Choquée par l’attitude des autorités locales
Originaire de la région toulousaine, une jeune femme handicapée moteur réclame justice après avoir été choquée par l’attitude de la police municipale à son égard pendant le Festival de Cannes
Quand Audrey Grison a appris qu’elle venait au Festival de Cannes en mai dernier, elle ne s’attendait pas à vivre un tel séjour. Trois jours de bonheur, de cinéma et de tapis rouge se sont transformés en vraie galère. Cette jeune artiste de 26 ans est arrivée à Cannes le mercredi 16 mai dernier, alors qu’elle avait été invitée à passer trois jours au Festival. Avec son amie Charlotte, elle se gare sur une place réservée PMR (Personne à mobilité réduite) sur le boulevard de la Croisette. Audrey est atteinte d’une maladie orpheline qui l’invalide à 80 %. Elle a donc, en théorie, selon elle, tout à fait le droit de s’installer sur cette place. Sauf que pendant toute la durée du Festival du Film (du 8 au 19 mai cette année) et depuis maintenant longtemps, par mesure de sécurité mais aussi pour permettre aux piétons de mieux profiter de l’événement, la chaussée sud de la Croisette est totalement fermée à la circulation ; la chaussée nord devenant alors à double sens pour tous les véhicules motorisés. Dès lors, par arrêté préfectoral – et très logiquement pour ne pas entraver la circulation, tout stationnement y est formellement proscrit et sanctionné. Aussi, quand elle et son amie reviennent après une séance de cinéma sur la plage, vers une heure du matin, Audrey ne trouve plus sa voiture.
Des agents peu serviables
« J’ai paniqué, se souvient la jeune femme, j’étais en pleurs, je pensais qu’on m’avait volé ma voiture. » Finalement, Audrey apprend que sa voiture est à la fourrière. Au téléphone, on explique à son amie Charlotte qu’elles doivent aller à la fourrière pour récupérer les papiers de la voiture, se rendre au commissariat pour obtenir une mainlevée puis retourner à la fourrière pour reprendre la voiture. Soit une distance de presque 5 km. Lorsque Charlotte indique que cela va être compliqué pour son amie en fauteuil roulant, on lui aurait rétorqué « Vous n’avez qu’à la laisser dans un bar». Audrey Grison se sent alors traitée comme un objet encombrant. Les deux jeunes femmes rencontrent des CRS à qui elles expliquent la situation. Ils sont rejoints par des agents de la police municipale qui acceptent de les rejoindre à la fourrière pour leur éviter un aller-retour impossible. Les policiers partent en deux-roues à la fourrière laissant Charlotte et Audrey à pied et en fauteuil sur la Croisette. Arrivées à destination, frigorifiées et contrariées par l’attitude des policiers, c’est là qu’elles apprennent qu’un arrêté préfectoral interdit le stationnement où se trouvait leur véhicule. Elles disent ne pas avoir vu le panneau et assurent que rien n’était spécifié sur la place PMR. Audrey et Charlotte se rendent à la voiture pour récupérer les papiers quand un agent leur lance : « Ne partez pas sans payer, hein ! » Audrey se sent humiliée. Elle paye 129 euros pour retrouver sa voiture. Et la situation empire. la jeune femme se rappelle : « Un des policiers me dit “Vous avez de la chance, on ne fait pas ça pour tout le monde” sur un ton condescendant et sans empathie. À ce moment-là, je me retrouve face à une autorité censée m’aider et on me répond comme si j’étais une sousmerde, j’étais vraiment choquée. » Audrey Grison est ressortie traumatisée de cette nuit-là. Le lendemain, prise « d’une crise de vomissements due au stress provoqué par cet épisode », elle se fait hospitaliser aux Broussailles. Trois jours durant, elle sera mise sous perfusion pour avoir perdu beaucoup de potassium. Quelques jours plus tard, une fois rentrée à Toulouse, elle décide d’écrire au maire de Cannes pour lui raconter sa mésaventure. Pas de réponse.
Le chef de la PM a « bon espoir que la situation se règle »
Sur Facebook, elle poste alors une publication qui retrace cette histoire. Partagé plus de 100 fois, le post interpelle Yves Daros, directeur de la police municipale cannoise. Il décide d’aider Audrey Grison et de tenter de lui obtenir un recours. « Son histoire m’a touché, rapporte-t-il, même si l’infraction est réelle. Audrey Grison a été victime d’un concours de circonstances. » Si, pour l’instant, le recours a été refusé par l’officier du ministère public, Yves Daros ne désespère pas : « J’ai bon espoir que la situation se règle très vite. » Aujourd’hui, Audrey souhaite – «par principe» ditelle – être remboursée de l’amende et des frais de fourrière pour « le préjudice moral et physique » qu’elle a vécu. Plus de deux mois après les faits, la jeune femme en parle encore avec beaucoup d’émotions dans la voix. Pourvu que cela ne la dissuade pas de revenir à Cannes.