Frédérique Vidal face à trois cents étudiants en congrès à Nice
De retour dans son ancienne « maison », la ministre de l’Enseignement supérieur a dressé hier matin, sur le campus Saint-Jean-d’Angély, le bilan de ses réformes et le travail à accomplir
À la place de poignées de mains solennelles, ce sont des bises qui claquent, des « comment vas-tu? » échangés sur le parvis du campus de SaintJean-d’Angély à Nice pour accueillir l’ex-présidente de l’Université de Nice Sophia Antipolis devenue ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Venue ouvrir, hier matin, à l’ISEM (institut supérieur de l’économie et du management) le congrès national de la Fage, fédération d’associations générales étudiantes, Frédérique Vidal, très émue, était de retour dans son ancienne « maison ». Celle où elle a été étudiante, enseignantechercheuse, puis présidente pendant cinq ans.
« Bienvenue chez vous »
D’où l’accueil amical de son ancienne équipe, du « bienvenue chez vous » lancé à la ministre par le président de la Métropole et maire de Nice, Christian Estrosi venu l’accueillir aux côtés du recteur de l’académie de Nice, Emmanuel Ethis. Filant vers le grand amphi où avaient pris place trois cents étudiants d’associations et de BDE des campus de France, Frédérique Vidal a ouvert les débats. Un long discours en forme de plaidoirie sur les réformes qu’elle a initiées. De Parcoursup à la loi ORE (orientation et réussite des étudiants), en passant par la diminution des frais d’inscription en fac, la suppression du régime social étudiant, l’accès aux soins développé .... (lire notre édition d’hier). Tout cela détaillé, point par point.
« Avec APB, on ne pouvait pas faire pire »
« Contrairement aux légendes urbaines et rumeurs extravagantes, Parcoursup a bien fonctionné, a martelé la ministre. Il nous reste du travail à faire, notamment pour rendre les offres de formations plus lisibles. Prenez les chaudronniers qui fabriquent les ailes d’avion et les cuves de sous-marins. Quand vous proposez à un jeune « veux-tu être chaudronnier », même à l’époque d’Harry Potter, la réponse est rarement positive. » Dans l’amphi, les étudiants rigolent et applaudissent, sans réserve. Parmi eux, Louis Voisin, étudiant, président de la Face 06, association adhérente à la Fage, qui a organisé ce colloque. « Moi, j’ai vécu APB et ses injustices. Avec ce système de tirage au sort, on ne pouvait pas pire. » Comme les adhérents de la Fage, Louis soutient cette nouvelle plateforme Parcoursup. « Parce qu’elle a créé du lien entre le monde universitaire et les lycéens, qui, avant, avaient peur de venir à la fac, de se retrouver dans le grand bain. Sans accompagnement. » Cet étudiant en master 1 de droit privé attend beaucoup de la visite de la ministre. « Des aides concrètes en matière de logement, pour que les étudiants vivent mieux leurs études. »
De à € de frais d’inscription pour kiné
Justement, hier, la ministre Frédérique Vidal a confirmé que le logement étudiant était l’une de ses « priorités cardinales » pour 2018-2019. Avec le lancement d’un plan de construction de 60000 logements, la création d’un observatoire national pour dresser les points de tension et y remédier. Autre sujet abordé, cette fois-ci par les étudiants : les frais d’inscription élevés dans certaines écoles d’ingénieurs et filières paramédicales. L’amphi bruisse, lève les bras, agite les mains pour confirmer. La ministre Frédérique Vidal acquiesce : « Selon les instituts d’études de kiné, les droits d’inscription annuels oscillent entre 170 et 9 000 €. On est train de se documenter et d’analyser ce qui se passe. » Pour ceux pratiqués par certaines écoles d’ingénieurs « dont Centrale et les Mines de Nancy, positionnées sur l’international »
c’est selon la ministre «un sujet compliqué ». Et d’expliquer que « pour les étudiants étrangers, où l’enseignement supérieur est payant dans leur pays, de faibles droits d’inscription ne sont pas attractifs. À leurs yeux, plus ils sont onéreux, plus c’est un gage de la qualité des formations dispensées. »