Derrière le plaisir de la mer les dégazages sauvages
Comme tous les étés, les bateaux de plaisance affluent. Certains en profitent pour dégazer en pleine mer, avec des conséquences sur l’environnement
En période estivale, les embarcations de plaisance ne sont pas les seules à faire leur retour au large de la cité des Remparts. Les (mauvaises) habitudes reviennent avec elles. Certains bateaux effectuent leur dégazage en pleine mer, en toute illégalité et sans se soucier des conséquences que cela peut avoir sur le milieu marin. Cette opération sert à se débarrasser de gaz nuisibles et potentiellement dangereux, souvent enveloppés dans une nappe d’hydrocarbures. Au même titre que la vidange pour les voitures, le dégazage est indispensable pour le bon entretien des bateaux. Normalement, cette opération s’effectue au port. Un plongeur confie : « On parle souvent des gros bateaux et surtout des yachts mais les petits le font tout autant et l’accumulation fait beaucoup de dégâts. » Un responsable d’une entreprise de travaux maritimes explique que les dégazages n’épargnent aucun endroit, de Nice aux îles de Lérins. « Les hydrocarbures attaquent tout, y compris le matériel, c’est en partie à cause de ça qu’on doit en racheter régulièrement », ajoutet-il. Le sujet de la pollution et des dégazages est assez tabou dans le milieu maritime. Rares sont les personnes qui acceptent de répondre.
Un litre d’hydrocarbures recouvre un hectare
Le long du littoral antibois, en période estivale, une patrouille de la protection civile vogue au large des côtes chaque matin pour trouver d’éventuelles traces de dégazages, qui ont lieu majoritairement la nuit. La municipalité est dotée de moyens d’intervention pour faire face à la pollution aux hydrocarbures. Selon Jean-Marie Aicardi, le responsable, ce genre d’agissements est du fait d’une minorité : «Les choses commencent à changer, il y a une prise de conscience même si elle n’est pas généralisée. » Les patrouilles de la protection civile dissuadent les potentiels contrevenants. Un avion affrété par le conseil départemental circule régulièrement au-dessus de la mer. Mais les pollueurs ne sont presque jamais retrouvés. « L’essentiel, c’est d’empêcher les nappes de carburant d’arriver jusqu’aux plages, il faut laisser faire la nature, elle fait bien les choses. Une fois que c’est dans l’eau, c’est dans l’eau, il n’y a pas de risques majeurs concernant les nappes qu’on retrouve », abonde Jean-Marie Aicardi. Il tient à rappeler qu’un litre d’hydrocarbures en mer recouvre un hectare d’eau. Un chiffre non négligeable quand on sait que certains bateaux peuvent contenir plusieurs dizaines de litres de carburant.