Nice-Matin (Cannes)

Clara Luciani : «Je ne veux pas faire de compromis »

- Vous avez fait partie du groupe La Femme. Avant cela, à quoi ressemblai­t votre vie ? Que s’est-il passé en un an ? Malgré le succès, vous semblez toujours peu sereine... Jouer sur la même scène que Catherine Ringer, ça vous parle ? Avez-vous été surprise

Ces derniers mois, son regard sombre surmonté d’une frange brune s’est affiché dans de nombreux médias. Son premier album, Sainte-Victoire ,a séduit. La jeune femme de 25 ans y déroule huit titres écrits et composés par ses soins. Assez pour chasser les idées noires de son premier EP. Et aussi pour s’afficher comme la nouvelle sensation pop à la française. Celle qui a grandi du côté de Septèmes-lesVallons, dans les Bouches-duRhône, a envoûté dernièreme­nt le Jardin de l’Olivaie, à Beaulieusu­r-Mer, lors de la dernière soirée des Nuits Guitares. À  ans, je suis partie à Paris, la guitare sur le dos. Le pur cliché de la provincial­e qui doit rejoindre la capitale pour faire de la musique. En plus de La Femme, j’ai fait partie de Nouvelle Vague et d’un duo qui s’appelait Hologram. À côté de ça, j’ai fait mille petits boulots. J’ai fait des pizzas, j’ai donné des cours d’anglais. Je faisais tout très mal, mais il fallait se débrouille­r. Ensuite, j’ai joué de l’harmonium et des percussion­s pour Raphaël, sur scène. Puis vous avez passé le cap en solo… J’ai fait un EP [Monstre d’amour, sorti en avril , ndlr.] après une rupture hyper dure. Le projet était assez impénétrab­le, très très sombre. Mais je ne regrette rien, ça témoignait d’une certaine période de ma vie. J’ai un peu guéri de ce chagrin d’amour. Je me suis trouvée, j’ai mûri. J’ai eu besoin de le faire ressentir dans ma musique. Sur l’album, je voulais que les gens qui ne sont pas dans la consommati­on soient guidés. À la fin du disque, j’ai placé SainteVict­oire, un morceau parlé. Il apporte un éclairage général et reprend toutes les thématique­s de l’album. Les disques qui m’ont le plus marquée, ce sont ceux qui racontent quelque chose, comme Gainsbourg avec Histoire de Melody Nelson ou Biolay avec La Superbe. Je me demande si le confort et la confiance excessive en soi ne sont pas des poisons. Ça peut t’empêcher d’exiger plus de toimême. Sur scène, il y a une part de rigidité qui est vraiment due à la timidité. C’est encore une sensation très étrange pour moi. Il y a une part de terreur. C’est un plaisir, mais avec de l’adrénaline. Je l’admire, pour plein de raisons. Elle a réussi à traverser les époques parce qu’elle ne s’est jamais trahie. Elle n’a jamais cessé d’être exactement celle qu’elle est. Moi non plus, je ne veux pas faire de compromis. Pourquoi avoir repris The Bay de Metronomy en français ? J’adore cette pratique un peu désuète. Mais quitte à faire une reprise, autant mettre beaucoup de soi en adaptant les paroles plutôt que de faire une copie conforme. Cela offre plus de liberté. Je reçois beaucoup de mails de femmes atteintes d’un cancer du sein qui voient en La Grenade une sorte d’hymne guerrier. Ce n’était pas le sens que je voulais apporter au départ, mais je suis hyper heureuse qu’elle ait cette dimension-là aujourd’hui.

 ?? (Photo Jimmy Boursicot) ?? Il y a quelques mois encore, Clara Luciani avançait dans l’ombre. Mais avec son premier album, elle a conquis la presse spécialisé­e. Et sur Internet, ses reprises de Lana del Rey ou de Metronomy lui ont offert une belle visibilité.
(Photo Jimmy Boursicot) Il y a quelques mois encore, Clara Luciani avançait dans l’ombre. Mais avec son premier album, elle a conquis la presse spécialisé­e. Et sur Internet, ses reprises de Lana del Rey ou de Metronomy lui ont offert une belle visibilité.

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