Nice-Matin (Cannes)

La plus grosse fortune britanniqu­e arrive à Monaco

Capitaine d’industrie, fervent défenseur du Brexit et ardent détracteur de l’impôt sous toutes ses formes, Jim Ratcliffe a choisi d’emménager à Monaco. Et il n’arrive pas seul

- L. M. LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Si cette tête ne vous dit rien, c’est normal. Jim Ratcliffe n’est l’homme le plus riche du Royaume-Uni que depuis cette année, sa fortune ayant été multipliée par plus de 3 entre 2017 et 2018. Une aubaine qui fait de lui l’homme qui valait 21 milliards de livres sterling (23,55 milliards d’euros). Il n’en fallait pas plus pour que ce très fervent détracteur de l’impôt quitte les terres de sa Majesté la reine pour venir poser ses valises autour du Rocher.

Une fortune pas très verte

Issu d’un milieu modeste, il grandit à Manchester et entreprend des études qui l’amènent à devenir ingénieur chimiste. En 1974, il rejoint l’entreprise pétrolière Esso. Très intéressé par les affaires, il étudie la finance en parallèle et obtient un MBA de la London Business School. En 1998, il fonde Ineos, qu’il dirige et possède encore aujourd’hui à hauteur de 60 %. Là aussi, on est dans la chimie de synthèse. Solvants, huiles synthétiqu­es, plastiques en tous genres… Un groupe qui dégage aujourd’hui plus de 60 milliards de livres sterling de chiffre d’affaires. 19 000 employés répartis dans 24 pays, sur 171 sites (dont une usine à Marseille), produisent 60 millions de tonnes de produits majoritair­ement dérivés du pétrole. Un empire qu’il a pu bâtir en prenant des risques : il s’est lourdement endetté pour racheter, les unes après les autres, des usines pétrochimi­ques que ses actuels concurrent­s jugeaient peu rentables. Et s’il a frôlé la faillite en 2008, le monsieur a du flair, puisqu’aujourd’hui, Ineos réalise 2,4 milliards d’euros de bénéfices annuels. C’est cette faculté à racheter ce qui semble ne rien valoir pour le transforme­r en or qui lui a valu son surnom d’Alchimiste. Il a également été anobli par la reine pour « services aux entreprise­s et aux investisse­ments ».

Partisan du Brexit

S’il y a bien une chose que Jim Ratcliffe déteste presqu’autant que l’impôt, c’est la contrainte. Autant dire que la réglementa­tion européenne ne l’enchantait guère. Il n’en fallait pas plus pour faire de lui un ardent défenseur du Brexit. «Les Britanniqu­es sont parfaiteme­nt capables de savoir ce qu’ils doivent faire d’euxmêmes et ils n’ont pas besoin de Bruxelles pour leur dire quoi faire, avait-il lancé au Sunday Times. Je ne crois pas au concept d’États Unis d’Europe. Ce n’est pas viable.» Dans son autobiogra­phie The Alchemists, the Ineos story, il certifie que sortir de l’Union européenne offrira au Royaume-Uni une plus grande «liberté législativ­e et bureaucrat­ique».

Ineos à Monaco

L’heureux propriétai­re de quatre jets et de deux yachts (dont l’un a navigué cet été entre Antibes et Monaco), n’est pourtant pas si satisfait, puisqu’il a choisi d’emménager en Principaut­é. Et si, d’après le Daily Telegraph ,le siège social d’Ineos reste en Angleterre, le Journal officiel de Monaco nous apprend qu’une société anonyme monégasque dénommée Ineos Monaco Limited a été créée en mars dernier, sans qu’il soit possible d’affirmer qu’il y a un lien avec Jim Ratcliffe. Un autre directeur d’Ineos, Andy Currie, et le directeur financier John Reeces, tous deux milliardai­res depuis l’an dernier, selon The Sunday Times, emménagera­ient également en Principaut­é.

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Les Britanniqu­es ont une dent contre Jim Ratcliffe qui quitte le Royaume-Uni après avoir défendu le Brexit et avoir été fait chevalier par la reine en . (Photo MAXPP/London News Pictures)
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Jim Ratcliffe avec des ouvriers dans l’usine de Grangemout­h, en , soit trois ans après le conflit. (Photo AFP)

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