Qui en voulait aux
Dix personnes sont jugées à partir de demain à Aix-en-Provence pour le double assassinat, à Nice en 2014, de la riche monégasque Hélène Pastor et de son chauffeur
Plus de quatre ans après le double assassinat survenu à Nice le 6 mai 2014 , le procès dit de « l’affaire Pastor », s’ouvre demain après-midi à Aixen-Provence, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône présidée par Pascal Guichard. Dix accusés dont six détenus comparaissent pour avoir participé directement ou indirectement aux meurtres d’Hélène Pastor, 77 ans, milliardaire monégasque, et de Mohamed Darwich, 56 ans, son chauffeur-majordome. L’accusation sera portée par l’avocat général Pierre Cortes. Les débats devraient durer un mois. Au sommet de la pyramide des accusés, il y aura Wojciech Janowski, gendre d’Hélène Pastor, consul de Pologne à Monaco, qui doit répondre de complicité d’assassinats en bande organisée, guet-apens, et participation à une association de malfaiteurs. Il est considéré par le juge d’instruction comme le commanditaire. Ce qu’il conteste formellement comme il nous l’a confié dans nos éditions du 24 février depuis sa cellule des Baumettes. «Un couple innocent a été arrêté à tort, une famille détruite. Je suis innocent », a martelé l’exconsul de Pologne de Monaco. «La déclaration de Wojciech Janowski est un tissu d’inepties, de mensonges, d’affabulations dont pas un seul mot n’est exact, mais la justice jugera», avait alors réagi Gildo Pastor, partie civile, fils de la victime. Pascal Dauriac, coach sportif de Janowski, désigné comme la cheville ouvrière des crimes, est poursuivi, lui aussi, pour complicité d’assassinat. Il a demandé à son beaufrère, Kader Belkhatir, de recruter des tueurs. Salim Youssouf, gendarme auxiliaire a fourni les munitions. Lui aussi est jugé comme complice tout comme Omer Lahore. Al-Haïr Hamadi est considéré, lui, comme le guetteur devant l’hôpital l’Archet, Samine Said Ahmed, étant, selon les enquêteurs, le tueur. Anthony Colomb doit répondre, lui, du délit connexe de participation à une association de malfaiteurs. Particularité de ce procès criminel, Francis Pointu est renvoyé pour le délit de faux témoignage. Ce repris de justice aurait été payé par Katrzyna Janowska, nièce de Wojciech Janowski, pour disculper le consul polonais.
Personnage ambigu
Ce procès très médiatisé réunira des ténors: vingt-quatre avocats du côté de la défense feront face à sept avocats des parties civiles. Parmi les témoins très attendus, il y aura Patrick Boffa, détective privé engagé par Hélène Pastor. Le 16 juin, il se confiait en exclusivité à Nice-Matin . Durant vingt-quatre ans, il a enquêté sur Janowski (1), révélant dès 1990 dans un rapport toute l’ambiguïté du personnage: «Il semblerait qu’il n’a d’autre occupation que de tuer le temps avec ses divers projets quasiment mythomanes. [...] De nature assez prétentieuse, il profite de sa liaison actuelle pour s’affirmer et paraître plus que ce qu’il est.» Le détective a témoigné que la milliardaire craignait d’être assassinée par son gendre, redoutant un empoisonnement. La milliardaire le décrivait comme « un gourou qui avait la main sur sa fille et la dirigeait ». Selon le détective, Hélène Pastor lui avait demandé d’amener le fruit de ses investigations à la police au cas où elle serait assassinée. Ce qu’il fit dès le 7 mai.