Migrants : Rome hausse le ton face à Bruxelles
Le Premier ministre Matteo Salvini a annoncé, hier soir, que son pays allait réduire sa contribution au budget de l’UE pour compenser l’absence d’aide financière pour le contrôle de ses frontières
Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio a confirmé, hier, son intention de réduire la contribution de l’Italie au budget de l’Union européenne, faute d’accord à Bruxelles sur le sort de migrants bloqués sur un navire italien. Hier soir, à l’issue d’une réunion, la Commission européenne a déclaré, que les menaces et les propos non constructifs n’avaient aucune utilité dans le débat. « L’Union européenne a décidé de tourner le dos à l’Italie encore une fois », a écrit Luigi Di Maio sur sa page Facebook, ajoutant que son pays n’avait alors pas d’autre choix que de « prendre de manière unilatérale, une mesure compensatrice ». « Nous sommes prêts à réduire les fonds que nous donnons à l’Union européenne », a-t-il ajouté, soulignant que l’Italie n’accepterait plus d’être « humiliée ». Le leader du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) est suivi sur ce point par l’autre chef de file de la majorité gouvernementale, le vice-Premier ministre Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite). « Si en Europe, ils font semblant de ne pas comprendre, étant donné que nous payons abondamment, on fera ce qu’il faut pour payer un peu moins », a déclaré, hier soir, Matteo Salvini, interrogé par une radio italienne.
« Les frontières de l’Italie sont celles de l’Europe »
Luigi Di Maio avait donné aux Européens jusqu’à hier, jour prévu d’une réunion informelle à Bruxelles sur la question migratoire, avant de confirmer ses menaces. « Ils veulent les 20 milliards payés par les citoyens italiens ? Qu’ils démontrent de le mériter et qu’ils prennent en charge un problème que nous ne pouvons plus affronter seuls. Les frontières de l’Italie sont celles de l’Europe », a encore écrit le vice-Premier ministre. « Trouver une solution pour les gens à bord est notre principale priorité, c’est ce sur quoi nous nous focalisons et c’est ce sur quoi nous pensons que chacun devrait se focaliser », a répondu Alexander Winterstein, porte-parole de la Commission européenne, lors d’un point de presse. « Ne nous lançons pas dans des accusations mutuelles. Nous croyons aussi que les déclarations non constructives, a fortiori les menaces, ne sont pas utiles et qu’elles ne nous rapprocheront pas d’une solution », a-t-il poursuivi. « L’Union européenne est une communauté de règles, et elle fonctionne sur la base des règles, pas des menaces. » La réunion qui s’est tenue, hier, à Bruxelles au niveau des haut fonctionnaires, intervient plus d’une semaine après le sauvetage de 190 migrants, du 15 au 16 août dernier en Méditerranée, par le Diciotti, navire des garde-côtes italiens. Ce dernier est à quai depuis lundi soir dans le port de Catane en Sicile avec encore environ 150 migrants à bord, les autres, dont une trentaine de mineurs, ayant été autorisés à débarquer. Matteo Salvini a confirmé, hier soir, qu’aucun autre ne serait autorisé à débarquer tant qu’une solution européenne ne serait pas trouvée.