Vincent Cassel mène l’enquête
FLEUVE NOIR
De Erick Zonca (France). Avec Vincent Cassel, Au sein de la famille Arnault, Dany, un adolescent, disparaît. François Visconti (Vincent Cassel), commandant de police usé et désillusionné, est mis sur l’affaire et part à la recherche du jeune homme alors qu’il rechigne à s’occuper de son propre fils, Denis, seize ans, qui semble mêlé à un trafic de drogue. Lorsque Yan Bellaile (Romain Duris), professeur particulier de Dany, apprend la disparition de son ancien élève, il s’intéresse de très près à l’enquête, et propose ses services au commandant… Une sélection au Festival de Cannes et un César du meilleur film reçu en 1998 pour La Vie rêvée des anges marquaient l’éclosion d’Erick Zonca… Vingt ans plus tard, le cinéaste ne signe pourtant que son troisième long-métrage à destination du cinéma. Polar teinté d’un drame familial et porté par de nombreuses têtes d’affiches, ce Fleuve noir, imparfait dans son traitement, déroute. En flic version Columbo, avec son grand imper et son style négligé, Vincent Cassel livre une nouvelle performance borderline. L’entêtement de son personnage n’a d’égal que son addiction au whisky … L’engrenage dans lequel il s’engouffre, complexe, évoque des vies ratées, des passions qui virent à l’obsession ou la maltraitance enfantine. C’est pertinent lors de certaines joutes psychologiques, en particulier face à la mère de l’enfant disparu – Sandrine Kiberlain dans un jeu fait de nuances. On est en revanche moins séduit par l’aspect touffu ou l’omniprésence d’un mystérieux voisin, interprété par Romain Duris. Le comédien n’est pas très à son aise dans ce rôle, peu crédible, de professeur de français bizarroïde, qui donne des cours privés dans sa cave en rêvant de devenir écrivain. L’intrigue a tendance à patiner avant de livrer sa conclusion, glaciale et pas forcément morale. Tourné dans le Var, entre Roquebrune-sur-Argens et Draguignan, le nouveau film de Patricia Mazuy (Sport de filles, Saint Cyr) s’inspire clairement de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès... Pour s’en détacher avec un twist final assez malin. C’est hélas, la seule chose d’un peu habile dans ce thriller maladroit, qui louche sur le cinéma des frères Coen mais ne parvient jamais à se hisser au-dessus d’une forme télévisuelle. En roue libre, Laurent Lafitte, bardé de postiches, en fait des tonnes et forme avec Zita Hanrot un duo très peu crédible. Joué par Idir Chender, le journaliste de Var-Matin, qui raconte l’histoire en voix off, ne l’est, hélas, guère plus. Le rocher de Roquebrune est, en revanche, très bien filmé. La réalisatrice semble lui vouer une passion particulière.