Nice-Matin (Cannes)

Dans les coulisses

A eu le privilège d’accompagne­r le capitaine de l’équipe de France durant toute la journée d’hier, dans sa ville natale. Caméra embarquée avec notre champion du monde

- VINCENT MENICHINI

C’était, donc, la folie à Nice. Une cité brûlante qui a fêté son héros. Un moment à part qu’Hugo Lloris a eu l’élégance et la gentilless­e de nous faire vivre à ses côtés. Au plus près. Avec ses proches, sa femme, Marine, ses deux filles, Anna-Rose (7 ans) et Giuliana (4 ans), son père, Luc, en présence de sa compagne, et sa grand-mère, Arlette, qui nous a ému, d’emblée, à la mairie de Nice. Assise dans un des fauteuils d’un salon privatisé, en attendant l’arrivée de son petit-fils, elle a conté sa finale à elle, vécue en direct de Moscou, où elle ne s’était jamais rendue de sa vie. Elle a rejoint la capitale russe à la demande d’Hugo, qui a le regard qui pétille quand il parle d’elle. « Ce match, c’était beaucoup d’angoisse. Je vis tous ses matchs intensémen­t, mais celui-ci, c’était un sommet », rembobine Arlette, les yeux encore rougis par l’émotion. « J’ai tenté de retenir mes larmes à la fin... J’étais si émue de le voir si heureux. Je me suis tout simplement dit qu’il le méritait. » Non loin de cette petite dame au grand coeur, qui garde toutes les coupures de presse qui concernent Hugo, il y a Régis Bruneton, le premier entraîneur au Cedac Cimiez. Celui avec qui tout a commencé dans la cage. Il n’a rien manqué des exploits de son ancien protégé en Russie. « Je le regarde en particulie­r, bien sûr... Je lui parle : “Attention, Hugo !” Ma femme pense que je discute seul (sourire) .» Son sommet ? « L’arrêt à l’horizontal­e contre l’Uruguay... Quel arrêt formidable ! Je l’ai revu, petit... Il faisait ça, déjà. C’était un véritable chat. Un jour, on affronte l’OGC Nice. Le tarif, c’était 7-0 quand on les jouait. Et là, on fait 1-1, Hugo avait fait des miracles. Après ce match, Eugène Centurioni (ancien éducateur au Gym) vient me voir et me dit : “Le petit, il nous le faut.” » L’histoire est en marche. Elle le mènera sur le toit du monde au terme d’un Mondial grandiose qu’il nous a racontée tout au long de la journée d’hier, à intervalle­s réguliers. D’abord, dans le bureau du maire de Nice, Christian Estrosi, duquel il est sorti, par la grande fenêtre, pour faire face à cette foule immense qui l’attendait depuis plusieurs heures, en plein cagnard. « Ils sont vraiment courageux avec cette chaleur », s’est amusé sa grand-mère, en pointant le nez dehors. « C’est impression­nant de voir ça », a glissé Hugo, le pudique. « Tu sais, je ne suis pas un showman, ni très à l’aise avec tout ça », nous at-il confié. Mais il savoure, sous les yeux aimants et le regard protecteur de sa femme Marine, qui pense aussi à l’après. « C’est si magnifique de fêter ce titre de champion du monde chez nous. C’est moindre des choses. Mais il est fatigué, épuisé, même... Il va falloir encore quelques jours pour redescendr­e du nuage. On a envie que ça se calme, de se retrouver en famille... » Bienveilla­nte, elle garde un oeil sur ses deux petites qui dessinent sur le bureau du maire et s’amusent avec un tramway modèle réduit. « Bon, on va y aller, car elles vont tout casser », annonce Marine à son homme qui se pose quelques secondes pour se rafraîchir, avant d’enchaîner une bonne trentaine de photos en l’espace de quelques minutes. Tout le monde y passe, à commencer par Maurice Cohen, le président qui a signé son premier contrat profession­nel à l’OGC Nice. Il est 17 heures, déjà. Le timing est serré. On prend la route, à ses côtés. Caméra embarquée avec un champion du monde qui ne se la raconte pas et avec lequel on rembobine le film de cette aventure folle. « J’avais de l’appréhensi­on car la lumière, les honneurs, ce n’est pas trop mon truc. » Il n’a pas encore le recul pour le dire mais sa vie ne sera plus jamais la même. A son arrivée dans les bureaux de Mycoach, où l’on accompagna­it Cedric Messina et Cédric Garcia, les deux dirigeants de la start-up qui monte, la vingtaine de salariés a des étoiles dans les yeux. Hugo ne regarde pas la montre, là encore, prend la pose avec tout le monde, signe plusieurs maillots, ainsi que le mur d’un des bureaux, juste après avoir écrit : « Champions du monde. » Un titre que personne ne pourra jamais lui enlever. « Je suis touché par autant de marques de soutien, nous dira-t-il, plusieurs fois, durant cette journée inoubliabl­e. Ce sont des moments forts dans une vie. » La sienne a pris un tournant savoureux. Il ne l’a pas volé, loin de là. Tout au long de la journée d’hier, il a fait preuve d’une générosité monstre, d’une simplicité déconcerta­nte et d’une bienveilla­nce réconforta­nte. Il a eu une marque d’attention pour tous ceux qui comptent à ses yeux. A chaque fois, il l’a fait avec classe et pudeur. Un mec bien, tout simplement. La marque des grands, des très grands mêmes...

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(Photo Franck Fernandes)

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