Un difficile cas de conscience
MY LADY
De Richard Eyre (GB) Avec Emma Thompson, Stanley Tucci, Fionn Faut-il obliger un adolescent (Fionn Whitehead) à recevoir la transfusion qui pourrait le sauver ? Fiona Maye (Emma Thompson), Juge de la Haute Cour, décide de lui rendre visite, avant de trancher. Une rencontre qui bouleverse leur vie respective, et celle de leur entourage…
De film en film, Emma Thompson nous a habitué à l’excellence. Il ne faut cependant pas minimiser sa nouvelle performance, extrêmement juste dans ses expressions et précise dans ses intentions. Derrière la caméra, le vétéran Richard Eyre, utilise son style académique pour mieux nous surprendre. Il s’attache à transmettre les deux facettes de cette My Lady (« Madame la Juge ») qui devient véritablement noble dans la bouche d’un adolescent leucémique, témoin de Jéhovah, qu’elle sauvera d’une mort certaine… Les certitudes privées et professionnelles de la dame mises à mal, le film prend un virage inattendu en alternant les registres. L’humour à travers sa relation de couple qui bat de l’aile – Stanley Tucci est impayable en mari adultérin – le drame, l’inquiétude aussi… L’ensemble trouve son équilibre dans une tendresse mélancolique propre à faire couler les larmes. La relation complexe, construite autour de nondits et de sous-entendus entre ces deux êtres que tout oppose – Fionn Whitehead, vu dans Dunkerque, donne fièrement la réplique à l’actrice oscarisée pour Retour à Howards End – est traitée avec rigueur et évite de nombreux poncifs, même si on peut regretter le final, un peu trop tiré vers le mélo… Remarqué à Cannes à la Semaine de la critique en avec Koktebel, Boris Khlebnikov a poursuivi, depuis, sa carrière dans son pays, sans que ses films bénéficient, hélas, d’une sortie en France. On le retrouve avec ce drame social intense, porté par un couple de jeunes acteurs impeccables mais, hélas, desservi par un scénario insuffisant pour justifier la durée du film. La description, très réaliste, du milieu hospitalier dans lequel évoluent les deux protagonistes est mieux traitée que leurs démêlés conjugaux.