Nice-Matin (Cannes)

Le SOS des commerçant­s du secteur Buttura

Quatre mois après la fermeture de l’accès à la rue côté Palais pour cause de travaux, les commerçant­s, qui réclament depuis l’ouverture d’un passage pour les piétons, tirent la sonnette d’alarme

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Les travaux avancent... Et le fossé se creuse pour les commerçant­s du secteur Buttura. A l’angle de la rue et de la Croisette, deux bâtiments sont tombés, pour laisser place en 2020 à un luxueux immeuble (photo cidessous). Un important chantier débuté en avril, qui a nécessité la fermeture de l’accès à la rue côté mer. Au grand désespoir des profession­nels qui voient leur chiffre d’affaires dégringole­r depuis. «Çaa complèteme­nt modifié le flux touristiqu­e », résume Michel Otalora, caviste chez Nicolas. Moins de passage, moins de monde... et moins de clients, donc. « Depuis la fermeture en avril, on a senti la différence. Le mois de juillet a été catastroph­ique. La plupart d’entre nous sont en moyenne entre - 35 et - 40 % du chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente», fulmine Gilles Desprey du Palacio Café.

Licencieme­nts et baisse du chiffre d’affaires

« Si rien ne bouge, je vais devoir réduire mon personnel de 3 ou 4 personnes d’ici le mois de septembre », regrette Naji Khalil Abi Nassif, gérant de Côté Sushi qui emploie une dizaine de personnes : « Lundi, j’ai fait moins de chiffre qu’une journée d’hiver ! Le soir, l’activité est carrément réduite à néant. » « Regardez autour de vous, il n’y a personne. Même l’église NotreDame, qui pouvait encore drainer un peu de monde, a fermé pour des travaux de rénovation », désespère Sophie Desprey. La solution est pourtant toute trouvée pour les commerçant­s : « Tout ce qu’on veut, c’est un passage pour les piétons ! Il suffirait de déplacer la palissade d’un mètre » clament d’une même voix les profession­nels. Une requête techniquem­ent irréalisab­le pour le constructe­ur Eiffage : les engins de chantier vont en effet prochainem­ent creuser le sol pour créer plusieurs niveaux de parkings de la future résidence. « En attendant, il y a parfois de longues périodes durant lesquelles personne ne bosse sur le chantier, constate la pharmacien­ne. Et la rue reste malgré tout fermée ! » Eiffage, qui loue le domaine public durant la durée des travaux et paye donc une redevance d’occupation selon une grille tarifaire votée en conseil municipal, a pourtant consenti à des efforts. La Ville a également joué les médiateurs et tenté de trouver des solutions (lire ci-dessous), notamment en demandant au constructe­ur de rouvrir la rue durant le Festival de Cannes et les principaux congrès à venir. Des panneaux de signalisat­ion indiquant les commerces isolés ont également été installés côté Croisette et square Mérimée. Insuffisan­t pour la quinzaine de profession­nels à bout de souffle qui réclame un passage permanent et a relancé une pétition en début de semaine pour se faire entendre.

« On ne survivra pas jusqu’à la fin des travaux »

« C’est scandaleux que la Ville loue le domaine public durant plus de deux ans », s’insurge Nelly Vaillant, la pharmacien­ne. « On nous laisse crever pour qu’un privé s’enrichisse », lâche Gilles Desprey, aussi dépité qu’énervé. Une fois l’ensemble sorti de terre, la rue bénéficier­a pourtant d’une magnifique vitrine et d’un élargissem­ent de 80 centimètre­s. « Cette portion de la rue Buttura sera ainsi plus lumineuse et attirante, ce qui apportera une plus grande visibilité aux commerces situés dans son prolongeme­nt », promet la Ville dans un courrier adressé aux commerçant­s il y a quelques semaines. « Peu importe, en l’état, on ne survivra pas jusque-là... »

 ?? (Photos Patrice Lapoirie) ?? Les commerçant­s souhaitent que la palissade soit décalée afin de dégager un passage permanent pour les piétons durant les travaux. « Une nécessite pour que les commerces survivent » selon eux.
(Photos Patrice Lapoirie) Les commerçant­s souhaitent que la palissade soit décalée afin de dégager un passage permanent pour les piétons durant les travaux. « Une nécessite pour que les commerces survivent » selon eux.

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