« Ils étaient souriants, adorables... à part le jeune »
« Il avait des troubles psychologiques ? » Visage grave, regard interloqué, cette dame salue ses voisins en partageant son incompréhension. Michel et Henriette, 70 ans, se disent pour leur part «sidérés ». Comme tous les habitants de la Résidence du
square au Cannet-Rocheville. « On aurait tout imaginé, sauf un drame pareil ! »
Ces septuagénaires ne connaissaient pas l’assassin présumé. Mais ses parents et sa soeur, oui. « De braves personnes, très sympathiques, très calmes », témoignent-ils. « Des gens gentils, prévenants, souriants. Ils reflétaient la tranquillité, la sérénité que l’on recherche, nous, les Cannettans et Rochevillois », renchérit le patron de la police municipale, Alain Cherqui. La famille Bitar se plaisait manifestement sur les hauteurs du boulevard Carnot. « Ils voulaient acheter leur appartement. Mais ils n’étaient pas d’accord sur le prix » ,indique Albert Abitbol, le président du conseil syndical.
Cette famille libanaise avait pris la suite de l’ostéopathe Fabrice Dureghello, lorsque celui-ci avait transféré son cabinet à un autre étage de l’immeuble, en 1997. Depuis, il était l’ostéo attitré de cette famille attachante. « Probablement les gens les plus gentils, humbles, modestes et discrets de toute la copropriété, confie-t-il entre deux consultations. La petite, je l’ai vue naître. Madame me faisait des petits plats. Ils étaient toujours souriants, équilibrés, d’humeur égale, heureux de vivre. Des gens adorables... à part le jeune, qui a toujours été très introverti. »
« Un gentil père »
Avec sa mince silhouette et ses traits amaigris, Bernard Bitar « rasait les murs », selon Fabrice Dureghello. « Il était fragile, complexé. Mais c’est
un garçon intelligent. » Les proches de la famille décrivent un jeune homme préférant vivre la nuit, privilégiant la compagnie des jeux vidéo à la société réelle, probablement atteint de troubles psychologiques. D’après les premiers éléments recueillis par la PJ, Bernard Bitar aurait fomenté son geste fatal de longue date. Il réfléchissait au mode opératoire le plus adapté à son funeste projet : tuer ses parents et sa soeur. « Je ne pense pas que Bernard était malheureux » ,objecte pourtant Aldo Dehaini. Le patron d’Al Charq, restaurant libanais situé à deux pas de la Croisette, est incrédule. Il a perdu en la personne de Georges Bitar son partenaire de backgammon et bien audelà. «C’était mon ami depuis vingt-cinq ans. Un chrétien pratiquant qui n’avait jamais fait de mal à personne. C’était une famille magnifique... » Attablé en terrasse, Aldo soupire. Il décrit Bernadette, jeune brune rayonnante qui travaillait à deux pas de là,
au 3.14. « Elle avait tout pour elle : belle, gentille, elle parlait quatre langues... » Il évoque Yolla, cette « belle femme » de 61 ans, que « chacun connaît au marché Rocheville. » Et son ami Georges, « grand, maigre, cheveux, blancs... Il était en bonne santé. » Chez Al Charq, tous les employés sont « un peu traumatisés ». Aldo, lui, ne comprend pas. Il repense à Bernard. « Il était spécial, il restait chez lui. Sa mère s’occupait toujours de lui. Quant à Georges, il vit pour ses enfants ! Un jour, j’ai compris qu’il restait tard chez moi pour ramener Bernard après le casino... Il était un gentil père. »