Nice-Matin (Cannes)

  euros à la poubelle

- TEXTES : STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr STEFANO LORUSSO SALVATORE PHOTOS : ERIC OTTINO ET SLS

TSylvain est furax. Il travaille de chez lui et ne peut rien faire depuis le matin. Il tourne en rond. Il est 16 h 30 et dans le quartier Georges-V le courant n’est toujours pas revenu. Pas de bol, il ne restait plus, selon Enedis, que… 66 foyers privés d’électricit­é à cette heure-là. Alors qu’au plus gros de la panne, près de 30 000 clients ont été privés de courant. La faute à deux transforma­teurs tombés en rade quasiment simultaném­ent (lire ci-dessous). L’un à l’est de Nice, l’autre en centre-ville.

 h  : black-out pour   clients

C’est aux alentours de 10 heures, hier matin, que le black-out total s’est fait dans plusieurs quartiers de Nice. À l’est, comme à Riquier, SaintRoch, Vauban, Pont-Michel, ou encore Louis-Braille… Avec ceci de particulie­r : parfois d’un côté de la rue c’était le noir total et de l’autre la fée électricit­é était toujours vivace ! Ou encore en centre-ville et dans le bas de Nice nord : rues Hôteldes-Postes, Georges-V, Lépante, Pertinax, Vernier, Trachel, Libération, Borriglion­e, etc. Ce sont dans ces quartiers que l’électricit­é a été rétablie en dernier… Et 10 heures pour une panne, c’était vraiment la mauvaise heure pour les commerçant­s ! Certains d’entre eux n’ayant même pas eu le temps de relever leur rideau de fer… électrique. Comme à Hôtel-des-Postes, où cette vendeuse en prêt à porter qui embauche à 10 h 30 s’est retrouvée dehors jusqu’à plus de midi sans pouvoir ouvrir sa boutique. Idem à Borriglion­e, où dans une boutique de bijoux et de vêtements le rideau avait à peine commencé son ascension lorsque la panne est survenue.

 h  :   foyers encore impactés

Une panne encore plus problémati­que pour les commerces de bouche. Comme pour cette boulangeri­e du centre-ville. «On peut tenir jusqu’à 14 heures mais après ce sera limite pour les produits», souffle une vendeuse qui jette un oeil inquiet à ses gâteaux et ses sandwichs entreposés dans des vitrines censées être réfrigérée­s. Pendant ce temps, c’est le tram qui avait aussi des ratés. À l’arrêt sur toute la ligne 1 entre 10 h 30 et 11 h 07. En cause ? Les feux de signalisat­ion, certains ne fonctionna­nt plus car plus alimentés. Tout comme certains feux tricolores impactés par la panne. Avec, à la clé, de grosses frayeurs pour certains automobili­stes.

 h  :   personnes dans le noir

À 11 h 30, il ne restait déjà plus que 10 000 foyers privés d’électricit­é. A 12 heures, plus que 5 000. Une difficulté aussi pour de nombreux particulie­rs. Les pompiers sont, par exemple, intervenus plus d’une vingtaine de fois dans la journée pour des personnes coincées dans des ascenseurs. Un problème, surt”out, pour les personnes les plus âgées. MariePaule était sortie faire des courses à Libération. Les bras bien chargés elle se retrouve avec un ascenseur en panne et cinq étages à monter à pied. « Je ne suis plus toute jeune et j’avoue avoir paniqué un instant. Je ne suis plus capable de monter jusque chez moi sans ascenseur avec des courses et j’avais du frais », raconte la septuagéna­ire. Système D en marche ! Marie Paule est repartie pour déposer ses courses à son petit supermarch­é qui par chance, lui, avait du courant. « Je suis rentrée chez moi et j’irai reprendre mes commission­s plus tard », expliquait­elle vers 13 heures, hier.

 h  : plus que  usagers touchés

Marc-Paul, quant à lui, peste sur les réseaux sociaux. « Lorsque tu arrives de ton Super U bien chargé, que tu sais qu’un des deux ascenseurs est en maintenanc­e depuis… pfff, que tu appelles  heures et des brouettes. Il voulait acheter à boire pour un apéro entre copains. Mais à l’entrée d’un petit supermarch­é situé en bas de Nice-Nord, une employée est postée pour prévenir les clients. « On ne peut plus rien vendre de frais » . Etplus rien, ça veut dire… plus rien. Même pas une canette de bière. Des huissiers viennent de passer pour constater, à la demande des gérants, les dégâts de six heures de coupure. Les employés et la responsabl­e s’activent pour tout enlever des rayons et des réserves. Des kilos de nourriture qui vont partir à la poubelle. « On a perdu   euros de marchandis­es», maugrée l’une des responsabl­es.

l’autre et qu’il ne “répond ” pas ! Là, tu te dis : dix étages à pieds par 38 degrés, c’est, c’est… les mots me manquent ». Dure, dure, la coupure en pleine canicule ! Tout au long de la journée, les technicien­s d’Enedis se sont affairés pour faire en sorte que la situation revienne à la normale. Pas une mince affaire (lire cidessous). À 16 h 30, il ne restait plus que 66 clients dans le noir à Nice. Et aux alentours de 19 heures, la fée électricit­é s’est remise à briller pour tout le monde. Après un bon gros coup de chaud.

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