Valérie Zettor : « Je pars avec un brin de nostalgie »
Interview Après cinq ans passés à la tête de la circonscription Antibes-Vallauris, la commissaire quitte la cité. Et s’engage dans une nouvelle mission à la Direction de la sûreté publique de Bastia
Un quinquennat. Sa durée de poste la plus longue. Après cinq ans passés à la tête du central, la commissaire Valérie Zettor fait ses adieux à la circonscription Antibes-Vallauris. Un départ pour prendre un nouveau cap, droit vers la Corse. La fonctionnaire assurera désormais sa mission au sein de la Direction de la sûreté publique à Bastia. Le commissaire Jean-Robert Robin lui succède au quatrième étage du commissariat d’Antibes.
Quel est votre sentiment ?
Un brin de nostalgie – je ne m’y attendais pas – et la satisfaction d’avoir fait du bon travail, d’avoir répondu aux attentes de la population. Cinq ans après le service public est de meilleure qualité – il est perfectible tout n’a pas été fait –, mais le commissariat peut être satisfait.
Ce départ, c’est un choix ?
Oui. Les commissaires ont une obligation statutaire. En ce qui me concerne, je trouve que ce service mérite un regard neuf, des nouvelles idées. Au bout de cinq ans on est moins dans la synergie. Et c’est normal.
Connaître les acteurs du terrain : c’est une grande force, non ?
Avoir des interlocuteurs solides avec qui on travaille en toute confiance : c’est un vrai confort de travail. Le travers de cela – d’où l’obligation statutaire – c’est qu’une fois que vous êtes trop connu, il y a des choses que vous ne pouvez pas refuser. Donc maintenant il faut retisser des liens, refaire confiance, obtenir la confiance : faire ses preuves ! Et cela tous les six ans.
Ce n’est pas évident…
Non. Mais c’est exaltant !
Vous parliez de « codes à décrypter » lorsque l’on arrive dans un nouveau territoire. Quels sont-ils ici ?
Par rapport à la région parisienne : les policiers ont un attachement au territoire. L’engagement est différent. Après, il faut aussi savoir qui connaît qui. Pour ne pas commettre d’impair, pour que cela ne soit pas mal interprété…
L’affaire qui vous a marquée ?
Un voleur à l’arraché, un jeune garçon avec un mode opératoire très spécifique : il ne s’attaquait qu’aux dames d’un certain âge dans la vieille ville d’Antibes. Il a dû en faire une vingtaine. On a mis presque six mois pour lui mettre la main dessus. On l’avait pris en flagrant délit, il a été incarcéré. Les victimes ne s’attendaient plus à ce qu’on l’arrête. Et il y aussi le fait que ce garçon avait un vrai potentiel mais a choisi la voie de la délinquance, l’argent facile. Dans les dernières affaires, il y a également le pyromane. C’était passionnant. Et très difficile : être au bon moment au bon endroit. C’est vraiment un bonheur de l’arrêter en flagrant délit.
Vous aimez être sur le terrain, notamment dans les comités de quartier !
La police – peut-être moins la gendarmerie – souffre d’un manque de communication. Si on disait aux gens pourquoi on n’est pas venu, pourquoi cela prend une heure : ça change beaucoup de choses. C’est vrai que c’est difficile de renoncer au terrain quand ça nous plaît : j’aime le contact avec les gens, être avec les collègues pendant cinq heures comme sur les concerts…
Comment définit-on les priorités à suivre ?
On sent un vrai glissement : on nous incite à les adapter localement. Ce serait un nonsens à l’heure actuelle de nous dire de mettre la priorité sur les vols violences ici par exemple. Les cambriolages le sont toujours, mais au niveau départemental.
Les chiffres () : source de félicitations comme de critiques…
C’est un indicateur. Mais je ne me suis jamais focalisée sur les chiffres. Par exemple, en ce moment on a une augmentation de vols roulottes : ce facteur va augmenter, c’est évident. Mais je ne vais pas me dire : je vais chanstiquer () les chiffres pour que cela ne se voie pas. L’intérêt de la donnée chiffrée c’est le phénomène d’alerte. Après, la baisse de la délinquance reste modeste sur cinq ans. Et peut être liée à d’autres choses : les gens peuvent déposer plainte ailleurs, ne déposent pas plainte… Après bien sûr, il faut bien qu’on vous juge sur quelque chose.