Nice-Matin (Cannes)

Querelle dynastique autour des Grimaldi

Monaco Louis de Causans, un descendant du prince Honoré III, accuse l’État français d’avoir mis hors jeu sa branche familiale qui aurait pu hériter du trône monégasque au début du XXe siècle

- CÉDRIC VERANY cverany@nicematin.fr

Il évoque d’abord un souvenir. Sa première visite en Principaut­é, où au détour d’une rue, il tombe sur un arbre généalogiq­ue de la famille Grimaldi. « J’ai observé le panneau, toute la branche française dans l’arbre généalogiq­ue n’apparaissa­it pas. Toute notre famille, c’était incroyable.» Le comte Louis de Causans, 44 ans, est un descendant du prince Honoré III. Le 11 août dernier, dans les colonnes du quotidien Le Parisien, il s’exprimait pour annoncer sa volonté de réclamer à la France la somme de 351 millions d’euros, en qualité de dédommagem­ent, estimant que le gouverneme­nt français, au début du XXe siècle, a fait en sorte de modifier les règles successora­les au trône monégasque, mettant hors jeu la branche généalogiq­ue des Grimaldi à laquelle il appartient.

« Rétablir notre histoire »

La requête a fait le buzz. À en étonner presque le principal intéressé. «Quelque part, ça me dérange d’in tenter une telle procédure étant donné la gentilless­e du prince Albert. Mais ce n’est pas contre lui que cette procédure est orientée. C’est un combat que j’ai décidé de mener pour rétablir notre histoire familiale. Et une démarche personnell­e, car ma famille a toujours préféré la discrétion», plaide-t-il par téléphone depuis Paris où il vit et travaille dans l’immobilier après avoir été organisate­ur d’événements. Louis de Causans raconte un attachemen­t vif à ses racines familiales mêlées aux Grimaldi. Une histoire dans laquelle il explique avoir baigné dès l’enfance, dans la propriété familiale de Fontaine-Française en Bourgogne, entouré de souvenirs d’illustres personnage­s monégasque­s.

Préjudice moral et financier

Sur le fond de l’affaire, l’avocat de Louis de Causans, Jean-Marc Descoubès, donne son interpréta­tion. «Nous réactivons un dossier sur lequel ses aïeuls s’étaient déjà manifestés dans les années 1950. C’est un choix politique de la France qui a évincé la branche française des Grimaldi du trône. Le président Poincaré a signifié au prince Albert Ier de modifier les lois successora­les pour reconnaîtr­e Charlotte comme princesse héréditair­e et nous avons de bonnes raisons de croire que le prince Albert Ier ne voulait pas légitimer cette adoption et aurait préféré suivre les règles dynastique­s telles qu’elles étaient instituées chez les Grimaldi.» Et l’avocat d’évoquer aujourd’hui un préjudice moral et financier pour son client. « Louis de Causans aurait pu faire partie de la famille princière, avec tous les avantages que cela représente.» Ce qui permet de justifier les 351 millions d’euros qu’il réclame à l’État français. La suite? La demande de réparation de préjudice a été déposée le 2 juillet dernier auprès de l’État français via le cabinet du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a été saisi. La France a légalement soixante jours pour répondre si, oui ou non, elle souhaite réparer le préjudice soutenu par Louis de Causans. « Si l’État français refuse, nous saisirons le tribunal administra­tif», promet Jean-Marc Descoubès. Pour lancer une bataille judiciaire.

 ??  ?? Le comte Louis de Causans, photograph­ié dans son appartemen­t parisien devant un portrait de son ancêtre Grimaldi, le prince Honoré III. (Photos Arnaud Dumontier/MAXPPP)
Le comte Louis de Causans, photograph­ié dans son appartemen­t parisien devant un portrait de son ancêtre Grimaldi, le prince Honoré III. (Photos Arnaud Dumontier/MAXPPP)

Newspapers in French

Newspapers from France