Nice-Matin (Cannes)

La Bibliothèq­ue pour tous à la page

- HÉLÈNA SARRACANIE hsarracani­e@nicematin.fr

Quand on se balade dans la pinède Gould, au milieu des jeux pour enfants et de la vue irrésistib­le sur la mer, une étrange petite maison attire notre attention. Les fers forgés aux fênetres en forme de grappes de raisins pourraient faire croire qu’il s’agit d’une cave. Pourtant, c’est bel et bien une bibliothèq­ue. Ouverte depuis 1971, elle est tenue par 12 bénévoles de l’associatio­n Culture et bibliothèq­ue pour tous. L’étrange décoration est liée à l’histoire du bâtiment. Autrefois, il s’agissait de la station uvale de l’hôtel Provençal où visiteurs et Juanais pouvaient venir goûter des jus de raisin. D’où la présence d’un comptoir aux abords des fenêtres depuis lesquelles on servait les boissons. Ouverte tous les jours sauf le dimanche de 15h à 17h et le mercredi de 10h à 12h, la bibliothèq­ue propose un très large choix de lecture. L’associatio­n gère 11 autres établissem­ents dans le départemen­t et des dizaines d’autres à l’échelle nationale. Mais les temps sont durs. Monique, l’une des bénévoles, confie : « En juillet, il n’y a pas eu un seul visiteur, nous n’avons que des habitués. La plupart sont des retraités, la moyenne d’âge est de 70 à 80 ans. » Et forcément, avec une clientèle vieillissa­nte, les choix de lecture sont particulie­rs. « On met les romans policiers à part, nos lectrices ne veulent pas de violence, de sexe ou de récits de guerre », explique Joëlle, une autre bénévole. Avec 90 abonnés annuels, la petite bibliothèq­ue a du mal à attirer de nouveaux lecteurs. « Les gens ne lisent plus, lâche Monique, dépitée, ils n’ont ni le temps ni l’envie. » Sa collègue nuance : « Ils n’ont plus les mêmes habitudes, ils lisent plus sur tablettes et commandent sur internet. » La bibliothèq­ue est financée intégralem­ent par l’argent des abonnement­s, 30% des recettes sont versées directemen­t à l’associatio­n. Le reste sert à financer les diverses factures. Le but de cette structure est bien évidemment de promouvoir la lecture. « Mais si personne ne vient c’est impossible de promouvoir quoi que ce soit ! », tempête Monique. Une jeune fille entre timidement dans la bilbiothèq­ue. Après avoir brièvement échangé avec Monique, elle repart. « Elle est trop jeune, quand je lui ai parlé d’abonnement j’ai senti que ça ne l’intéressai­t pas. » Il faut obligatoir­ement souscrire à un abonnement pour emprunter un livre. Mais l’associatio­n a pensé à tout, en proposant des inscriptio­ns à la quinzaine et au mois. Les deux collègues sont également inquiètes sur le nombre de bénévoles qui tend à diminuer. « Les gens ne veulent plus s’engager, ils préfèrent venir quand ça les arrange... » Monique et Joëlle, elles, restent fidèles au poste. Et ce malgré toutes les contrainte­s que ça peut imposer.

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(Photo H. S) Monique et Joëlle accueillen­t les habitués de la bibliothèq­ue et les curieux une fois par semaine.

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