Nice-Matin (Cannes)

Luz Casal : « Je me sens rock »

- Malgré votre longue et riche carrière, vous resterez à jamais l’interprète de Piensa en mi dans Talons Aiguilles d’Almodovar. Ça vous ennuie ? Quels rapports entretenez-vous avec Pedro Almodovar ? Il ne vous a jamais proposé de rôle ? Pourquoi cet album h

Elle reprend du Dalida mais s’éclate aux concerts d’AC/DC et adore les derniers albums de Jack White et des Arctic Monkeys. Lunettes rondes et robe de dentelle noire, Luz Casal, au naturel, ressemble à un croisement entre Yoko Ono et Penelope Cruz. La plus populaire des chanteuses espagnoles était de retour aux Nuits du Sud de Vence pour un concert consacré à ses reprises de Dalida et aux chansons de son nouvel album Que Correa El Aire (Que l’air circule). Elle y a fait souffler un vent d’éternelle jeunesse… c’est différent. Comme si elle était vivante… On n’est pas proches, mais quand on se croise on se salue comme des complices. On est liés à jamais par cette sacrée chanson ! Je le trouve génial et il aime mes disques. C’est lui qui m’a demandé de chanter sur la BO de Talons Aiguilles. C’était à la sortie d’un défilé de mode. J’ai dit « Pourquoi pas ? » sans réfléchir, mais quand il m’a demandé de choisir entre plusieurs chansons, je savais que c’était une décision très importante pour ma carrière. Apparemmen­t, je ne me suis pas trompée… réponse. Mais je ne sais pas trop. D’un côté, je me sens actrice quand je chante. De l’autre, faire semblant d’embrasser quelqu’un devant une caméra… J’aurais du mal à tenir mon sérieux. L’idée n’était pas de moi, mais je chantais déjà plusieurs chansons d’elle. Sa voix, sa personnali­té, son élégance… Il y a beaucoup de choses d’elle qui me touchent. J’ai cherché à faire découvrir des chansons moins connues, en donnant une interpréta­tion différente. Son frère, Orlando à qui j’ai fait écouter le disque en premier, était surpris. Mais il a bien aimé je crois. qu’une chanteuse populaire ? J’ai commencé dans le rock. Mes chanteuses préférées étaient Janis Joplin et Barbara. Pour moi, le mélange est parfaiteme­nt naturel. Je me sens rock, parce que je pense qu’on peut changer le monde par l’attitude. Même quand je chante un boléro ou du Dalida, je le fais dans un esprit rock. Et le public le sent… Étudie et travaille plus ! Ce n’est pas le tout de chanter correcteme­nt. Ton art doit se nourrir de celui des autres. Même pour faire du folklore, tu as intérêt à savoir ce qui se fait d’autre. J’écoute de tout, même du hip-hop. Et tout me sert. C’est pour ça que je continue à progresser. Almodovar ou Amenabar ? Pedro est génial. Vraiment. Mais il y a beaucoup de réalisateu­rs de talent en Espagne. J’aime beaucoup ce que fait Mariano Barroso, par exemple… Je n’ai pas de barrières en musique. Si Dalida ne me touchait pas, je ne la chanterais pas. Mais j’aime toujours le rock. J’avoue que le concert d’AC/DC a Donington, auquel j’étais invitée et que j’ai vécu sur le côté de la scène, est un des meilleurs souvenirs de toute ma vie. Je me suis éclatée tout le long ! J’ai repris des chansons des deux. J’ai aussi adapté Jardin d’Hiver de Benjamin Biolay et Keren Ann. Mais Octobre de Francis Cabrel est celle qui me touche le plus. Une chanson merveilleu­se.

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(Photo Eric Ottino) Luz Casal, la beauté et la classe, sous le soleil de Vence.

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