Meurtre à Peïra-Cava: un vacher incarcéré Lucéram
Bruno Ciais, 37 ans, a été mis en examen pour l’homicide volontaire, dimanche, de Romain Biesek, 31 ans, lors d’une soirée trop arrosée qui aurait dégénéré
Deux jours de garde à vue et les questions du juge d’instruction n’ont toujours pas permis de comprendre pour quelle raison un meurtre est survenu dimanche dans le paisible hameau de Peïra-Cava, au-dessus de Lucéram, dans l’arrière-pays niçois. Bruno Ciais, 37 ans, un enfant du pays, interpellé par les gendarmes mercredi à l’aube, a admis avoir tiré sur son copain de beuverie. « Un accident », persiste-t-il à expliquer. Le coup de fusil serait parti alors qu’il voulait éteindre un lampadaire dont le halo l’empêchait de dormir. Romain Biesek, 31 ans, a été mortellement touché au ventre. Le procureur de la République, JeanMichel Prêtre, a du mal à croire à cette version du drame… L’auteur présumé du coup de feu n’a pas appelé les secours. Pis, il aurait cherché de l’aide pour se débarrasser d’un encombrant cadavre. Sa démarche n’est pas restée longtemps secrète. Les gendarmes locaux ont eu l’information dans la nuit de mardi à mercredi. Dès l’aube, les enquêteurs ont décidé de passer à l’action (voir nos éditions de jeudi). Bruno Ciais les a conduits au corps de Romain Biesek, dissimulé dans la fosse septique d’une coquette maison, isolée au bout du chemin de la Chapelle. Une information judiciaire a été ouverte hier. La brigade de recherche de Nice poursuit ses investigations sous le contrôle d’un juge d’instruction niçois. Et il reste encore beaucoup de travail pour percer le mystère de cette pénible affaire sur fond de solitude et d’alcool.
Autopsie la semaine prochaine
Ce drame survenu dans le hameau de Peïra-Cava a eu l’effet d’un séisme auprès des 80 habitants qui côtoyait quotidiennement les deux hommes. «La mère de Bruno est une femme appréciée, très investie dans la vie de la commune », souligne Michel Calmet, le maire de Lucéram. « Les deux autres fils ont bien réussi », ajoute un habitant qui connaissait bien les deux protagonistes. Bruno Ciais travaillait à une époque dans le bâtiment, à l’instar de son père. Il s’était reconverti dans l’élevage mais avait du mal, en raison de son intempérance, à gérer ses vaches. Ils les avaient confiées cet été à un berger. Une énième dispute avec Romain Biesek, un homme à la corpulence bien plus impressionnante que Bruno Ciais, plutôt frêle, a tourné au drame. A priori, un seul tir a suffi à abattre la victime. Une autopsie du corps sera pratiquée la semaine prochaine. Romain Biesek, originaire du Nord, s’était installé il y a trois ans pour travailler à l’accrobranche du village avant d’être licencié. Il avait ensuite été embauché par la commune comme agent d’entretien. Son contrat venait de prendre fin. Il est décrit par ses voisins comme «charmant et serviable.» Depuis dimanche, des amis s’inquiétaient de ne pas le voir. Son beauceron était resté enfermé dans l’appartement. Depuis le drame, c’est la propriétaire du logement qui promène chaque jour le jeune chien dans les rues du hameau. Un hameau choqué qu’un crime ait pu se dérouler ici, dans ce décor idyllique du haut-pays niçois.