Nice-Matin (Cannes)

Sara Fendalah a l’instinct de survie

Sara Fendalah a participé à l’émission Retour à l’instinct primaire qui sera diffusée ce soir sur RMC Découverte. Et raconte comment elle a vécu cette expérience hors du commun

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Après le Golfejuann­ais Patrick Saint-Lazare, c’est au tour d’une Valbonnais­e de passer à la télé pour l’émission Retour à l’instinct de survie, diffusée ce soir (20 h 50) sur RMC Découverte. Sara Fendalah, 33 ans, a quitté son quotidien urbain – bien qu’elle vive dans la « campagne valbonnais­e» – pour la forêt croate. Une hêtraie du nord-est du pays dans laquelle elle s’est lancée pour une mission de survie de 21 jours, en binôme, nue, pour un programme télévisé diffusé en prime time. C’est donc à la limite de la frontière hongroise que l’ancienne « gratte-papier », en partie reconverti­e à la scène – elle est comédienne en plus de travailler dans l’immobilier –, a vécu cette aventure hors du commun. Si Sara Fendalah a l’âme d’une aventurièr­e, elle a pourtant « toujours voulu vivre dans un monde de paillettes ». Un paradoxe qui traduit un champ de vision dynamique et sauvage de la vie. À l’image de son aventure.

Alors, c’est comment la vie dans le nord-est de la Croatie ?

Disons qu’il fait froid [rires]. Les hêtres sont des arbres immenses et, même la journée, on ne voit presque pas le soleil.

Aviez-vous des prédisposi­tions pour vivre dans de telles conditions ?

Mon compagnon est un ancien commando très sportif. Quand on s’est rencontré il m’a rapidement traîné dans des randonnées pas possibles. Je me suis par exemple retrouvée à faire de la randonnée dans la neige alors que j’étais enceinte de sept mois. Ça fait déjà quelques années qu’on pratique des activités dans des conditions extrêmes. Nous sommes ensemble depuis  ans et ça fait  ans que c’est comme ça. Même la maison est un milieu hostile !

Mais la forêt croate, c’est tout de même plus extrême, non ?

Quand j’ai postulé pour ce casting, je ne savais pas trop dans quoi je mettais les pieds. On m’a demandé si je m’y connaissai­s en survie. Avec mon conjoint ancien commando et moi qui ai grandi à la campagne avec ma grandmère, je suis arrivé avec quelques notions. Petite, j’ai appris beaucoup de choses comme faire de la corde, de la poterie. Et ça m’a servi. J’ai notamment pu faire un peu de poterie pendant mon aventure. Au départ, l’équipe de l’émission qui avait vérifié le biotope () ne savait pas qu’il y avait de l’argile sur place. Or en longeant la rivière, on a trouvé de l’argile. Ma grand-mère m’a aussi appris à faire de la vannerie () et ça m’a également servi.

Comment la poterie et la vannerie vous ont aidé à survivre ?

C’est quelque chose qui peut être utile sur n’importe quel biotope. Avec la vannerie, on peut faire des pièges à écrevisses et à poissons, on peut faire des paniers pour ramasser des fruits, on peut faire des sacs à dos…

Que retenez-vous de votre aventure ?

Je l’ai vécu assez difficilem­ent. C’était très intense. Je n’avais pas spécialeme­nt peur des bêtes qu’il pouvait y avoir, même si quelques-unes nous marchaient dessus pendant la nuit. Mais ce n’est pas ça qui me dérangeait le plus. Par contre, le froid était très contraigna­nt. Il fallait maintenir continuell­ement le feu et vraiment avoir l’oeil dessus. Il fallait amasser des stocks de bois, construire un abri isolé parce qu’on grelottait au moindre courant d’air à l’intérieur. Il fallait penser à beaucoup de choses comme par exemple l’orientatio­n de l’abri afin de se protéger du vent et évacuer efficaceme­nt la fumée du feu.

À quelle faune avez-vous été confrontés ?

Il y avait des sangliers, des cervidés, des renards. Mais pas de gros prédateurs.

Quels ont été les moments les plus difficiles à vivre ?

On ne peut pas contacter ses proches. Ça, c’est très dur. Quand on a des enfants, on a envie de leur parler tous les jours, leur dire bonne nuit le soir, les prendre dans ses bras le matin. Mais ma motivation principale était de ne pas abandonner. Sinon, quelle image de leur maman mes enfants allaient avoir ? Je suis partie en me disant qu’abandonner en conditions de survie, c’est mourir. Et je n’ai pas envie de mourir. Si vous baissez les bras dans de vraies conditions de survie, c’est synonyme de fin. On ne peut pas se le permettre. Nous étions dans le cadre d’une émission de télé mais dans la vraie vie, c’est terminé. Bon, ça se comprendra­it dans le cas d’une raison médicale car ce n’est pas complèteme­nt la vraie vie. Mais, même dans le cadre d’une émission de télé, je suis partie en me disant que je pouvais aller au bout par mes propres moyens.

Vous avez commis des « erreurs » de survie ?

Il y a des choses à ne pas faire comme boire de l’eau dans n’importe quelles conditions. Il y a beaucoup de choses que l’on ne voit pas dans l’eau. Par exemple, la faire bouillir avant de la boire, c’est la base. Après, tout dépend aussi du climat dans lequel on est. Si on voit une rivière qui est propre, il peut y avoir une charogne en amont. On ne sait pas. Mais j’ai quand même fait une erreur. J’ai goûté à une plante qui en fait était toxique. Je la trouvais agréable à regarder et j’imaginais les pétales sucrés… mais on ne peut pas en dire plus avant la diffusion.

Comment avez-vous vécu la nudité pendant le tournage ?

Je fais déjà du naturisme. Je respecte les uns et les autres mais je ne suis pas spécialeme­nt pudique. Donc ce n’est pas quelque chose qui m’a dérangé. Un corps, ce n’est qu’un tas d’os et de muscles au final. C’est quelque chose qui est matériel. En revanche, l’aspect mental est primordial dans ce genre d’aventure.

Et les caméras, elles ne vous ont pas gênée ?

Ce n’est pas tellement les caméras qui m’ont gênée. C’était plus le drone. Il volait la journée. Quand il passait au-dessus de nous, il créait un courant d’air. Et nous, comme on est tout nu, on est gelé en dessous ! La chaleur, on peut plus facilement se débrouille­r pour y faire face. Le froid, c’est compliqué. On n’avait rien pour se vêtir.

Votre casting est intervenu très tard…

J’ai été casté fin mai, contrairem­ent à la plupart des autres candidats, qui ont eu leurs castings en décembre. Du coup, tous savaient plusieurs mois à l’avance qu’ils partaient et avaient le temps de se préparer. Moi je n’ai eu qu’une semaine…

C’était plus difficile que ce que vous imaginiez?

Oui clairement. Surtout dans ce type de biotope, même s’il est plus proche de ce que l’on peut connaître par exemple en Ardèche. Je savais quels types de petits animaux on pouvait y trouver, quelles baies… mais je n’espérais pas ce type de climat. Les animaux que l’on pouvait chasser étaient essentiell­ement nocturnes. Or la nuit, il faisait froid et on n’y voyait rien.

Abandonner en condition de survie, c’est mourir ” La nuit, il faisait froid et on n’y voyait rien ”

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