Ho Lui se dessine à travers les visages des inconnus
Le célèbre artiste chinois qui oeuvre dans la rue James-Close met de côté les portraits de ses visiteurs. Désormais, à travers les traits de ses clients, il ne dessinera plus qu’un visage : le sien
ÀAntibes, il suffit de se balader quelques minutes avant de repérer une silhouette au crayon gris ou une petite sculpture sur un mur. Ça, c’est Ho Lui. Une enfance à Shanghai, des études à Paris, des milliers de portraits dans la cité des Remparts. Depuis qu’il habite la rue James-Close, l’artiste en a tracé, des coups de stylos bics. Une seule ligne pour dessiner un visage. Dans ce sourire qui le caractérise tant, il glisse : « J’ai toujours eu une facilité pour la ressemblance. » Mais derrière sa carrière de portraitiste, une idée l’a toujours torturé : « Est-ce que je gagne ma vie en flattant les gens ? ». Parce que oui, Ho Lui embellit les
personnes qu’il les dessine. Sans faire exprès. C’est naturel. « Alors, j’ai eu envie d’arrêter. Maintenant, je me dessine moimême. Et je me sens beaucoup mieux ! » s’exclame-til. Attention : cela ne veut pas dire qu’il ne prendra plus de modèle… Bien au contraire ! « Avant, il y avait toujours un peu de moi dans mes portraits. Maintenant, c’est le contraire. Il y a 5 % du modèle dans mon autoportrait. C’est un nouveau concept. » Le dessinateur a déjà tenté l’expérience. Cet été, lorsqu’une mère a pris la pose avec son bébé. « J’ai mis ma tête sur leur corps . Quand elle a vu le résultat, la femme était surprise mais elle a accepté» , raconte-t-il.
Entre ses rapides coups d’oeil entre le papier et l’humain, Ho Lui capte «la petite chose précieuse dans la personne en face » . Une particularité, un détail. De la gentillesse, de la mélancolie, le reflet des yeux, la courbe de ses joues. «Ce qui est beau, c’est qu’on ne fait plus qu’un dans le dessin, alors que nous sommes des inconnus», souligne-t-il. Ho Lui s’amuse à se comparer à Martin Luther. « Comme il a révolutionné la religion, je révolutionne l’art du portrait ! » Alors, à la fin de chacune de ses oeuvres, l’artiste signe désormais : «Ho Lui qui va devenir Martin Luther dans l’art. »