«Attentat» au Venezuela: la justice lève un coin du voile, Maduro réapparaît
La justice vénézuélienne a donné hier quelques détails sur les premiers éléments révélés par l’enquête au sujet de la tentative d’attentat ayant frappé le président Nicolas Maduro (nos éditions d’hier). Le procureur général, Tarek William Saab, a qualifié les faits de « tentative de magnicide» et de «tentative de massacre». Il y aurait eu deux drones, chargés chacun d’un kilo de C4, un puissant explosif militaire. Il a confirmé que deux hommes avaient été arrêtés «en flagrant délit» alors qu’ils pilotaient un des drones depuis un véhicule à proximité de l’événement, dans le centre de Caracas. Cet engin a explosé après avoir heurté un immeuble, selon les autorités. Pour l’heure, six personnes ont été arrêtées dans cette affaire, d’après le ministre de l’Intérieur Néstor Reverol. « Tous les auteurs des faits ont été identifiés ainsi que leurs complices », a ajouté Tarek William Saab, mais leurs identités n’ont pas été révélées. Selon lui, les personnes qui ont fabriqué les engins explosifs ont également été identifiées, et « les premières connexions internationales ont été établies».
La version des autorités mise en doute
Les partisans du président ont défilé à la mi-journée (en fin d’après-midi, heure de Paris) jusqu’au palais présidentiel de Miraflores. À l’arrivée du cortège, Nicolas Maduro a pour l’occasion refait sa première apparition publique depuis les faits. À Bogota, le président colombien Juan Manuel Santos a de nouveau nié hier toute implication, qualifiant d’«insolite» l’accusation selon laquelle il serait «de mèche avec le renseignement américain [et] avec la droite vénézuélienne ». À l’étranger, des doutes étaient émis hier sur la version donnée par les autorités vénézuéliennes. La rapidité de la réponse des forces de l’ordre, ainsi que certaines contradictions dans les déclarations des autorités, soulèvent de nombreuses questions. D’autant que Nicolas Maduro affirme régulièrement être la cible de complots en tous genres que ses services de sécurité parviendraient à déjouer. Le président entend «renforcer son récit selon lequel la crise est due à des acteurs extérieurs en Colombie ou aux États-Unis, mais difficile de dire si cette tactique va fonctionner», a jugé Michael Shifter, président du centre d’études Inter-American Dialogue.