Gémenos : avec le thé , Scop-Ti ne boit pas la tasse
Alors que 265 000 euros ont été collectés via une campagne de financement, la coopérative de thés et d’infusions des anciens salariés de Fralib, dans les Bouches-du-Rhône, vise l’équilibre financier en 2019
Ala pointe de l’économie solidaire et sociale, les exFralib ne lâchent rien ! Quatre ans après la très médiatique reprise de l’unité de production de Gémenos (Bouches-du-Rhône) au groupe Unilever qui la fermait pour délocaliser en Pologne et en Belgique, un nouveau président vient d’être élu à la tête de la société coopérative ouvrière provençale - Thés et infusions. Olivier Leberquier, militant de la première heure, vient d’être adoubé le 28 juin par l’assemblée générale de la Scoop-Ti. Il remplace à ce poste Gérard Cazorla qui a fait valoir ses droits à la retraite. Ca n’a l’air de rien. Mais l’emploi était la première motivation des repreneurs. « Nous avons pérennisé quarante emplois en CDI, rappelle le Marc Decugis, directeur général de la coopérative. Des salariés qui étaient menacés par le chômage, à quelques années de la retraite pour certains. Il nous reste encore trois salariés qui ont pris part à la lutte à embaucher ».
Nouveau packaging pour les produits maison
Pourtant tout n’est pas (encore) rose au pays du thé coopératif. « Le chiffre d’affaires progresse mais pas aussi vite que nous le voudrions, relève Olivier Leberquier. Les coopérateurs, qui regrettent la frilosité des banques à l’égard de leur entreprise, espèrent toujours arriver à l’équilibre au début de l’année 2019. Pour ça « il faut mettre l’accent sur le développement du réseau commercial », indique Marc Decugis. Ainsi, les deux marques phares de la Scoop-Ti : 1336 (comme les 1336 jours qu’avait duré la lutte), et Scoop-Ti, thé bio dont les matières premières, issues de circuits courts, viennent (sauf pour le Darjeeling) de la Drôme, vont bénéficier d’un nouveau packaging qui sera dévoilé en septembre. En seulement trois ans, le taux de pénétration du marché du thé 1336 (10 tonnes en 2015, 25 tonnes en 2016 et 38 tonnes en 2017), créé en 2015, a été qualifié d’« explosif » par les experts. « Notre objectif est d’en produire entre 80 et 100 tonnes » vise le directeur général A côté de ces deux références, la coopérative fabrique aussi des produits pour quatre marques de distributeurs, les plus importantes de France et aussi pour Le Temps des cerises – 17 références – vendues en jardinerie et pépinières. Enfin, elle a intégré le réseau des trois coopératives associées à la production du thé vendu sous l’étiquette Ethicable. «Ces dernières références représentent 80% de notre production en volume. Nous étions à 126 tonnes l’année dernière, on espère arriver à 200 tonnes en 2018. A terme on vise les 350 tonnes, glisse Olivier Leberquier. Nous produisons une soixantaine de références ». À côté de ses emblématiques produits, la Scoop-Ti peut aussi compter sur un formidable capital sympathie qui ne s’est pas tari. « La campagne de sociofinancement que nous avons lancée l’année dernière à la mi juillet lors du Festival d’Avignon et qui se poursuit a généré 265 000 euros de dons pour plus de 2275 donateurs », se réjouit le président.
Rachat immobilier collectif et solidaire
Enfin, le combat doit aussi se gagner sur le front de l’immobilier. « Nous finalisons un partenariat avec trois mutuelles, dans le but de racheter collectivement les 1200 m2 de terrain sur lequel fonctionne l’unité de production, à la métropole d’Aix-Marseille-Provence qui en est propriétaire », souligne Marc Decugis. La finalité de l’opération est d’épargner à la Scoop-Ti des redevances de loyer pénalisantes, de l’ordre de 240 0000 euros par an. « Au terme du rachat, lorsque les mutuelles s’implanteront sur le site, nous réglerons des loyers pour rembourser un prêt bancaire », vulgarise Olivier Leberquier. La Métropole doit maintenant faire une offre de prix.