Nice-Matin (Cannes)

LR-: Éric Ciotti candidat de la «clarificat­ion»

C’est désormais officiel : le député, actuel secrétaire départemen­tal du parti de Wauquiez, se présente au poste de président détenu par Christian Estrosi. Élection les 13 et 14 octobre

- Recueilli par STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

C’était un secret de polichinel­le. C’est désormais officiel. Éric Ciotti est candidat à la présidence des Républicai­ns des Alpes-Maritimes. Une puissante fédération dirigée depuis 2002 par… Christian Estrosi et dont Éric Ciotti est le secrétaire départemen­tal. Nouvelle étape dans l’affronteme­nt entre les deux hommes? Ce n’est pas ça, jure, serein, le député. Seulement une volonté de « clarificat­ion politique ». Nécessaire, selon lui. Et ce sont les militants qui trancheron­t lors de cette élection interne les 13 et 14 octobre. Une interrogat­ion : Christian Estrosi sera-t-il candidat ? Éric Ciotti l’espère vivement. Certain du rapport de forces…

Quand vous êtes-vous décidé ?

Ma décision était évidente depuis longtemps. Tout mon parcours politique depuis trente ans repose sur un engagement fort au sein de ma famille politique. J’ai adhéré au RPR à  ans. Depuis, j’ai occupé toutes les fonctions : délégué départemen­tal, secrétaire départemen­tal, secrétaire national en charge de la sécurité et je suis président de la commission nationale d’investitur­e. Je considère devoir beaucoup à ma famille politique. Je me suis toujours considéré comme un militant et je suis proche des militants.

Ce sera d’ailleurs à eux de voter…

Nicolas Sarkozy avait engagé une réforme importante quand il était président des Républicai­ns. Les militants peuvent élire directemen­t leur président de fédération, cela donne une légitimité forte.

Vous vouliez déjà vous présenter en …

Oui, je m’étais interrogé sur une candidatur­e. J’avais le soutien de la plupart des parlementa­ires. Mais j’ai voulu éviter une fracture à la veille de la présidenti­elle et j’avais renoncé à me présenter contre Christian Estrosi, même si beaucoup me poussaient à le faire et le souhaitaie­nt vraiment.

Là, c’est le bon timing ?

Tout ce qui s’est passé depuis deux ans rend naturelle et évidente cette candidatur­e. Nous avons besoin d’une clarificat­ion à la fédération. Depuis , nous traversons une crise politique grave. Cette crise oppose deux lignes vraiment très différente­s.

Deux lignes qui n’ont finalement jamais été débattues…

Depuis janvier , le président Christian Estrosi n’a plus jamais convoqué de comité départemen­tal. J’ai été malheureux de voir pendant tout ce temps notre action totalement paralysée par ceux qui n’ont eu de cesse d’affaiblir notre mouvement.

Comment analysez-vous aujourd’hui vos « divergence­s » ? J’ai l’habitude d’être franc et direct, certains me le reprochent. Mais, moi, je ne suis pas adepte des propos indirects tenus par des collaborat­eurs. J’assume mes conviction­s et ce que je suis. À l’élection présidenti­elle, on a vraiment eu une vraie fracture. J’ai soutenu François Fillon jusqu’au bout, cela ne veut pas dire que je n’avais pas des doutes et des interrogat­ions, mais le débat n’était pas là. Il fallait faire en sorte qu’un candidat LR gagne pour éviter le désastre des extrêmes ou l’illusion macroniste. D’autres que je juge très sévèrement ont fait le choix de porter un coup fatal à notre famille politique pendant la présidenti­elle. Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Édouard Philippe ont rejoint la majorité pour des postes en trahissant Les Républicai­ns.

Christian Estrosi aussi ?

Mais aussi Christian Estrosi, oui, qui a soutenu pendant les législativ­es les candidats En Marche ! de manière déguisée. Et particuliè­rement contre moi. Et qui, depuis, ne cesse d’exprimer un zèle macroniste à toute épreuve.

Christian Estrosi ne peut plus être président de la fédération selon vous ?

Je considère impossible d’être le président d’une fédération du premier parti d’opposition de France tout en étant un soutien permanent du gouverneme­nt Macron. C’est le moment de la clarificat­ion. Je souhaite que nous puissions, avec Christian Estrosi, soumettre ces deux visions différente­s. Celle d’une opposition franche et déterminée à un pouvoir qui ne repose que sur l’illusion de la communicat­ion et l’autre d’une volonté d’union avec la majorité En Marche !

Vous souhaitez donc que Christian Estrosi soit candidat ?

Je ne vois pas comment il ne pourrait pas participer en personne à ce débat. C’est devant les militants qu’il doit venir défendre sa position. Une position que par ailleurs je respecte.

Le fera-t-il selon vous ?

Je ne vois pas Christian Estrosi ne pas avoir ce courage.

Comment garantir la transparen­ce du scrutin alors que vous êtes secrétaire départemen­tal ?

J’ai indiqué à Laurent Wauquiez [président du parti] que je me mets en retrait de mes fonctions. Il lui appartiend­ra de nommer quelqu’un qui organisera ces élections internes.

Cette candidatur­e, est-ce un pas vers l’élection municipale de  à Nice ?

C’est d’abord un engagement envers les miens. Les LR ont failli disparaîtr­e au printemps. Aujourd’hui, grâce au talent et la volonté de Laurent Wauquiez, nous sommes en train de reconstrui­re une grande famille politique qui a pour ambition d’offrir aux Français un vrai projet d’alternance en . Nous avons un groupe très soudé et efficace à l’Assemblée nationale, nous sommes le premier parti militant de France et nous n’avons jamais cédé aux sirènes macroniste­s. Les LR ont un rôle majeur à jouer dans l’avenir de la France. Je veux y participer depuis ma terre, celle où je suis né, celle que je représente à l’Assemblée.

Et les municipale­s donc ?

Le débat des municipale­s viendra en son temps. Je veux le meilleur pour ma ville. Les Niçois et Niçoises me connaissen­t, savent que je suis proche d’eux, que je n’ai jamais changé de conviction. Même des gens de gauche me disent souvent : “On ne partage vos conviction­s mais on vous respecte car vous n’êtes pas un opportunis­te.” Et ce sentiment est encore plus fort au sein de notre famille politique.

Cette candidatur­e à la fédération sera vue comme un nouvel épisode de votre affronteme­nt avec Estrosi…

Je préfère un débat électoral à un conflit médiatique. En démocratie, quand il y a des différence­s, des divergence­s et c’est le cas, c’est au peuple de trancher. Et là, ce sera au peuple militant de trancher en conscience. Ce n’est pas un différend personnel, ce sont deux lignes politiques totalement opposées qui vont s’expliquer. Quand Estrosi va en secret à l’Élysée pour négocier la disparitio­n des Départemen­ts, ce n’est pas un conflit personnel, c’est un différend stratégiqu­e majeur.

 ??  ?? Éric Ciotti, hier dans les jardins du conseil départemen­tal : « Je ne vois pas comment Christian Estrosi ne pourrait pas participer en personne à ce débat. » (Photo Franck Fernandes)
Éric Ciotti, hier dans les jardins du conseil départemen­tal : « Je ne vois pas comment Christian Estrosi ne pourrait pas participer en personne à ce débat. » (Photo Franck Fernandes)

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