Nice-Matin (Cannes)

Les Reines d’un jour, au musée pour toujours

Antibes-Juan-les-Pins Le musée de la carte postale retrace l’histoire de ces miss avant les miss. Saviez-vous que tout a commencé à Paris avec la Reine des Blanchisse­uses ?

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

On apprend toujours beaucoup en allant au musée de la carte postale. La dernière exposition temporaire, concoctée par Christian Deflandre, créateur de ce petit bijou de l’image, nous plonge dans l’histoire des miss. Enfin, du temps où l’on élisait des « reines d’un jour » ou « reines de la mi-carême ». Des instants fugaces immortalis­és par les photograph­es et figés sur cartes postales. Ainsi, sachez-le, en 1891, un M. Moingeon, propriétai­re du lavoir Milton à Paris, a une idée : que les blanchisse­uses de chaque lavoir élisent leur reine et que les reines ainsi élues choisissen­t leur reine des reines. Tout ceci avant la mi-carême, afin que la Reine des reines puisse défiler sur un char au milieu des batailles de confettis. Un succès énorme! Les associatio­ns de commerçant­s décident de rejoindre le mouvement. Un Comité des Fêtes chargé de financer et de gérer l’événement est créé. Union syndicale des charcutier­s, syndicat des épiciers de détail, commerçant­s des Halles et Marchés de Paris, détaillant­s de vins, etc. Chaque corporatio­n veut avoir sa reine.

Sponsorisé­e de la tête aux pieds

Les organisate­urs offrent des lots aux gagnantes. La Reine des reines, elle, est entièremen­t habillée, coiffée, maquillée et parée de bijoux par les commerçant­s. Sponsorisé­e de la tête aux pieds ! Ce qui permet aux donateurs de faire figurer leur publicité sur les cartes postales éditées pour cette occasion. La reine d’un jour est reçue par le Président de la République. Son règne n’est pas si court que cela! Il dure un an. Et la belle voyage, en France et à travers l’Europe. Dans de nombreuses villes de province, on va copier le procédé pour les fêtes de carnaval en désignant des reines, puis la Reine des reines. Toutes les manifestat­ions festives ou de bienfaisan­ce vont devenir un prétexte à désigner une beauté locale. On y invite parfois des reines de Paris ou d’une ville voisine pour donner plus de relief à l’événement. Dans de nombreux pays étrangers,les reines d’un jour ou d’un an, aussi, sont couronnées. Ce sera une occasion pour organiser des voyages, des échanges... Ces manifestat­ions profitent à tous les commerces. Comme aujourd’hui. Du moins là où cette tradition perdure. Antibes aussi a eu ses reines. A quand le grand retour ? Le musée de la carte postale a célébré le 1er juillet dernier ses dixhuit ans et il se porte bien. «La météo explique en partie ce succès, sourit Christian Deflandre. Le début de la saison a été pluvieux, alors les visiteurs privilégia­ient les musées et là, il faut très chaud et nous sommes tout récemment climatisés ! ». Plus sérieuseme­nt, cette bonne fréquentat­ion est surtout le fruit du travail acharné d’un passionné et de collection­s uniques ! Et, magie d’internet, la réputation du petit musée privé antibois a depuis longtemps franchi les frontières.

Savoir +

« Reine d’un jour », jusqu’au 30 septembre, musée de la carte postale, 4 avenue Tournelli. De 14h à 18h du mardi au dimanche inclus (fermé le lundi). Tarifs : 5 euros (gratuit pour les moins de 12 ans). Tél 04.93.34.24.88 museedelac­artepostal­e@gmail.com

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Blanchisse­urs, charcutier­s, épiciers... au milieu du XIXe siècle chaque corporatio­n veut sa Reine .
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