NATATION Bonnet la tient enfin !
Charlotte Bonnet attendait depuis des années cette première médaille d’or en grand bassin. Favorite de l’épreuve, la Niçoise a tenu son rang, en remportant le 200m en 1’54’’95
Charlotte Bonnet a tenu son rang. La Niçoise, grande favorite de l’épreuve, a remporté hier soir le 200m nl, avec, à la clé, un record personnel (1’54’’95 contre 1’55’’53) et même des championnats d’Europe. Le tout avec la manière, en mettant une claque à toutes ses adversaires repoussées à près de deux secondes. Déjà une deuxième médaille d’or, après celle obtenue avec le relais 4x100 m et en attendant le 100m nl (finale mercredi). Quel chemin parcouru pour celle qui a posé ses valises à Nice et à l’ONN en 2010, à seulement 15 ans. À 17 ans, ce talent précoce était déjà bronzé aux JO de Londres en 2012 sur le 4x200 m (lire ci-dessous). Mais tout n’a pas été si simple dans son parcours loin d’être rectiligne. Car ce premier titre individuel international en grand bassin vient surtout récompenser son travail et son abnégation. « Je suis hyper heureuse de gagner, de faire pour la première fois moins de 1’55’’, a réagi l’Azuréenne d’adoption au micro de France télévisions. Championne d’Europe quoi, devant tous mes copains de l’équipe de France, mon entraîneur, devant ma famille qui n’a pas pu venir mais me regarde. Je pense fort à eux. Ce sont des années d’entraînement pour arriver à ce résultat. C’est ce que je me suis dit avant la course, que ça ne pouvait pas m’échapper».
Exposée trop tôt
En France, l’élève de Fabrice Pellerin a l’habitude de ne laisser que des miettes à ses adversaires. Mais au moment de confirmer sur la scène internationale, il y a souvent eu des blocages ces dernières saisons. Il faut dire qu’après sa médaille olympique à 17 ans, la native d’Enghienles-Bains (Val d’Oise) a dû encaisser les retraites prématurées d’Agnel, Muffat (ses coéquipiers à l’ONN), mais surtout le décès accidentel de son amie et sa “grande soeur” azuréenne. Un vide sentimental et une nouvelle exposition à laquelle elle n’était pas du tout préparée. «Je suis arrivée dans une phase où toutes les grandes nageuses arrêtaient et je me suis retrouvée sur le devant de la scène sans le vouloir. Je l’ai mal vécu. C’est vrai que ça fait quelques années que les gens comptent sur moi, nous confiait-elle il y a quelques mois. Mais ce n’est pas pour cette raison que je gère ça plus facilement. Ce n’est jamais évident d’entendre : « Charlotte, elle s’est plantée. Elle a fait de la m...». Je n’arrive pas trop à mettre des oeillères et ne pas voir et entendre ce qui se dit ».
Taekwondo, psy et pilates
Mais aujourd’hui, à 23 ans, elle est bien mieux armée pour faire face. Sans doute ce qui lui a permis d’assumer hier à Glasgow et de faire la course en tête de la première à la dernière longueur. Le fruit d’un long travail sur et en dehors des bassins. « Depuis les JO 2016 (8e du 200m), je travaille avec une psychologue. J’avais beaucoup de choses à régler. Ça a mis du temps à se mettre en place, mais j’en ressens les effets maintenant. Je n’ai plus la même peur, celle de décevoir, avant une compétition. J’ai toujours du stress, mais j’arrive à le canaliser ». Depuis un an, la nageuse a également modifié son entraînement, axé sur plus de séances de sprints dans l’eau, mais aussi sur une diversification des activités en dehors, grâce au taekwondo avec Mikaël Meloul, l’ancien champion du monde (1993) ou des séances de pilates (gym douce). « C’est plus ludique et ça a son importance dans notre sport qui est redondant et où on ne sort pas souvent la tête de l’eau. Ça m’a beaucoup apporté ». Huit mois après son titre sur 200m en petit bassin, la voilà reine d’Europe en grand bassin. En attendant un sacre sur le 100 m ? «Avecceque
“J’ai
vu gagner Charlotte juste avant, ça m’a donné des ailes. C’est un double bonheur. Je la voyais nager, c’était incroyable mais c’était difficile de rester concentré ”.
De Jérémy Desplanches, champion d’Europe du m nages, juste après Charlotte Bonnet, coéquipier de la Niçoise à l’ONN et aussi son compagnon dans la vie. j’ai fait aux championnats de France (RF en 52’’74), ça m’ouvre des portes », glissait-elle hier soir. J’ai de belles ambitions, mais je vais penser d’abord à récupérer physiquement et de mes émotions pour me refocaliser. Il n’y a rien de gagné ». Rien d’écrit effectivement, mais aujourd’hui Charlotte connaît la recette du succès. La finale. Textes : Romain LARONCHE