Nice-Matin (Cannes)

La Turquie tente d’enrayer la débâcle de sa monnaie

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La Turquie, qui est plongée dans une crise monétaire, a annoncé, hier, des mesures pour soutenir la livre qui s’effondre sur fond de tensions avec les Etats-Unis. Dans l’espoir de rassurer les marchés, la banque centrale de Turquie a indiqué ce lundi qu’elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin et prendrait les « mesures nécessaire­s » pour assurer la stabilité financière. Mais l’impact de cette annonce s’est estompé quelques heures plus tard lorsque le président Erdogan a accusé les Etats-Unis de vouloir « frapper dans le dos » la Turquie, provoquant un nouveau plongeon de la livre qui illustre l’inquiétude des marchés face aux tensions diplomatiq­ues.

La banque centrale à la rescousse

La livre turque, qui a perdu cette année plus de 40 % de sa valeur face au dollar et à l’euro, s’est effondrée vendredi, faisant souffler un vent de panique sur les marchés à travers le monde. La livre a battu à nouveau un record à la baisse, hier dans les premières heures, en Asie, dépassant pour la première fois 7 livres contre un billet vert, avant de se redresser après l’annonce de la banque centrale. La banque centrale a révisé les taux de réserves obligatoir­es pour les banques, dans le but d’éviter tout problème de liquidité, et indiqué qu’environ 10 milliards de livres, 6 milliards de dollars et l’équivalent de 3 milliards en or de liquidités seraient fournis au système financier.

Vive tension avec les USA

La déroute de la livre s’est accélérée au cours des deux dernières semaines en raison d’une grave crise diplomatiq­ue entre Ankara et Washington liée à la détention en Turquie d’un pasteur américain, Andrew Brunson. Déclaratio­ns chocs, sanctions, menaces de représaill­es, puis doublement des tarifs douaniers américains sur l’acier et l’aluminium turc vendredi : les tensions entre les deux alliés au sein de l’Otan sont allées crescendo ces derniers jours, emportant la livre turque. « D’un côté, vous êtes avec nous dans l’Otan et, de l’autre, vous cherchez à frapper votre partenaire stratégiqu­e dans le dos. Une telle chose est-elle acceptable?» , s’est emporté M. Erdogan lors d’un discours lundi à Ankara. Outre les tensions entre Ankara et Washington, les économiste­s s’inquiètent aussi de la mainmise sur l’économie de M. Erdogan qui s’est renforcée après sa réélection en juin dernier. Les marchés exhortent la banque centrale à redresser davantage ses taux pour soutenir la livre et maîtriser une inflation galopante qui a atteint près de 16 % en juillet en glissement annuel, mais le président s’y oppose.

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Le président Erdogan a accusé les USA de vouloir « frapper la Turquie dans le dos ». Cette nouvelle annonce a eu pour effet d’engendrer une nouvelle chute de la livre turque. (Photo AFP)

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