a vécu ici dans un bungalow. Mon mari était malade. Il voulait continuer à vivre ici, jusqu’à la fin. Ce qu’il a fait…» Aujourd’hui seule, mais soutenue par sa fille Isabelle, Fernande Giudice continue à veiller sur sa propriété fantôme. Son patrimoine qui était aussi son outil de travail. Plus de revenus. Plus d’espoir. Elle fulmine contre ce qu’elle nomme «les errements administra­tifs ». « Je ne peux rien faire. On m’a interdit d’ouvrir, juste pour l’été, la brasserie qui était à l’intérieur du camping. J’ai une licence IV. Il y a de la place pour stationner. Mais, au service de l’urbanisme, en mairie, on m’a dit que c’était impossible. J’ai fait remarquer que les commerces et les restaurant­s sinistrés ont pu rouvrir. On m’a répondu que le bar faisait partie du camping qui est fermé définitive­ment ». Comme une malédictio­n.

Procédure d’indemnisat­ion : un expert-comptable nommé

Alors, vendre ? « A quel prix ? Je ne veux pas être spoliée ! C’est toute une vie de travail, ici. Tout un patrimoine ! » s’épuise Fernande qui pointe d’autres fameux «errements administra­tifs» : « Les travaux de protection qui auraient dû être faits et qui ne le sont toujours pas ». Comme les campings qui ont fait l’objet d’une fermeture, sous le coup, eux, d’un arrêté préfectora­l (1), elle s’est tournée vers la justice. Une procédure de demande d’indemnisat­ion est en cours. Premier espoir : la cour administra­tive d’appel de Marseille a retoqué la décision du tribunal de Nice. Un expert-comptable a été nommé. Puis, ce sera le retour devant le tribunal administra­tif de Nice à la fin de l’année. À combien se chiffre une vie de travail ?

 ??  ?? Le camping familial Le Mistral, à Biot, a fait l’objet d’un arrêté municipal de fermeture définitive en . Depuis, c’est l’attente pour sa propriétai­re Fernande Giudice.
Le camping familial Le Mistral, à Biot, a fait l’objet d’un arrêté municipal de fermeture définitive en . Depuis, c’est l’attente pour sa propriétai­re Fernande Giudice.

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