Nice-Matin (Cannes)

« On ne choisit pas ses complexes »

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La plage étant un lieu propice à l’observatio­n de ses contempora­ins, Gérard Depardieu y a exercé son regard. « C’est vrai que c’était assez étrange de voir le comporteme­nt des femmes avec un jeune homme un peu plus développé que les garçons de son âge.» Il promet de n’en avoir jamais abusé. « J’étais très, très prude. Je n’avais pas d’éducation. Je n’étais pas donc un baratineur. Et j’étais très complexé, physiqueme­nt. Ça faisait partie certaineme­nt de ce qu’on appelle l’adolescenc­e… » Ce manque d’assurance peut surprendre, surtout si l’on se souvient du colosse qu’il était déjà, quelques années avant Les Valseuses. On a tort. « Ah, ça, c’est toujours pareil : on ne choisit pas ses complexes », rétorque Depardieu. «Tu as des gens qui se trouvent très beaux et qui feraient mieux de se regarder. Et t’as des cons, pareil! Parce que le délit de connerie, il existe partout. Eh bien moi, j’étais certaineme­nt con, en tout cas je ne m’aimais pas. Je ne me suis jamais aimé, d’ailleurs. » A-t-il appris avec le temps à s’estimer un peu plus ? « Non, pas du tout. Je m’ignore totalement. Et c’est la vérité, en plus. Mais c’est comme ça. J’ai été fait de cette façon-là. Le pli est pris. » Au moins cette saison de plagiste l’a-t-elle fait mûrir, tout en venant nourrir un imaginaire fertile. « J’ai de très bons souvenirs. Ça me faisait voyager, ça me faisait voir des couleurs, des choses autres qui s’imprimaien­t et dont j’ai pris conscience plus tard. » Constructi­on, déception. Rien à faire, Gérard Depardieu ne se réconcilie pas avec un vieux continent où, dit-il, « la culture est remplacée par ces petites machines qu’on appelle Internet » .Son pays, il n’en finit pas de le quitter. Mais à quel point s’en abstraire quand chaque pas est scruté, chaque mot décortiqué ? « J’ai donné 167 millions d’euros en impôts. Maintenant, les journalist­es disent que je pars pour l’argent. Non ! Je pars pour la liberté. Je n’ai plus envie d’entendre parler français. Et je vais partir de l’Europe aussi, puisque c’est une catastroph­e. Je m’en vais dans des pays qui me plaisent. La liberté, c’est ça. Pouvoir aller où l’on veut. »

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(F. L.) « Les journalist­es disent que je pars pour l’argent. Non ! Je pars pour la liberté. »

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