La maison brûle...
Alors qu’elle avait été plutôt indulgente jusqu’ici envers Emmanuel Macron, la militante du droit des animaux a fait part d’un changement radical de sentiment envers le chef de l’Etat en raison des arbitrages annoncés, lundi, sur la future réforme de la chasse. « Je suis furieuse contre Macron. Alors que j’ai eu un petit espoir quand je l’ai rencontré le 24 juillet à l’Elysée, cet espoir s’est envolé », a-t-elle déclaré, hier en fin d’après-midi, sur BFMTV. « Je suis très sévère depuis hier avec Emmanuel Macron, quelqu’un qui peut à ce point là se mettre à genoux devant des assassins, parce que les chasseurs sont des assassins », a-t-elle ajouté. Nicolas Hulot « a été certainement aussi horrifié que moi par l’allégeance de Macron devant les chasseurs », a insisté la présidente de la Fondation Bardot. Tout en mettant la dernière main à la préparation de la réunion qui devait se tenir hier soir au Hall des expositions de Brignoles à propos des nouvelles dispositions pour la saison 2018-2019, le président de la Fédération départementale des chasseurs du Var a appris sans regret ce mardi matin la démission du ministre de la Transition écologique. « Nicolas Hulot s’était prononcé contre la réforme qui est actuellement menée autour de la chasse, rappelle Marc Meissel. Il n’était plus en phase avec ce que disait « Aujourd’hui est un jour de deuil, pas par le départ de Nicolas Hulot, mais par la politique suicidaire, inadmissible, du gouvernement qui condamne la biodiversité en encourageant la destruction des espèces », a insisté Brigitte Bardot dans un communiqué, loin de pleurer le ministre. « Il ne s’est pas imposé, il n’a rien fait de son secrétaire d’État. Sébastien Lecornu, lui, a mené cette réforme aux côtés des secteurs de la ruralité et de la chasse. » Et le résultat des négociations répond « en tous points » aux attentes des chasseurs varois. «Nous avons obtenu la réduction de 50 % du montant des permis de chasse, se félicite M. Meissel. Mais également la mise en place de la chasse dite adaptative, ainsi que la planification de la législation à propos des dégâts causés par les gibiers ». Au final, cette journée de lundi se révèle en tous
« C’est catastrophique ! » « Ce n’est pas sa démission qui est courageuse, mais c’est son entrée au gouvernement qui l’a été en son temps! » Le Lorguais Bernard Astruc, le seul Varois qui avait participé aux états généraux de l’alimentation (EGA) l’année dernière, analyse le retrait d’un homme qu’il connaissait personnellement. «Cette démission met fin à tout espoir de transition écologique, regrette Bernard Astruc, président-fondateur de Bioconsom’Acteurs Paca France. Nicolas Hulot ne pouvait plus continuer à tourner en rond! Lui-même a annoncé il y a quelque temps qu’il se surprenait “tous les jours à renoncer”. Aujourd’hui, il ne peut plus s’accommoder de “petits pas”, et il est par conséquent épuisé par ce combat. » Cette démission est «catastrophique» aux yeux de Bernard Astruc. «Nicolas Hulot portait des espoirs énormes. C’est le pire qui pouvait nous arriver aujourd’hui.» D. Z. positif, c’est très bien qu’il s’en aille, je suis ravie », a-t-elle estimé sur BFMTV. « Quand on a le pouvoir d’un ministre, on s’impose, on ne se laisse pas entortiller par Pierre, Paul, Jacques, Emmanuel. »
« Il est dangereux » Brigitte Bardot, qui avait salué la nomination de Nicolas Hulot en 2017, a régulièrement critiqué l’action du ministre et avait même appelé cet été à sa démission. On se souvient, en effet, que dans une interview publiée dans nos colonnes le 12 août dernier, Brigitte Bardot n’avait pas été tendre envers lui : «Cetypeme fait peur car il est dangereux. Tout ce qu’il fait est destructeur. », nous avait-elle confié, prodiguant même un conseil au chef de l’Etat : « Je lui conseille de changer de ministre lors du prochain remaniement. » points réussie pour les chasseurs : «Nous sommes plus que satisfaits ! Et nous considérons cette journée comme une date historique», s’enflamme-t-il. C’est au lendemain de cette rencontre que Nicolas Hulot a rendu les armes. Faut-il y voir un abandon consécutif à cet échec ? « Nicolas Hulot n’était plus en phase avec ce que disait son secrétaire d’État, souligne le président des chasseurs varois. Ce qui signifie, et c’est plus grave, qu’il n’était plus en phase avec le président de la République ! » La France mène-t-elle une bonne politique sur le plan climatique ? Alors oui, dans les textes oui, c’est parfait. Que ce soit d’ailleurs à la fois dans l’actu internationale et en France, les accords de Paris ont une cohérence. C’est parfait si ce n’est qu’à mon sens il manque un volet agriculture trop souvent négligé. Après, en réalité, c’est autre chose… Les chasseurs varois se refusent néanmoins à « tout procès d’intention ». « Contrairement à Dominique Voynet (ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement de juin 1997 à juillet 2001, Ndlr), que nous avions attaqué en son temps, nous n’avons rien contre Nicolas Hulot aujourd’hui. Mais, en ce qui concerne son successeur, nous souhaiterions un ministre proche de la ruralité. Et qui puisse suivre les intentions d’Emmanuel Macron, qui ne nous mène pas en bateau ». « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. » Emmanuel Macron peut désormais faire sienne la fameuse maxime chiraquienne. Lui à qui tout souriait, de manière indécente, empile à présent les revers avec une poisse aussi collante que le sparadrap du capitaine Haddock. La démission à la hussarde de Nicolas Hulot dépasse toutefois largement les états d’âme d’un écorché vif et la fragilisation d’un Président qui accumule les balafres. Si crise politique il y a bel et bien, l’essentiel n’est pas là. « Je n’y crois plus. » Les mots de Hulot nous renvoient à une irresponsabilité collective. La conscience écologiste a, aujourd’hui, imprégné les esprits, sans bousculer pour autant nos modes de vie avec la radicalité indispensable. La question de l’écologie pâtit encore d’une approche culturelle déficiente. A sa façon brutale, Nicolas Sarkozy a tout dit hier du peu de cas qu’en fait une grande partie de la classe politique : « Qu’il y ait M. Hulot ou pas, la question de l’immigration est centrale. Qu’il y ait M. Hulot ou pas, la question du montant des impôts qu’on paie ou pas est centrale, c’est tellement plus important, passionnant (que la démission du ministre, ndlr) .» Si Hulot n’a pu infléchir la tendance, qui y parviendra ? Au-delà d’une insatisfaction chronique, il aura malgré
tout fait avancer « Une goutte d’eau la cause verte. Comme beaucoup dans un océan
d’autres avant lui, de renoncements. » et après lui. Car Nicolas Hulot, quelle que soit son incarnation médiatique de l’écologie depuis trente ans, n’en détient pas le monopole. On peut même considérer, à l’instar d’Alain Juppé, que son départ va participer de son oeuvre et créer « un électrochoc qui nous incitera tous à réfléchir et à changer ». Restent des lobbies qui lui survivront et une situation internationale peu propice à un big bang écologique, les émissions de gaz à effet de serre étant notamment reparties à la hausse. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », disait Jacques Chirac au Sommet de la Terre de Johannesbourg. C’était en septembre . Seize ans plus tard, le feu a encore gagné du terrain. A l’aune des couardises mondiales, en particulier du
mépris criminel de Donald Trump pour la protection de la planète, le départ de Nicolas Hulot s’apparente hélas ! à une goutte d’eau dans un océan de renoncements. Il nous laisse face au même dilemme : l’écologie des petits pas relève-t-elle du réalisme ou du cache-misère ? Quels sont justement les aspects positifs et négatifs mis en place par l’Etat jusque-là ? Eh bien, il semblerait que les mots « climat » et « environnement » n’aient pas beaucoup été utilisés par Emmanuel Macron et Edouard Philippe depuis leur élection ! Ça me semble difficile d’atteindre l’objectif zéro carbone en . Pour ça, encore faudrait-il arriver à la diminution des gaz à effets de serre. Cela demande des investissements, pas simplement dans les textes mais surtout dans les actes, on en est loin. Encore une fois, sur le climat, les textes sont là mais la concrétisation des actes n’y est pas. On est en train d’essayer des choses comme le renouvelable en mais l’objectif ne sera pas atteint. Il n’y a pas de respect des lois ni des objectifs. La biodiversité, le glyphosate sont des sujets trop peu exploités. Dernièrement, et c’est autre chose, la désillusion sur la prise de position de l’État, clairement électoraliste, sur la chasse. Je regrette sa décision mais je la comprends… C’est difficile honnêtement d’être objectif et positif pour l’avenir. On n’en voit pas le chemin. On ne change pas nos modes de fonctionnement alors que le climat, qui devrait être la priorité numéro un, ne l’est finalement pas.