Une élection interne sous tension
Eric Ciotti, seul candidat, sera élu président départemental de LR samedi. L’élection des délégués de circonscription sera le véritable baromètre du rapport de forces avec Christian Estrosi sur Nice
Quel score pour Eric Ciotti ? Et, surtout, quelle participation ? Ce sont les deux principaux enjeux de l’élection du président départemental des Républicains, qui se déroulera ce samedi 13 octobre. Le suspense est nul quant à l’identité du futur patron de la fédération LR 06. Ce sera Eric Ciotti, unique candidat. Christian Estrosi, qui présidait la fédération depuis des années, a en effet décidé de ne pas se représenter. Si le discours d’une droite tête haute du député niçois semble faire assez nettement consensus parmi les militants, la fédération maralpine apparaît malgré tout traversée par la faille béante ouverte entre Christian Estrosi et Eric Ciotti. Le second veut arrimer son parti sur une fermeté assumée, des choix droitiers dénués d’ambiguïté, là où le premier, sans être candidat, plaide pour une droite plus ouverte, protéiforme, pointant le risque d’un chef de file qui ne soit pas suffisamment rassembleur.
Un climat de guerre civile
Pour asseoir définitivement sa légitimité, Eric Ciotti va donc devoir circonscrire les votes blancs et l’abstention. Son autorité se mesurera, pour une bonne part, à l’ampleur des adhérents LR azuréens à jour de cotisation qui feront l’effort de voter (1). Le questeur de l’Assemblée nationale le sait, lui qui enchaîne les réunions publiques et qui a largement contribué au regain d’adhésions à LR dans les Alpes-Maritimes ces dernières semaines. Avec 10620 militants aujourd’hui, la fédération maralpine est ainsi devenue la toute première de France. Outre l’adoubement de leur président, Les Républicains auront à élire samedi vingtdeux conseillers nationaux – parmi vingt-huit candidats –, près de sept cents représentants des neuf circonscriptions et un délégué pour chacune d’elles. C’est à ce niveau que le match Ciotti - Estrosi, les municipales en ligne de mire, aura bel et bien lieu dans les trois circonscriptions niçoises, par lieutenants interposés. Car cette élection interne se déroule dans un climat plus délétère que jamais. Le maire de Nice et son désormais très probable challenger en 2020 sont à couteaux tirés et aiguisés, engagés dans une bataille de chiffonniers où les coups bas le disputent aux gamineries de cour d’école.
Le combat de vérité des sous-chefs
Dans la 1re circonscription, celle dont Eric Ciotti est député, s’affronteront son suppléant Auguste Vérola et Pierre-Paul Léonelli, fidèle en chef de Christian Estrosi. Dans la cinquième, la très estrosiste députée Marine Brenier sera opposée à la très ciottiste première magistrate de Rimplas, Christelle d’Intorni, qui n’a de cesse de flinguer le maire de Nice. Ces deux duels sans merci seront les révélateurs du rapport de forces entre Christian Estrosi, qui n’entend surtout pas quitter sa famille d’origine, et Eric Ciotti, chez Les Républicains niçois. Dans une moindre mesure, sera également instructif le face-à-face entre Dominique Estrosi-Sassone et le moins connu Stanislas Andre dans la 3e circonscription.
Michèle Tabarot au secrétariat ?
Ailleurs, Charles-Ange Ginésy
aura face à lui Pascal Belouet dans la 2e. Laurence Trastour, députée de la 6e circonscription, sera doublement défiée par Christophe Coanus et Marc Moschetti. Dans la 4e, la 8e et la 9e circonscription, Jean-Claude Guibal, David Konopnicki et Christophe Chalier sont seuls candidats. C’était aussi le cas de Jean Leonetti dans la 7e circonscription… Mais Jean-Valéry Desens, qui avait déjà fait annuler les élections internes de 2016, ayant brandi la menace d’un recours en invalidation (le maire d’Antibes étant tenu à la neutralité en tant que référent départemental en charge de l’organisation du scrutin), l’ancien ministre a préféré retirer sa candidature. Cette circonscription n’aura donc pas de délégué, dans l’immédiat du moins… À l’issue de ces élections internes, restera à désigner le secrétaire départemental du parti, qui n’est pas élu mais fait l’objet d’une nomination par le président national de LR. Un poste stratégique d’animation active de la fédération pour lequel la députée Michèle Tabarot semble tenir la corde, acceptée par toutes les sensibilités du parti. Un petit miracle, à l’heure actuelle chez Les Républicains azuréens !