Nice-Matin (Cannes)

Daniel Tlidjane : « J’ai revu ma manière de penser »

Interview Le directeur de la police municipale a suivi une formation à l’Institut National des Hautes Etudes de Sécurité et Justice et en est sorti avec un brevet

- PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE GOUATY

Le directeur de la Police Municipale Daniel Tlidjane, s’est vu remettre l’insigne du brevet des auditeurs de la session nationale Sécurité et Justice de l’INHESJ (l’Institut National des Hautes Etudes de Sécurité et Justice) par la directrice Hélène Cazaux-Charles. Une session baptisée du nom du colonel Arnaud Beltrame et consacrée aux acteurs de la sécurité et de la justice face aux défis de la sécurité nationale.

En quoi consiste la formation ?

L’INHESJ est sous la tutelle du premier ministre. La formation permet d’échanger pour trouver des solutions aux problémati­ques de sécurité et justice. C’est une formation de  mois, à raison d’une semaine par mois, d’une grande richesse avec de nombreux séminaires, des voyages d’études en Croatie, Serbie et à Bruxelles pour visiter les institutio­ns européenne­s, Europol, Eurojust…

Dématérial­isation généralisé­e

Quel était votre travail ?

J’appartenai­s à un groupe d’étude stratégiqu­e sur « la dématérial­isation de la procédure pénale » en lien avec les travaux du ministère de l’Intérieur et de la Justice. J’ai rendu un mémoire sur ce sujet et plus particuliè­rement sur l’interfaçag­e entre les logiciels de rédaction de procédure pénale de la police nationale, de la gendarmeri­e, du ministère de la Justice et des avocats.

À quoi servira ce mémoire ?

Il a servi de base de travail pour le premier test de dématérial­isation totale qui aura lieu en septembre  sur trois juridictio­ns. Nous avons abordé les thématique­s des justiciabl­es, des forces de l’ordre, de la justice, des avocats. Après un retour d’expérience en juin , la dématérial­isation sera généralisé­e depuis les services enquêteurs jusqu’au service d’exécution du ministère de la Justice.

Quels sont les avantages pour le justiciabl­e ?

La dématérial­isation permet d’avoir accès à toute la procédure à partir d’un numéro unique d’identifica­tion de la procédure, du service enquêteur jusqu’à l’exécution. Le but est d’avoir la visibilité sur son état d’avancement, les décisions qui ont été prises… La convocatio­n au tribunal correction­nel pourrait être envoyée par SMS pour éviter les oublis. C’est toute une culture numérique qui s’instaure.

Assurer le continuum sécurité-justice

Qu’est-ce que la formation apporte au niveau local ?

Un oeil nouveau sur les enjeux de sécurité et justice, une capacité d’analyse différente, une meilleure connaissan­ce des interlocut­eurs… La formation permet d’acquérir de nouvelles compétence­s au niveau communal et de tisser des liens forts avec les administra­tions centralisé­es au niveau national et européen. Ma participat­ion à la session « gestion de crise et risques majeurs » m’a fait revoir ma manière de penser la montée en puissance du Plan communal de sauvegarde. On se met dans la peau des différents interlocut­eurs (préfet, journalist­es…). Cela modifie notre manière de fonctionne­r avec eux et on prend conscience de l’importance du mode de communicat­ion pour donner les bonnes informatio­ns, être en cohérence.

Vous étiez le seul policier municipal de la session ?

Oui. Je pense avoir été remarqué par mon parcours atypique. Fils de harkis, j’ai dû gravir tous les échelons. Aujourd’hui, je coordonne le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquanc­e, ainsi que le conseil des droits et devoirs des familles, je suis directeur du pôle sécurité juridique contentieu­x d’urbanisme. J’ai une vision déjà élargie du rôle des policiers municipaux, j’ai pu défendre auprès des autres auditeurs notre rôle, notre mission et notre vocation. Nous allons développer avec les partenaire­s institutio­nnels, une culture sur le continuum sécurité-justice. Par exemple, cela nécessite un accès simplifié aux fichiers pour les policiers municipaux. Un test doit être mené en septembre pour la généralisa­tion des accès au Système d’immatricul­ation des véhicules (SIP) et au Fichier national des permis de conduire (FNPC) d’ici la fin de l’année.

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(Photo D.G.)

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