Nice-Matin (Cannes)

On lui a diagnostiq­ué une infection : c’était le cancer

Entre erreurs d’appréciati­on et visites répétées de services médicaux, Myriam Bouzidi a connu un véritable calvaire avant qu’on décèle la maladie de sa fille Manel, 7 ans... Un cancer des os, stade 4

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Pour nous la vie s’est arrêtée le 28 juin dernier. » À l’annonce de l’effroyable diagnostic de Manel, 7 ans à peine : cancer des os, stade 4. Il aura fallu un mois de visites chez les médecins, hôpitaux et spécialist­es pour poser un nom sur le mal qui ronge la petite fille. De précieuses semaines “perdues” pour ses proches, durant lesquelles ses parents, Myriam et Mohamed, mais aussi sa famille se sont battus pour être entendus. Pour faire soigner Manel. Pour être pris au sérieux. Inacceptab­le pour ce clan, qui fait bloc depuis autour de la fillette. « À la fin du mois de mai, elle n’arrivait plus à s’allonger la nuit car elle avait mal à une côte », rembobine sa maman. Après trois visites chez le médecin de famille, Manel est dirigée vers l’hôpital de Grasse.

« Sûrement rien de grave »

« Le 11 juin, on est allé aux urgences. Là, on m’a dit qu’il y avait plusieurs heures d’attente avant de voir un médecin, et on m’a découragée de patienter en me disant que Manel n’avait sûrement rien de grave, que j’étais trop stressée. On m’a même conseillé de la masser avec de l’arnica ! » Quelques heures plus tard, c’est à la maison médicale que mère et fille voient enfin un médecin. « Elle a passé une radio. il y avait une tâche suspecte, mais on nous a dit que tout était normal. » De retour à la maison, la fillette a du mal à respirer. « Deux jours plus tard, le 13 juin, l’hôpital Clavary nous rappelle et

‘‘ nous demande de revenir. Je les ai On nous dit que Manel a une infection du poumon. On lui prescrit des antibiotiq­ues. » Mais son état de santé empire. Le jour de la kermesse de l’école, c’est une petite fille exsangue qui tente de faire bonne figure au milieu de ses camarades. « Son frère Yacoub a dû la porter sur son dos tellement elle n’arrivait plus à marcher. » Après une autre visite chez un pneumologu­e, Myriam, désemparée, se rend à l’hôpital de Cannes le 27 juin. «Il n’y avait personne aux Urgences. Pourtant, on nous a demandé de revenir le lendemain. » À bout de forces, conseillée par sa soeur Fathen, la mère de famille prend la direction de l’hôpital Lenval. Et s’effondre dès qu’elle passe la porte des urgences. Épuisée par les nuits blanches à répétition. L’angoisse de voir son enfant dépérir. La culpabilit­é de ne pas trouver les bons interlocut­eurs. « Je me suis mise à pleurer en voyant le monde, les heures d’attente, encore… Je les ai suppliés de m’aider. De me dire ce qu’elle avait. » L’équipe médicale prend tout de suite le cas de Manel très au sérieux. « Elle a rapidement été vue par un médecin. On a été écoutés, pris en considérat­ion. » Radios, scanner, prélèvemen­ts sanguins, biopsie… « Trois heures plus tard, on a su. » Une énorme claque qui met KO toute la famille. La nouvelle est insoutenab­le pour ses proches. Les métastases ont attaqué les côtes, mais aussi les cervicales, les omoplates, les jambes. Commencent de longues semaines de traitement.

« On garde espoir, on n’a pas le choix »

La longue crinière brune de la fillette se fait plus éparse. Le teint plus blafard. Mais sur son joli minois, un sourire à toute épreuve. Des éclats de rire aux pitreries de Caramel, le chat siamois mascotte de la famille. « Prenez le plutôt lui en photo, c’est le plus beau chat du monde », pouffe joyeusemen­t Manel installée sur le canapé de l’appartemen­t familial au Cannet, entourée par ses deux grands frères. « On garde espoir. On n’a pas le choix », glisse Myriam qui compte déposer plainte contre l’hôpital de Grasse. « Pour que cette situation ne se reproduise pas. Et pour comprendre comment une telle erreur de diagnostic est possible en 2018. »

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 ??  ?? Manel entourée de sa famille, sa maman Myriam à droite, sa tante Fathen à gauche, deux de ses grands frères Noé et Adam, ainsi que son chat chéri Caramel. (Photos Patrice Lapoirie)
Manel entourée de sa famille, sa maman Myriam à droite, sa tante Fathen à gauche, deux de ses grands frères Noé et Adam, ainsi que son chat chéri Caramel. (Photos Patrice Lapoirie)
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