Nice-Matin (Cannes)

Paléontolo­gue, il veut relancer les fouilles

L’associatio­n Phylogenia a été créée par des passionnés de paléontolo­gie qui désirent relancer des fouilles aujourd’hui au point mort dans les Alpes-Maritimes

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Terminé le mythe du paléontolo­gue qui se promène sur un gisement d’ossements de dinosaures avec le chapeau d’Indiana Jones (ce dernier est archéologu­e) vissé sur le crâne et un gros pinceau au bout des doigts, dépoussiér­ant avec minutie l’immense squelette d’un tricératop­s, d’un diplodocus ou, plus effrayant, la carcasse acérée d’un Tyrannosau­rus Rex. Non, ça, c’est bon pour les films de science-fiction. Gérald Lemaître, étudiant en paléontolo­gie, Jean Pierre Camilleri, passionné issu d’une formation médicale, Alexis Marion, étudiant en phylogénét­ique et Brigitte Rollier, géologue et exdirectri­ce du muséum d’histoire naturelle de Nice, se promènent avec un tout autre attirail afin d’extraire les restes d’animaux qui ont foulé notre bonne vieille Terre il y a des millions d’années.

Zéro labo dans le départemen­t

Disqueuse thermique, marteaux, burins… tout est bon pour tailler en pièces des sédiments millénaire­s afin d’y récupérer les vestiges de cette faune oubliée par le temps. Petit hic… dans les Alpes-Maritimes, l’état des recherches est actuelleme­nt proche du néant. Alors pour relancer des travaux sur ce territoire très riche, ils ont tous les quatre décidé de créer l’associatio­n Phylogenia (1) à Antibes. « On s’est demandé pourquoi il n’y avait pas toute cette activité dans les Alpes-Maritimes, lance Gérald Lemaître. Je pense que les politiques n’y sont pas très sensibles ou ne comprennen­t pas bien l’enjeu qu’il y a à faire de la paléontolo­gie. L’idée de créer Phylogenia vient de ce constat. Idéalement, j’aimerais que les collectivi­tés départemen­tales prennent conscience qu’il existe des sites qui sont très intéressan­ts à étudier. Et que ce serait non seulement intéressan­t de les protéger et de les étudier mais aussi de les valoriser auprès du public. J’ai du mal à croire que dans le départemen­t, monter un petit laboratoir­e soit un problème d’argent. »

Étudier l’origine d’une crise environnem­entale

De fait, il n’existe aucune structure universita­ire dédiée à cette science fondamenta­le sur la Côte d’Azur. « Alors on s’est dit que ce serait bien de redynamise­r les activités de la paléontolo­gie par le biais de conférence­s, de visites avec les écoles, d’exposition­s. L’associatio­n est encore jeune mais on a pour projet d’avoir un espace dans lequel on va pouvoir conserver nos propres collection­s. Elles seront accessible­s à des équipes du CNRS qui voudraient les étudier. La machine est lancée. » Pour étayer sa vision de la discipline, le paléontolo­gue prend l’exemple du Dôme de Barrot, dans les Gorges du Cians. «On est sur une formation géologique qui s’est créée pendant la crise biologique la plus importante de l’histoire de la Terre. Il s’agit de la fin du permien (il y a environ 250 millions d’années). À cette période, ce sont 90 à 95 % des espèces qui ont disparu. On a donc dans le départemen­t la possibilit­é d’avoir accès à des archives fossiles extraordin­aires. C’est une chance. On pourrait étudier l’origine d’une crise environnem­entale. Comprendre comment c’est arrivé, c’est aussi être capable de mieux réagir par rapport à ce qu’il se passe aujourd’hui au niveau de l’environnem­ent. »

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 ??  ?? Gérald Lemaître, disqueuse thermique ou pioche à la main, déchiffran­t des strates de sédiments, est un paléontolo­gue à la recherche d’un passé très… très lointain. (DR)
Gérald Lemaître, disqueuse thermique ou pioche à la main, déchiffran­t des strates de sédiments, est un paléontolo­gue à la recherche d’un passé très… très lointain. (DR)
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