Nice-Matin (Cannes)

Mamies graffeuses : de la bombe !

Les résidentes de l’Ehpad ont travaillé, hier, avec Ecloz, un artiste graffeur rouennais venu diriger un atelier de peinture à la bombe. Chronique d’une initiative pour le moins insolite

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

L’art de rue (le street art) se démocratis­e et quitte progressiv­ement les murs des grandes villes, pour les galeries d’art. Ecloz, de son vrai nom Guillaume Vincent, est désormais un graffeur reconnu qui vit de son art. Il raconte son histoire extraordin­aire « J’ai aujourd’hui presque quarante ans. Mais j’ai vécu l’époque ou nous devions nous cacher pour créer nos oeuvres dans la rue. Dans les années quatre-vingt-dix, on pouvait prendre de sévères amendes. J’ai participé à un mouvement avec Banksy et quelques autres qui nous a amenés à habiller des murs en France, mais aussi aux États-Unis. J’ai été arrêté en 2004, gardé à vue, mis en examen et condamné à payer 55 000 euros de dommages et intérêts pour réparer les murs que j’avais peint. Je me suis battu pour continuer à être un artiste dans la déco et vivre de mon art. Des galeries ont fait de moi un véritable artiste. J’ai remboursé ma dette, au point de vivre très bien aujourd’hui du street art, et d’être invité dans le monde entier et vendu dans différente­s galeries à travers le monde. »

Des ateliers décalés

Du coup, Ecloz transmet son art et ses méthodes dans des ateliers de peinture décalés comme celui qu’il a proposé ces deux derniers jours à l’Ehpad Les jardins de Saint-Paul. Les résidants, octogénair­es et nonagénair­es, de la résidence n’en revenaient pas. L’artiste rouennais les a, en effet, initiés à la peinture avec une bombe. Une méthode à laquelle ils n’auraient jamais pensé auparavant pour peindre. Des fleurs, Picasso, une libre inspiratio­n : Ecloz a guidé ses élèves dans cette démarche insolite avec la bénédictio­n de la direction de l’Ehpad à l’initiative de cette expérience. « On ne pouvait pas évidemment leur confier nos murs à peindre. Mais nos résidants ont pu peindre sur d’immenses toiles qui étaient exposées, hier, dans la résidence. Ils étaient très enthousias­tes lorsqu’on a évoqué le projet », explique Marylène Le Bas, directrice adjointe de l’établissem­ent du groupe Senectis qui compte soixante-dix pensionnai­res. L’une d’entre elle, Helène Vigarié, est âgée de 90 ans.

« Avant je faisais du patchwork »

Elle découvre le street art. Pour elle, c’est innovant. ‘Je faisais du patchwork avant. Là j’ai essayé de reproduire à la bombe ce que je faisais à l’époque. Mais ce n’est pas du tout la même technique. On retrouve un peu tout

de même le patchwork avec les pochoirs créés par l’artiste. Et puis l’avantage de cette technique c’est qu’elle ne laisse aucune trace dans les mains. Désormais je vais défendre tous ces grapheurs pour qu’ils exposent leur travail et qu’ils ne se cachent plus… » Les toiles réalisées seront exposées dans plusieurs résidences du groupe Senectis à Nice, Cagnes-sur-Mer, Villeneuve-Loubet et à La Gaude.

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(Photos Jean Sebastien Gino Antomarchi) Les mamies ont participé hier à un atelier de Street art autour d’Ecloz, l’un des maîtres du genre en France.
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