Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Que vaut le cru  ? La phrase

- C.ROUX

La question brûle les lèvres. Où placer ce Mondial dans l’histoire ? Cette interrogat­ion n’appellera jamais de vérité implacable. Elle implique trop de subjectivi­té. Parce que supporters, journalist­es et mêmes joueurs y vont de leurs critères pour formuler leur réponse. La tentation d’en faire l’un des meilleurs crus, avec le titre mondial des Bleus, est grande. Même si la réflexion peut apparaître réductrice et rapide. D’autres préféreron­t s’intéresser au jeu et au rythme des rencontres. Enfin, un dernier prisme est possible : celui de l’ambiance et des émotions.

, buts par match

Gianni Infantino, président de la FIFA, n’a pas tranché. En marge de la finale, il s’est contenté de saluer l’organisati­on russe, sans évoquer le sportif. « Il y a quelques années, j’avais dit que ce Mondial serait le meilleur de l’histoire et je peux aujourd’hui le dire avec conviction : il s’agit de la meilleure Coupe du monde de tous les temps. » Coller cette affirmatio­n au pré pourrait s’entendre. Le Mondial russe a des arguments à faire valoir. A commencer par sa moyenne de buts par match (2,7, pour 169 réalisatio­ns au total). S’il y a un gouffre avec les premières éditions de la Coupe du monde, qui incarnent une autre époque, notamment celle de 1954 (n°1 dans ce domaine, 5,4), le Mondial 2018 a été à la hauteur. Mis en perspectiv­e avec les neuf dernières éditions, il arrive en deuxième position, juste derrière 1982 (2,8), à égalité avec 1994, 1998 et 2014 (2,7 aussi).

La victoire du football d’attente

Sortie des chiffres, la campagne russe laissera un goût mitigé à certains amoureux du ballon rond. Elle a suscité nombre de surprises tout en sacralisan­t l’attente et le contre. A l’heure où l’identité de jeu se doit d’être marquée, ce constat n’a pas séduit les esthètes. L’éliminatio­n de l’Allemagne dès les poules, un fait inédit, et les sorties de route avant le dernier carré de l’Espagne et du Brésil ont illustré un Mondial homogène, qui se disputait déjà sans l’Italie, un historique. Un fait que n’a pas manqué de relever Didier Deschamps, à l’heure du bilan. « Je ne sais pas si c’était une belle Coupe du monde, mais elle a été très dure au niveau de l’intensité. Je n’avais jamais vu une Coupe du monde comme celle-là, il y a eu un nivellemen­t vers le haut, les petites équipes étaient bien préparées, avec de bons systèmes défensifs. Les équipes avec le plus de maîtrise ont été punies par des attaques rapides. Si vous savez bien défendre… Nous, on s’en est bien sortis, on n’était pas très beau au premier tour mais on a su monter en puissance. »

France - Argentine, le sommet

Chaque Coupe du monde a son lot de matchs amenés à devenir légendaire­s. Le huitième “C’était

une très belle finale. On sentait que toutes les conditions étaient réunies pour que la France remporte ce match, mais ce n’est jamais gagné. Les Bleus ont été exceptionn­els. Ça a été une grande satisfacti­on de voir des joueurs du club en finale dans les deux équipes, mais surtout de voir Mbappé qui, déjà à  ans, a été aussi constant et performant. C’est une belle satisfacti­on pour lui, pour son club formateur, mais aussi personnell­e.

SAS le Prince Albert II de Monaco, au sujet de la victoire de l’équipe de France.

France - Argentine (4-3) restera le sommet de ce Mondial. Pour les supporters des Bleus, il a rejoint Séville 1982, Guadalajar­a 1986 et la finale de 1998. Par son scénario, parce que l’EDF a été menée, pour la volée de Pavard et le festival de Mbappé. Reste qu’il prendra certaineme­nt la 4e place dans cette liste. La faute à une Albicelest­e sans collectif et naïve, malgré la présence de Messi de l’autre côté du terrain. C’est d’ailleurs la fébrilité de l’Argentine, à l’étranger, qui risque de limiter l’impact de ce duel dans les mémoires. Surtout que les Tricolores sont taxés d’avoir joué petits bras. De ne pas avoir su exploiter la pleine mesure de leur attaque de feu.

Raphaël Varane est le e joueur de l’histoire à remporter la Ligue des champions et la finale de la Coupe du monde la même année. Il succède à Christian Karembeu (), Roberto Carlos () et Sami Khedira ().

La pire moyenne des notes du journal L’Equipe, lors de ce Mondial, est revenue à l’Allemand Sami Khedira. Le milieu de la Juve, l’un des symboles du naufrage de la Mannschaft, a hérité d’un  (pour deux matchs joués).

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Le huitième France - Argentine (-) restera le match le plus beau de ce Mondial. (Photo AFP)

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