Nice-Matin (Cannes)

Vacances de M. Pablo : l’expo !

Jusqu’au 13 janvier, le château Grimaldi accueille l’expo retraçant les séjours antibois du maître, de 1920 jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr 1. Dans le cadre de la manifestat­ion internatio­nale Picasso Méditerran­ée.

Les huiles sur toile, les esquisses, les dessins au crayon, à l’encre, au pastel ou à la gouache, les collages, les montages… Tout respire le bonheur de vivre. La joie toute simple d’un bain de mer. Du sable qui colle à la peau. Du soleil qui réchauffe le corps et l’esprit. Lors de ses séjours à Antibes-Juan-les-Pins, Picasso était heureux. Et cela se voit en découvrant l’exposition qui se tient jusqu’au 13 janvier au château Grimaldi : la bien nommée Les Vacances de M. Pablo (1). Jean-Louis Andral, conservate­ur des musées antibois, a rassemblé plus de 110 oeuvres, issues de collection­s privées, de musées et du fond personnel. Certaines pièces ont rarement été présentées au public. D’autres qui ont été créées ici reviennent pour la première fois. Picasso découvre Antibes en 1920, avec Olga. Il y reviendra régulièrem­ent, chaque été ou presque, jusqu’en 1939. Toujours en famille. Plusieurs fois avec Olga et leur fils Paul. Puis, à partir de 1936, avec Marie-Thérèse et la petite Maya. Le sens de l’exposition épouse cette chronologi­e. En prélude, la visite débute par la présentati­on d’une partie des oeuvres les plus célèbres nées lors de ces vacances studieuses et heureuses. « Picasso et sa famille louaient des villas, notamment à Juan-les-Pins. Il n’avait pas d’atelier et travaillai­t essentiell­ement sur des petits formats avant de reproduire l’oeuvre sur de plus grands supports à son retour à Paris », explique Jean-Louis Andral. La visite s’ouvre donc avec le grand tableau La Flûte de pan (1923), Le Baiser (1925), Portrait de jeune fille (1926), etc.

Petits feuillets, papier à en-tête…

Le génial créateur utilise des petits feuillets et même du papier à lettre à en-tête de l’Hôtel du Cap où il séjournera l’été 1923. En témoigne cette facture exposée avec des billets de train. Picasso gardait tout ! Comme les reçus pour la location des diverses villas juanaises, lieu de villégiatu­re telles la célèbre Vigie, toujours en place et Chêne Roc, hélas démolie récemment. Ou encore la Villa Saint-Georges près de la gare SNCF. Certaines ont été reproduite­s par le maître. De vraies maisons du bonheur, avec des couleurs gaies. De très nombreuses oeuvres sont inspirées par les baigneurs et baigneuses. Avec, toujours, cette compositio­n simple en trois niveaux horizontau­x : le ciel, la mer et la plage. Picasso est heureux et s’amuse. Il incorpore du sable dans certaines oeuvres, telle cette Tête de femme, crayon et huile sur toile. Il crée des reliefs, à partir d’une toile retournée, le châssis servant de cadre, et d’objets divers, un gant d’Olga, des jouets, etc et toujours du sable. Il fait du découpage, en superposan­t des images et en dessinant pardessus. Il s’amuse. Plusieurs oeuvres sont présentées avec les diverses esquisses qui l’ont précédé. Il y a notamment cette étonnante série de dessins, prémisses des sculptures qui naîtront dans les écuries transformé­es en atelier du château de Boisgeloup, que Picasso s’est offert en Normandie. Pour l’instant, il se ressource au soleil de la Côte d’Azur. Il y puise une énergie créatrice incroyable. Une lumière tamisée, hélas, par le début de la guerre. Ce goût pour Antibes ne s’estompera jamais. M. Pablo reviendra en 1946 et prendra ses quartiers dans le château Grimaldi futur musée. Ce qui donnera la collection permanente que l’on peut admirer aujourd’hui. Mais c’est une autre histoire.

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 ??  ?? Jean-Louis Andral fait découvrir au public le résultat des vacances artistique­ment prolixes de M. Pablo. (Photos Eric Ottino)
Jean-Louis Andral fait découvrir au public le résultat des vacances artistique­ment prolixes de M. Pablo. (Photos Eric Ottino)
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