Nice-Matin (Cannes)

« Ça me rend fier d’être Français, d’être Niçois »

Le capitaine des Bleus s’est confié aux médias lors d’une conférence de presse en mairie

- PROPOS RECUEILLIS PAR CH.D. ET V.M.

Ce n’est pas tous les quatre ans, ni même toutes les décennies, qu’un footballeu­r revient dans sa ville natale, une Coupe du monde dans sa besace... Hugo Lloris, qui a connu Knysna et le bus des éclopés de Domenech (2010), en sait quelque chose : « On est partis de loin avec les Bleus » a-t-il reconnu, hier, lors de la conférence de presse organisée par Christian Estrosi en mairie. Tandis que plusieurs milliers de supporters l’attendaien­t en bas, rue SaintFranç­ois de Paule, le néochampio­n du monde est d’abord passé par la case journalist­es. L’occasion de revenir sur cette épopée russe victorieus­e, désormais sacralisée par tous, qu’il a vécue avec le brassard de capitaine. Pas rien ! Ce qui méritait bien quelques questions de la presse ‘‘locale’’...

Hugo, quelles sensations au moment de revenir dans votre ville ?

J’avoue que j’ai encore du mal à réaliser, il y a beaucoup de fatigue, on se sent un peu vidé à la fin d’un tournoi aussi important qu’une Coupe du monde... Mais c’est un grand plaisir de retrouver ma ville natale à laquelle je suis très attaché.

Les gens sont venus en masse pour vous voir...

Il y a beaucoup de monde dehors, alors ça me fait un petit peu peur aussi (sourire). Mais ça fait vraiment plaisir et chaud au coeur. Ça reste un échange simple. Les gens se sont beaucoup mobilisés pendant la Coupe du monde, encore plus les Niçois, donc je suis très reconnaiss­ant.

Qu’est-ce qui vous est venu à l’esprit au coup de sifflet final dimanche ?

Le temps s’arrête en fait, on voit tout le monde courir de partout... On a gagné une finale et on ne réalise pas l’ampleur. Sans rentrer vraiment dans les détails, il y a eu un court instant entre la fin du match et la remise du trophée, où beaucoup de choses ont défilé dans ma tête. Notamment tout le travail, tout le chemin parcouru. On pense aussi aux personnes importante­s qui nous ont aidés... Je ne croyais pas pouvoir un jour brandir ce trophée et là, ça me rend sincèremen­t fier d’être Français, fier d’être Niçois.

Comment s’est articulé votre retour depuis que vous êtes à Nice ?

On essaie de profiter au maximum de la famille, même s’il y a quelques obligation­s. Je pense qu’à partir de ce soir (hier, Ndlr), je me sentirai vraiment en vacances. Je pourrai profiter des proches et des amis qui m’attendent. J’en ai vraiment envie car ça fait un long moment que je ne suis pas redescendu ici. Pour l’instant, je vais rester sur Nice, je n’ai rien planifié, je n’aime pas planifier à l’avance.

Vous êtes champion du monde, de quoi pouvezvous rêver désormais ?

Je crois que ça donne encore plus de responsabi­lités dans le sens où l’on a un statut. Il faut continuer à travailler, la carrière ne s’arrête pas pour autant. Je reste ambitieux, aussi bien avec mon club qu’avec l’équipe de France. Il y a une génération fantastiqu­e, on doit continuer à rendre fiers les Français !

Allez-vous assumer votre pari qui était de faire la tournée des bars à Nice, en cas de succès ?

(rires) On va essayer de le faire discrèteme­nt et à l’improviste... Pour qu’il y ait le moins de monde possible. C’était en janvier que j’avais fait ce pari, et j’étais loin de penser que tout ça se réalise !

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur vos débuts au CEDAC Cimiez quand vous étiez gamin ?

J’ai conscience du privilège que c’est d’être footballeu­r profession­nel, beaucoup de copains n’ont pas eu cette chance d’aller aussi loin. Pour moi, mes meilleurs souvenirs, c’est le monde amateur. C’est l’insoucianc­e, c’est la jeunesse, d’avoir pu allier l’école avec le football. Mes copains sont les mêmes depuis cette époque.

Aujourd’hui vous êtes acclamé à Nice, or on sait que vous êtes quelqu’un de discret et humble...

C’est vrai que j’ai toujours eu du mal avec la lumière. Mais je suis redevable aux Niçois, aux Français. Et c’est un petit moment dont je suis très fier finalement.

De cette Coupe du monde, quelle action retenez-vous en particulie­r ? Votre parade exceptionn­elle contre l’Uruguay ?

C’était important mais je retiens plutôt le parcours dans sa globalité. Il faut savoir profiter de chaque moment, en ce qui me concerne, de ce privilège de porter le maillot de l’équipe de France pour une troisième Coupe du monde.

Hugo, on sait que vous avez des liens forts avec l’OGC Nice et le CEDAC Cimiez, peut-on envisager qu’un jour, vous vous investissi­ez dans un de vos anciens clubs ? Et Patrick Vieira vous a-t-il consulté avant de prendre Nice ? (rires) Je suis extrêmemen­t heureux de voir Patrick Vieira à la tête de l’OGCN. J’apprécie tellement la personne, j’ai eu cette chance de pouvoir le côtoyer un peu au début de ma carrière en sélection, c’est un immense joueur, une immense personnali­té, je crois que c’est une grande opportunit­é pour Nice et pour lui également de faire ses preuves. Pour la reconversi­on on va attendre encore, j’ai encore de belles années avec Tottenham et les Bleus !

Tout au long du parcours en Russie, y a-t-il eu un moment où vous avez douté, où vous vous êtes dit, on ne va pas y arriver ?

Je pense que le doute, c’est quelque chose d’important pour un sportif de haut niveau. C’est ce qui permet de se surpasser. Avant chaque match, on ne connaît pas l’histoire et on essaie de se préparer à tout type de scénario. Cette force à l’intérieur du collectif nous a guidés tout au long du tournoi. Le doute permet de faire des efforts sur le terrain, de toujours avoir la crainte que le pire scénario peut se produire, voilà. Il y a eu des mots forts de Paul Pogba, avant l’Argentine et c’est exactement ça. A partir des es de finale, c’est soit on reste, soit on rentre à la maison. Et on n’avait pas envie de rentrer à la maison !

Comment réagissez-vous sur la polémique née de certaines déclaratio­ns sur cette France ‘‘africaine’’ ?

Je n’ai pas grandchose à dire là-dessus, la France est un grand pays, il est plus uni que jamais grâce au foot, à cette victoire. Je reste un sportif de haut niveau et je reste à ma place, en tout cas pour moi, je suis très fier d’être Français aujourd’hui, mes partenaire­s l’étaient également dimanche.

Allez-vous visiter le nouveau centre d’entraîneme­nt de Nice ?

C’est prévu mais je vais le faire en toute discrétion. (hier après-midi, Ndlr)

Avez-vous conscience du bonheur que vous avez apporté aux Français ?

Le football a cette capacité. On a vécu quelques semaines dans une bulle et on a vraiment réalisé l’importance de notre parcours après les demifinale­s, en ayant vu quelques images des Champs-Elysées. Vous savez, j’ai démarré en sélection avec Knysna (Mondial  en Afrique du Sud, Ndlr), on est partis de loin, il fallait redorer l’image de l’équipe de France, du footballeu­r également.

La victoire en Russie efface-t-elle un peu la désillusio­n de l’Euro  ?

Personnell­ement, je pense que l’Euro a été un succès, même s’il y a eu cette dernière marche qu’on n’a pas franchie. Mais déjà, on avait vu un pays derrière son équipe. J’ai souvenir du match FranceAlle­magne au Vélodrome à Marseille, c’était de la folie... On a su apprendre de la défaite contre le Portugal. Et revenir plus forts sur ce Mondial.

Un dernier mot sur votre prime de victoire. Quand vous étiez en Afrique du Sud, vous l’aviez donnée au CEDAC, là, Mbappé va la reverser à des associatio­ns, et vous, qu’avez-vous envisagé ?

Il faut tout envisager, je n’ai pas encore eu le temps de me pencher vraiment dessus. J’étais très fier de pouvoir à l’époque remercier le CEDAC à qui je dois beaucoup et surtout, Régis Bruneton, quelqu’un de formidable qui m’a éduqué dès mon plus jeune âge, avec les vraies valeurs du football. Je lui suis très reconnaiss­ant. A l’époque, mon grand-père faisait les allers-retours pour m’emmener à Gorbella. Ma grand-mère (Arlette, Ndlr) aussi s’occupait de moi, elle venait me chercher à l’école, elle me préparait le petit goûter. Elle était là à Moscou, c’était important à mes yeux. Quant à la prime de , je vais voir, je vais faire quelque chose.

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