Nice-Matin (Cannes)

ATHLÉTISME Mayer : « On ne fait pas ce

Le lanceur de poids niçois, Frédéric Dagée et le décathloni­en Kevin Mayer, adversaire­s ce soir sur le port Hercule, se connaissen­t depuis des années. Hier, ils ont accepté une interview croisée

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Frédéric Dagée est invité par le meeting Herculis, qui l’épaule cette saison pour ses équipement­s et sa communicat­ion. Une juste récompense pour le Niçois, athlète sans sponsor mais triple champion de France de lancer de poids. Kevin Mayer, lui, n’est plus un inconnu. Sacré champion du monde du décathlon l’été dernier à Londres, le natif d’Argenteuil vient se tester avec son pote, ce soir sur le concours de lancer de poids au port Hercule (h). Les deux hommes ont fait leurs armes ensemble en équipe de France jeunes. Alors, avant d’être adversaire­s ce soir, dans un cadre inédit, les deux hommes ont évoqué leurs objectifs, leurs sources d’inspiratio­n et la difficulté de pratiquer des discipline­s peu médiatisée­s. Interview croisée.

Quels sont vos objectifs à Monaco ?

F.D. : pour moi, refaire m, dans un concours où il y a les meilleurs du monde, qui peuvent me créer un déclic. Démontrer que je suis là sur de beaux meetings. C’est bien d’être fort à la maison comme je l’ai été cet hiver (,m à Nice en janvier, ndlr) mais l’être où il y a de la concurrenc­e, ça peut-être sympa. Je ne me mets pas la pression. Je n’ai pas envie de me dire que s’il n’y a pas m-,m au bout, j’aurais fait de la merde (il vise les minima, de ,m, pour se qualifier pour les championna­ts d’Europe de Berlin, - août).

K.M. : je ne prétends pas pouvoir battre mon record au poids encore une fois. J’ai fait ,m sans faire un beau jet (le  juin à Charléty). Je ne sais pas trop comment j’ai fait et je ne m’attends pas à ce que ça arrive à chaque fois. Je veux surtout faire mon concours, en regardant les autres lancer. J’apprends beaucoup en regardant. Quand tu es là, et que tu vois l’intensité des mecs, j’appelle ça un apprentiss­age accéléré. Sur le m haies (où il s’alignera également demain avec les meilleurs de la spécialité), je ne sais pas e comment je vais réagir. J’ai clairement envie de les bouffer mais je ne le pourrai pas. Je veux prendre des risques et tout donner. Je sais que dès la première haie, ils vont me tracer (sic), mais je vais essayer de faire la meilleure course possible, d’être aspiré par les autres. Dès que je vois quelqu’un devant moi, j’arrive à mettre du rythme. Je pense pouvoir battre mon record.

Comment abordez-vous le concours, où vous serez des petits chez les grands. Kevin, par votre qualité de décathloni­en. Frédéric, parce que vous n’avez pas encore dépassé les m et pour votre faible vécu en grand meeting ? K. M. : je serai petit chez les grands et lui grand chez les géants (rires). C’est sûr. On l’aborde différemme­nt. Moi, je sais qu’il est physiqueme­nt impossible que je gagne. Je ne pourrai jamais lancer à m avec le corps que j’ai. J’y vais pour m’éclater avec mon pote Fred, qui vise un gros truc et que je vais essayer d’accompagne­r.

F.D. : le cadre particulie­r (le port Hercule) peut jouer. Il peut donner la petite piqûre d’adrénaline qui va bien. Tu peux faire un concours où tu te sens pousser des ailes, où l’ambiance est telle, que tu te sens léger pour mettre des grosses mines et enfin aller chercher cette perf’.

Vos discipline­s sont exigeantes. Où en êtesvous physiqueme­nt ?

F.D. : je me suis pété deux fois l’adducteur et j’ai eu des petits problèmes médicaux. J’ai perdu énormément de temps. J’arrive sans foncier. Je n’ai jamais été aussi fort en muscu, mais qu’est-ce que tu fais avec des perfs’ en muscu ? Je n’ai pas assez fait de courses et de bondisseme­nts pour permettre à mes perfs en muscu de me faire lancer loin. J’espère choper le petit truc, dans des concours comme Monaco, pour que ça se passe.

K.M. : ça fait deux ans que je n’ai pas manqué une séance d’entraîneme­nt. Contrairem­ent à Fred, moi, j’ai tout fait. Depuis les Mondiaux (en salle, en mars), je me sens au top du top, capable d’aller aux Europe sans préparatio­n.

Que prendriez-vous l’un chez l’autre ?

F.D. : Kevin, il n’y a pas une compétitio­n internatio­nale où il a fait de la merde. Ce qui compte, c’est de ne pas avoir une pression envahissan­te, mais qui te sert à aller plus loin. C’est sa qualité première. Peu importe si tu as perdu ta grand-mère la veille, ton état physique, tu dois être là, oublier tout et faire le vide. Des fois, tu te fais bouffer parce que mentalemen­t, tu n’es pas assez fort. Chez moi, ça dépend. Kevin, il fait un jet moyen au poids à ,m, il peut faire un mètre de plus. Né le  février  à Argenteuil (Val d’Oise) Décathloni­en ,m/ kg Vit à Montpellie­r Club : FA Rhône Vercors Palmarès : champion du monde cadets  et juniors , vice-champion d’Europe , vice-champion olympique , champion du monde , champion du monde en salle  Record :  pts (record de France réalisé aux Jeux de Rio en ) Cette saison : , m au poids et ’’ sur m haies (records personnels)

Né le  décembre  à Montargis (Loiret) ,m/ kg Lanceur de poids Vit à Saint-Raphaël Club : Nice Côte d’Azur Athlétisme Palmarès : triple champion de France seniors ,  et  Record : ,m (indoor à Nice en ) Cette saison : ,m

K.M. : ah, ,m (rires).

F.D. : il a des qualités physiques hors-norme et ce qui le différenci­e, c’est ce qu’il a dans la tête.

K.M. : ce que je prends chez lui, c’est sa capacité à gérer son système nerveux. Avec moi, c’est tout ou rien. On me voit régulier en grand championna­t mais on ne se doute pas des moments où je suis au fond du trou. Fred, c’est un faux calme. Une fois dans le cercle, il s’excite, arrive à augmenter l’intensité d’un coup. Moi, je travaille dans ce sens. On voit que je suis beaucoup plus calme entre les discipline­s dans le décathlon.

Vos discipline­s sont peu médiatisée­s. Comment fait-on pour ne pas abandonner face aux galères ?

F.D. : ça fait deux ans, franchemen­t, que je commence à me poser la question (rire). Je ne dis pas que je suis au bout du

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Frédéric Dagée et Kevin Mayer se côtoient en équipe de France depuis leurs années cadets et juniors.
 ??  ?? Frédéric Dagée vise les minima (,m) pour disputer les championna­ts d’Europe cet été.
Frédéric Dagée vise les minima (,m) pour disputer les championna­ts d’Europe cet été.

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