LE HAMEAU DE CARIMAÏ RASÉ
Presque trois ans après le drame du 3 octobre 2015, qui a emporté une vie et saccagé 36 maisons, la destruction est en cours mais les ex sinistrés se battent pour la vérité
Presque trois ans après la vague du octobre qui a englouti ce petit hameau de logements sociaux au Cannet, faisant un mort, une vaste opération de destruction a débuté. Sur ce site, est prévu un bassin de rétention. Mais familles d’ex-sinistrés attendent des réponses de la justice.
Sur un mur encore debout, un tag poignant : « On veut rentrer chez nous». Message vain. Laissant place bientôt à une immense mer de gravats. De grosses pinces de pelleteuses dévorent les murs, font dégringoler les toits, concassent le béton, et broient la ferraille. C’est le paysage de désolation qui a remplacé le hameau de Carimaï. Dévastées par la vague du 3 octobre 2015, les 36 petites villas de l’OPH lovées sous l’autoroute A8 seront d’ici à la fin septembre réduites en poussières. Le soir du drame, une habitante Danielle Peters, 68 ans, résidant dans la seule maison sans premier étage, a été emportée par les flots et la boue, son corps retrouvé sans vie des kilomètres plus bas. Carimaï, c’est une plaie qui se referme difficilement pour les familles sinistrées. Elles auront espéré longtemps pouvoir rentrer chez elles. Avant que la décision de la préfecture n’écarte définitivement cette éventualité. Relogées, elles restent fortement marquées par cette nuit cauchemardesque. Un drame dont les engins de destruction effacent depuis début juillet les traces. Les stigmates.
Deux maisons par jour
Sous l’égide de la CACPL, qui a récupéré la gestion du site, le chantier annoncé pour avril a finalement débuté en juillet. Assuré par l’entreprise Tama, il a commencé par le tri et le curage dans chaque maison. Boiseries et fenêtres ont été retirées à la main afin d’être recyclés. Les voitures épaves évacuées. Après quinze jours d’interruption début août, la vaste opération de destruction a repris. Cinq engins et une quinzaine d’ouvriers s’activent actuellement. « Reste un tiers des maisons à détruire d’ici à la fin septembre au rythme de deux maisons par jour » précise Marc Maisonnave, directeur de la maîtrise d’ouvrage à la CACPL. En tout, 4000 m² de débroussaillage, 3000m3 de gravats, 2000 m² de chaussées détruites. Le coût de cette démolition de 440 000 est entièrement financé par l’assurance de l’OPH Cannes Lérins consécutivement à la déclaration de catastrophe naturelle. Un OPH qui se dit perdant sur ce dossier. « On avait espéré profiter du fonds Barnier pour le capital restant dû pour l’acquisition du bâti de 1,2 Me. mais nous n’y avons pas droit « explique Pascal Vérot, directeur général de l’OPH. On a soldé cette somme, ce qui ne met pas en péril les finances de l’OPH mais qui va avoir un impact sur les investissements futurs ».
Bassin de rétention
Début octobre, le petit hameau ne sera plus qu’un terrain vague de 8 600 m² planté de palmiers et traversé par la Frayère. Effacées, plus de trente ans de vies. L’avenir du site ? C’est un bassin de rétention qui est envisagé. « Sa construction dépend de la logique d’aménagement hydrolique du bassin versant. C’est à l’étude, indique Marc Maisonnave qui estime que ces travaux ne seront pas réalisés avant 2021».