Nice-Matin (Cannes)

Cardinale revient au premier plan

Relégué au rang de numéro 2 par Lucien Favre pour sa dernière année de contrat, le portier de 24 ans a resigné pour trois saisons cet été. Et semble avoir repris les rênes dans la hiérarchie des gardiens de Patrick Vieira

- WILLIAM HUMBERSET

Dix mois qu’il n’avait plus gardé la cage niçoise en Ligue 1. La défaite à Strasbourg (2-1, 22 octobre 2017) et sa blessure cinq jours plus tard à l’échauffeme­nt au Parc des Princes, avaient stoppé le règne de Yoan Cardinale dans la hiérarchie des gardiens à l’OGC Nice. Une rupture que le portier de 25 ans avait logiquemen­t mal vécue, après 71 titularisa­tions en championna­t. D’autant plus que sa situation n’était guère plus reluisante en coulisses après avoir refusé une propositio­n de prolongati­on du club pour un désaccord financier. Relégué au rang de numéro 2 par Walter Benitez et en fin de contrat en juin 2018, Yoan Cardinale a pourtant retrouvé la lumière contre Reims. « Je l’ai appris lors de la dernière mise en place effectuée la veille du match, détaillait l’intéressé en zone mixte, samedi dernier. J’ai ressenti un grand bonheur. Mais pour les gardiens comme pour le reste du groupe, aucune place de titulaire n’est assurée. Pour personne. C’est une remise en question chaque semaine et les meilleurs joueront.»

Jérôme Alonzo : « Yoan a déjà appris que ça allait très vite dans les deux sens »

« C’est d’autant plus vrai dans notre poste plus qu’un autre. On peut voir des joueurs de champ enchaîner les prestation­s moyennes. Pour un gardien, c’est impossible, » ajoute Jérôme Alonzo du haut de ses plus de 300 matchs en carrière. Avant d’analyser la situation de Cardinale plus spécifique­ment. « Yoan a déjà appris que dans le football, ça allait très vite dans les deux sens. Quand Nice finit troisième, il est dans les premiers au classement des notes des gardiens et se fait une petite réputation. Et six mois après, il ne joue plus ! Il est passé de l’ombre à la lumière très vite, puis il est retombé dans l’ombre tout aussi rapidement. Son entourage a dû lui donner les bons conseils pour rester calme, malgré son tempéramen­t bouillant. Surtout que lui et Benitez sont deux gardiens aux style et gabarit différents, mais qui sont d’un niveau très proche au final. » Probableme­nt pour cette raison que les dirigeants niçois ont prolongé l’aventure de Cardi pour trois ans cet été. « D’autant que c’est un garçon qui a un caractère exceptionn­el. Et il aime vraiment le club, étaye un formateur azuréen. Il est resté droit dans ses baskets alors qu’on ne lui a pas toujours expliqué les choix faits par le passé. Un gardien a besoin qu’on lui parle, qu’on lui donne les raisons de telle ou telle décision. Mais peut-être que “toucher la cave” lui a permis aussi de remettre les choses au bon endroit. Et le changement d’entraîneur lui a été bénéfique. »

Déjà remis en question par le but rémois

Souvent raillé pour son gabarit, le natif de La Ciotat est revenu de vacances avec quelques kilos en moins. L’arrivée de Patrick Vieira a remis les compteurs à zéro et les qualités au pied de Cardinale ne sont pas passées inaperçues pour un coach qui attache une grande importance à la première relance. « Il fait partie des meilleurs gardiens français dans ce registre, selon un formateur du poste. Mais il ne faut pas réduire Cardinale à son jeu au pied. Il a aussi de solides arguments sur sa ligne, avec des qualités de vitesse et de poussée. » Et pourtant, les circonstan­ces du but rémois ont déjà cristallis­é les critiques autour d’une éventuelle culpabilit­é du jeune gardien. « Atal se fait prendre trop facilement à l’intérieur sur l’action. Mais Cardinale est trop scotché sur sa ligne. Il doit gagner du terrain. S’il est un mètre plus haut, il va le chercher ce ballon », décrypte un spécialist­e du poste. « J’ai récemment mangé avec cinq supporters du Gym à la maison, ça fait six avec moi. Et personne n’était d’accord sur ce but, poursuit Jérôme Alonzo, ancien Aiglon passé par l’OM, Nantes, Sainté et le PSG. Tout le monde parle et prouve une chose : être bon ne suffit plus, il faut être très bon tout le temps. Parce que ce n’est pas un but casquette contre Reims, le 0-1 n’est pas pour Yoan. Par contre, je lui dirais que je l’ai déjà vu sortir ce genre de ballon. Et c’est alors le 0-0 qui aurait été pour lui, par contre. » Dans l’entourage du joueur, la question d’un manque de rythme et de repères se pose aussi, pour un portier qui n’a disputé que deux heures et demie de jeu lors des six matchs amicaux de préparatio­n(90 minutes contre Charleroi et 60 contre Brighton). Un ratio qui peut également laisser penser que ce sont les performanc­es moyennes de Benitez qui ont convaincu Patrick Vieira de bouleverse­r une hiérarchie qui, selon nos informatio­ns, serait fixée pour la saison. «Je n’ai pas envie d’expliquer mon choix. Je peux aussi bien en faire un autre la semaine prochaine», a répondu le coach après Reims-Nice, refusant également de commenter le but concédé sans avoir revu les images. « Est-ce que Vieira a sondé les cadres du groupe ? se demande Alonzo. En tout cas il n’y a pas de blanc-seing avec Vieira, ce n’est pas son genre. S’il a fait ce choix, c’est qu’il a ses raisons. » A Cardi de lui donner raison maintenant.

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(Photo EPA/MAXPPP)

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