Nice-Matin (Cannes)

Derrière le plaisir de la mer les dégazages sauvages

Comme tous les étés, les bateaux de plaisance affluent. Certains en profitent pour dégazer en pleine mer, avec des conséquenc­es sur l’environnem­ent

- HÉLÈNA SARRACANIE hsarracani­e@nicematin.fr

En période estivale, les embarcatio­ns de plaisance ne sont pas les seules à faire leur retour au large de la cité des Remparts. Les (mauvaises) habitudes reviennent avec elles. Certains bateaux effectuent leur dégazage en pleine mer, en toute illégalité et sans se soucier des conséquenc­es que cela peut avoir sur le milieu marin. Cette opération sert à se débarrasse­r de gaz nuisibles et potentiell­ement dangereux, souvent enveloppés dans une nappe d’hydrocarbu­res. Au même titre que la vidange pour les voitures, le dégazage est indispensa­ble pour le bon entretien des bateaux. Normalemen­t, cette opération s’effectue au port. Un plongeur confie : « On parle souvent des gros bateaux et surtout des yachts mais les petits le font tout autant et l’accumulati­on fait beaucoup de dégâts. » Un responsabl­e d’une entreprise de travaux maritimes explique que les dégazages n’épargnent aucun endroit, de Nice aux îles de Lérins. « Les hydrocarbu­res attaquent tout, y compris le matériel, c’est en partie à cause de ça qu’on doit en racheter régulièrem­ent », ajoutet-il. Le sujet de la pollution et des dégazages est assez tabou dans le milieu maritime. Rares sont les personnes qui acceptent de répondre.

Un litre d’hydrocarbu­res recouvre un hectare

Le long du littoral antibois, en période estivale, une patrouille de la protection civile vogue au large des côtes chaque matin pour trouver d’éventuelle­s traces de dégazages, qui ont lieu majoritair­ement la nuit. La municipali­té est dotée de moyens d’interventi­on pour faire face à la pollution aux hydrocarbu­res. Selon Jean-Marie Aicardi, le responsabl­e, ce genre d’agissement­s est du fait d’une minorité : «Les choses commencent à changer, il y a une prise de conscience même si elle n’est pas généralisé­e. » Les patrouille­s de la protection civile dissuadent les potentiels contrevena­nts. Un avion affrété par le conseil départemen­tal circule régulièrem­ent au-dessus de la mer. Mais les pollueurs ne sont presque jamais retrouvés. « L’essentiel, c’est d’empêcher les nappes de carburant d’arriver jusqu’aux plages, il faut laisser faire la nature, elle fait bien les choses. Une fois que c’est dans l’eau, c’est dans l’eau, il n’y a pas de risques majeurs concernant les nappes qu’on retrouve », abonde Jean-Marie Aicardi. Il tient à rappeler qu’un litre d’hydrocarbu­res en mer recouvre un hectare d’eau. Un chiffre non négligeabl­e quand on sait que certains bateaux peuvent contenir plusieurs dizaines de litres de carburant.

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(Photo Eric Ottino) Pour être en toute légalité, les embarcatio­ns doivent être dégazées au port.

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