Nice-Matin (Cannes)

De la guerre au Burundi aux spots de Ninja Warrior

Rescapé d’un génocide, Jean-Baptiste Alaize, athlète paralympiq­ue, quadruple champion du monde va participer ce soir au prime time de TF1. Une aventure inoubliabl­e

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Le parcours de Jean-Baptiste Alaize éveille deux sortes d’émotions. De l’effroi, d’abord. Puis de l’admiration. Né au Burundi, il n’a que trois ans lorsque sa famille – d’origine Tutsi – est massacrée. Lui s’en sort avec une jambe en moins. Adopté par une famille française, il grandit dans la Drôme et apprend à vivre avec son handicap. Le sport est sa planche de salut ; il apprend à se surpasser. Quels que soient les obstacles. Il s’installe à Saint-Raphaël en 2015 et devient, très vite, l’une des étoiles de l’AMSLF (1). Quadruple champion et recordman du monde du saut en longueur, à 27 ans, il vient encore d’arracher le bronze au Championna­t d’Europe handisport de Berlin. Désormais installé à Golfe-Juan, il se retrouve, de façon inattendue, devant les caméras de TF1.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans Ninja Warrior ?

J’ai reçu un coup de fil de la prod’ qui me proposait de participer à l’émission. [Il

‘‘ sourit] Je pense que c’est mon parcours de vie, autant que mon palmarès, qui les ont intéressés.

Vous avez accepté sans hésiter ?

Bien sûr ! C’est un programme que j’aime énormément. J’ai été flatté, aussi, qu’on me propose de me mesurer à des champions valides à  %. Cela fait des années que je milite pour abolir toutes ces différence­s !

Vous avez dû suivre un entraîneme­nt particulie­r ?

Absolument. Ninja Warrior, ce n’est pas de la tarte, croyezmoi ! Rien à voir avec un parcours d’accrobranc­he. C’est du sérieux. Il faut être au top du top. J’ai été pris en charge par un coach pendant trois semaines. Et, tout sportif que je suis, j’en ai bavé…

Qu’est-ce qui vous a le plus attiré dans l’aventure : le gain possible de   € ou l’aspect compétitio­n ?

Les deux, mon général ! Personne ne crache sur une somme pareille. Mais sincèremen­t, c’est davantage l’idée de me mesurer à d’autres athlètes qui m’a fait triper.

Ces autres athlètes, justement, comment vous ont-ils considéré ?

D’abord, avec un brin de curiosité. Puis, je crois, avec beaucoup de respect. Ils savent combien c’est difficile pour une personne valide. Alors, lorsqu’on doit faire avec une prothèse…

Pas vraiment, parce que je le connaissai­s déjà : on s’est rencontrés l’an dernier aux Étoiles du sport au Puy du Fou. On a passé la semaine ensemble, c’était très chouette.

Rencontrer Denis Brogniart, c’est intimidant ? Et Iris Mittenaere ?

[Il éclate de rire] Je vais être franc : je ne suis pas très branché sur l’élection des Miss. Je n’ai su qu’après qu’elle avait été élue Miss Univers ! Mais c’est clair, cette jeune personne ne passe pas inaperçue…

Qu’est-ce qui est le plus impression­nant : un championna­t du monde ou les caméras de TF ?

Franchemen­t, je crois que cette expérience est à part. C’est inoubliabl­e. De tout ce que j’ai fait, ça a été le plus difficile. J’en parlerai à mes enfants… lorsque j’en aurai ! [Il rit] En espérant que Ninja Warrior existera encore à ce moment-là.

Aujourd’hui, vous êtes toujours membre de l’AMSLF… Bien sûr ! ... Mais vous avez déménagé dans les Alpes-Maritimes. Pourquoi ?

C’est à cause de mon travail. Depuis mai, je suis agent immobilier le matin à Antibes et je m’entraîne l’après-midi à Fréjus. J’ai choisis de poser mes valises entre les deux – par commodité.

Votre prochain défi ?

Les Mondiaux à Dubaï en . Avant, évidemment, les Jeux olympiques de Tokyo en  !

Croyez-moi, ce n’est pas de la tarte ! Il faut être au top”

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« Les autres athlètes savent combien c’est difficile pour une personne valide, assure Jean-Baptiste Alaize. Alors, lorsqu’on doit faire avec une prothèse… » (Photo DR/Laurent VU/TF)

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