Nice-Matin (Cannes)

Macron ne touchera pas aux droits de succession

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Emmanuel Macron exclut de modifier les droits de succession durant le quinquenna­t, après les déclaratio­ns de Christophe Castaner, délégué général de La République en marche (LREM), qui a dit vendredi « ouvrir une réflexion sans tabou sur la fiscalité des succession­s » afin de lutter contre la « progressio­n des inégalités de naissance ». Le président « a formelleme­nt exclu toute modificati­on des droits de succession sous sa présidence », a fait savoir, hier, l’Elysée. Christophe Castaner avait alors précisé qu’il ne s’agissait pas « d’annonces » mais d’une piste de réflexion du parti majoritair­e. L’impôt sur la succession « est complexe, il est mal accepté, il n’a pas vraiment suivi l’évolution de la société et les nouvelles formes familiales », avait souligné M. Castaner, qui est par ailleurs secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, lors d’une conférence de presse à Paris.

« Arrêtez d’emmerder les retraités »

Début 2017, un rapport de l’organisme public France stratégie alors dirigé par l’économiste proche d’Emmanuel Macron, Jean PisaniFerr­y, avait appelé à « revoir en profondeur » cette fiscalité pour lutter contre « l’apparition d’une société à deux vitesses ». Selon BFM TV, l’initiative a été «peu appréciée » à l’Élysée. « On n’y touchera pas tant que je suis là », a lancé le chef de l’État. « On a demandé des efforts aux retraités mais maintenant arrêtez de les emmerder ! » Actuelleme­nt, l’impôt sur les succession­s comprend des barèmes progressif­s selon la somme héritée, avec des tranches allant jusqu’à 60% en cas de lien de parenté éloigné. Mais de nombreux abattement­s ont été mis en place, qui permettent aux transmissi­ons d’être plus faiblement taxées. Une augmentati­on de certaines tranches était envisagée au sein de LREM afin de libérer l’épargne pour la flécher vers l’investisse­ment et de valoriser le travail plutôt que l’héritage. « Cela avait été abordé pendant la campagne » mais finalement pas traité, a expliqué un source au sein du parti présidenti­el. «Ilyaunecoh­érence mais un risque politique réel ». Emmanuel Macron a le sens du tragique. N’avait-il pas confié à Edouard Philippe qu’il recevait secrètemen­t juste avant le second tour de la présidenti­elle alors que sa victoire était acquise : « Je peux finir comme François Hollande ou ne pas finir mon mandat du tout. » Imaginait-il, cependant, que l’opinion se retournera­it aussi vite contre lui au point d’en faire le président de la République le plus impopulair­e de la Ve République après à peine  mois de pouvoir ? Le sondage Kantar Sofres-Onepoint publié hier par le Figaro ouvre, en effet, un état de disgrâce d’une brutalité sans précédent :  % seulement des Français jugent le bilan du chef de l’Etat positif ;  % l’estiment négatif. Une déception aussi forte que l’attente soulevée par son élection. Comme un rêve brisé. Le reflux est d’autant plus préoccupan­t qu’il affecte les bataillons d’En marche eux-mêmes : en janvier ,  % des électeurs macroniens du premier tour de  le soutenaien­t, ils ne sont plus que  %. En

unété,lepays « En un été, le pays est

est passé passé d’une interrogat­ion d’une interrogat­ion inquiète inquiète à une à une condamnati­on massive. » condamnati­on massive. Mais ce n’est pas tout. Le départ du gouverneme­nt de Nicolas Hulot, qui a sans doute contribué à cette accélérati­on du désamour lié d’abord à une forte déception sur les résultats de la politique gouverneme­ntale et au surplace économique du pays –, est à présent suivi de la défection spectacula­ire d’une députée d’En Marche qui avait participé à la conquête présidenti­elle. Frédérique Dumas n’est pas une opportunis­te ralliée de la dernière heure. Productric­e de cinéma à succès, élue des Hauts-de-Seine, elle claque pourtant la porte du groupe LRM pour rejoindre celui de l’UDI en clamant haut et fort sa déception. Florilège : « On a le sentiment d’être sur le Titanic...On met la transforma­tion du pays aux mains de technocrat­es hors-sol voire cyniques... Donner son avis s’il n’est pas conforme est vu comme une fronde... Il faut avaler toutes les couleuvres... » Le plus terrible des réquisitoi­res. Qui livre en outre un envers du décor inquiétant. La question est de savoir si le chef de l’Etat peut entendre ces propos, admettre le rejet de l’opinion et surtout se remettre

en cause. Car il ne s’agit pas comme veulent le croire ses proches d’un simple trou d’air. Le plus dur est devant le pouvoir avec le budget et ses déficits, la croissance qui baisse, l’inflation qui revient, des réformes qui ont peu d’effets et l’affaire Benalla qui ne cesse de rebondir.

 ?? ?? Emmanuel Macron a tenu à recadrer les propos de Christophe Castaner : «On a demandé des efforts aux retraités mais maintenant arrêtez de les emmerder ! » (Photo MaxPPP)
Emmanuel Macron a tenu à recadrer les propos de Christophe Castaner : «On a demandé des efforts aux retraités mais maintenant arrêtez de les emmerder ! » (Photo MaxPPP)
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