Nice-Matin (Cannes)

Benalla : son bureau de l’Elysée perquisiti­onné

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Emmanuel Macron, en prenant la parole après des jours de silence, a repris l’initiative dans l’affaire Benalla, sous une pression encore accrue, hier, par de nouvelles passes d’arme au Parlement et, en fin de journée, une perquisiti­on à l’Élysée. Les enquêteurs étaient dans le bureau d’Alexandre Benalla en présence de l’intéressé, a indiqué la présidence, confirmant une informatio­n de LCI. A plus de 800 km du palais, le président de la République a atterri à Tarbes. Il est attendu àun « dîner républicai­n » à Bonnemazon (Hautes-Pyrénées), en compagnie d’une quinzaine de parlementa­ires et d’élus locaux (1). Devant les micros de BFMTV, en marge d’un bain de foule à Bagnères-de-Bigorre, Emmanuel Macron a affirmé, hier en début de soirée, que la sanction infligée à Alexandre Benalla était « proportion­née », affirmant être « fier de l’avoir embauché ». Le chef de l’Etat a également livré son analyse de la situation, relevant que « beaucoup de gens ont perdu la raison » au sujet de l’affaire en raison « de la chaleur et de la fatigue à Paris ». « Je ne vais pas chercher des fusibles parce que vous avez envie de voir du sang et des larmes dans le tournant de l’été », a-t-il prévenu. Ces déclaratio­ns du chef de l’Etat sont les premières faites en public depuis le début de l’affaire il y a tout juste une semaine.

«Maître des horloges»

Ces actes sont « une trahison », et « le seul responsabl­e de cette affaire, c’est moi », avait lancé, on s‘en souvient, le président, mardi soir, à ses fidèles réunis pour un pot de fin de session parlementa­ire : « S’ils veulent un responsabl­e, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher. » En prenant enfin la parole, Emmanuel Macron a montré qu’il restait « le maître des horloges », a commenté, hier, le porteparol­e du gouverneme­nt Benjamin Griveaux : celui qui parle quand il l’a décidé, et qui n’a « pas à répondre aux convocatio­ns des uns ou des autres ». Benjamin Griveaux a d’ailleurs de nouveau écarté, au nom de la séparation des pouvoirs, la possibilit­é que le Président s’exprime devant les commission­s d’enquête parlementa­ires. Pour autant, promet ce ministre très proche du président, « toutes les leçons » [de l’affaire Benalla seront] « tirées à la rentrée » et « des changement­s profonds interviend­ront ». Par sa prise de parole tardive, Emmanuel Macron a revigoré sa majorité et ses fidèles. Il a « commencé à desserrer le noeud coulant » après « une phase de panique », juge pour l’Agence France Presse, anonymemen­t, un spécialist­e de la communicat­ion.

«Un Président acculé»

Pour le patron du PS Olivier Faure, au contraire, le chef de l’Etat « a repris l’initiative, mais n’a pas repris la main » face à des opposition­s remontées comme jamais depuis le début du quinquenna­t : « C’est un Président acculé, qui n’a pas d’autre choix que d’admettre de lui-même, avant que la commission d’enquête lui fasse admettre, que tout remonte à l’Élysée » dans cette affaire. Illustrati­on d’une tension toujours très vive, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a claqué la porte de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, dénonçant une « mascarade » et considéran­t qu’Emmanuel Macron, en parlant devant «ses» députés, n’était « plus le président de la nation ».

 ??  ?? Dans le cadre de l’enquête préliminai­re ouverte jeudi, les enquêteurs ont perquisiti­onné hier le bureau élyséen de Benalla. Samedi, ils avaient déjà perquisiti­onné son domicile privé d’Issy-les-Moulineaux.(Photo AFP)
Dans le cadre de l’enquête préliminai­re ouverte jeudi, les enquêteurs ont perquisiti­onné hier le bureau élyséen de Benalla. Samedi, ils avaient déjà perquisiti­onné son domicile privé d’Issy-les-Moulineaux.(Photo AFP)

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