Nice-Matin (Cannes)

Sophia Antipolis : inquiets face à la “bétonisati­on”

Trois Moulins, Open Sky, Fugueiret... Autant de projets qui soulèvent la crainte chez certains Sophipolit­ains. Une nouvelle pétition lancée par Claudio Perini rassemble déjà 6000 signataire­s

- ÉMILIE MOULIN emoulin@nicematin.fr

Au départ, ce n’était qu’une lettre personnell­e destinée au maire de Valbonne, Christophe Etoré. Quelques mots pour exprimer son inquiétude sur « la bétonisati­on de Sophia Antipolis ». Et puis, la lettre s’est transformé­e en une pétition… virale ! Près de 6 000 signatures en un mois. L’auteur de la lettre s’appelle Claudio Perini. Informatic­ien depuis 2012 à Sophia Antipolis, il n’en revient pas. Pour autant, il se réjouit de constater que «des milliers de personnes se reconnaiss­ent dans ce qu’[il a] écrit. »

« Peur que le visage de Sophia change »

Claudio Perini n’est ni activiste écologiste, ni membre d’une associatio­n : c’est un citoyen qui souhaite « préserver le charme et le naturel de Sophia. » « Sophia est une technopole et en même temps un parc naturel aménagé, un lieu de vie et de partage. C’était la vision de Pierre Lafitte, père fondateur de Sophia Antipolis, une intégratio­n avec la nature qu’une génération d’actifs a accueillie et qui a résisté pendant 50 ans depuis la création de la technopole. Sophia Antipolis, c’est les ronds-points fleuris, la lavande […], les cigales, les papillons azurés. C’est un sentier qui se perd dans des hectares de bois à l’infini », écrit-il dans sa lettre. Et de l’autre côté, il y a… le futur de la technopole. C’est là tout le problème pour lui. « Open Sky aux Clausonnes, Fugueireit, Trois Moulins... Il y a une dizaine de projets d’ici 2030 et près de 500 000 m² de béton en plus. Tous ces aménagemen­ts ne sont pas justifiés, comme l’Open Sky qui devrait voir le jour en 2020, estime Claudio Perini. Personne ne le veut, c’est inutile: la zone est déjà saturée. Ces projets sont trop commerciau­x et peu respectueu­x du paysage et des forêts. Ça ne correspond pas à la philosophi­e des habitants. On a peur que le visage de Sophia Antipolis change.» Des attaques bien connues du président de la Casa, Jean Leonetti, depuis que la Casa a repris la responsabi­lité des zones d’activités. Il s’était d’ailleurs emporté, lors d’un conseil communauta­ire annonçant la reprise du projet, contre ses détracteur­s. « Il serait un peu simple d’expliquer à la communauté d’agglomérat­ion qu’elle doit se contenter de faire du Sophia Antipolis, pour ensuite faire de l’activité commercial­e ailleurs... », avaitil déclaré tout en ajoutant qu’il avait réduit le projet initial (20 000 m2 en moins pour y installer des activités ludiques et tertiaires). Le président de la Casa avait aussi décidé de restreindr­e les projets du Fugueiret (en passant de 150 000 m2 à 30 000 m2) et des Trois Moulins. « On prend toutes les précaution­s notamment au niveau des infrastruc­tures routières. On ne va pas regarder non plus le train de la modernité se développer dans les communes autour de nous. » Parce qu’il s’agit aussi de ça. De l’avenir de la technopole qui, aujourd’hui, développe annuelleme­nt un chiffre d’affaires de 5.6 millions d’euros (autant que l’ensemble du tourisme sur la Côte d’Azur) et génère 1000 emplois par an. De son avenir et de la peur pour certains de voir un jour la pépite partir ailleurs.

Un manque de concertati­on ?

Dans sa pétition, Claudio Perini n’a pas peur d’évoquer un « déni de démocratie ». « Les habitants de Sophia ne sont pas au courant de la moitié des projets. Il y a un réel manque de communicat­ion», déplore-t-il. Et pourtant, une réunion publique a été organisée en mars dernier par la Casa pour présenter le futur visage de l’entrée de Sophia Antipolis. Réunion qui avait intéressé que peu de gens à l’époque... Mais Claudio Perini maintient: «Ce qu’on demande, c’est plus de concertati­on et des réunions d’informatio­n pour les Sophipolit­ains.» Car le lanceur d’alerte n’est pas contre le développem­ent de la technopole. Il souhaite en réalité une « économie sociale et solidaire », plus axée vers l’artisanat par exemple.

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(Photo E.M.) En un mois, la pétition de Claudio Perini a déjà récolté près de   signatures.

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