COUP D’ARRÊT AUX BRAQUEURS KAMIKAZES
Contraint de sacrifier un complice en l’envoyant, visage découvert, dans la bijouterie Julian, rue d’Antibes, des malfaiteurs ont été à nouveau rattrapés par la police judiciaire niçoise
Quatre malfaiteurs soupçonnés d’avoir braqué la bijouterie Julian, fin septembre à Cannes, ont été placés en détention. L’un d’entre eux avait pénétré à visage découvert dans le commerce avant de faire entrer ses complices au visage masqué.
Ils ont eu le temps de vendre leur butin bien mal acquis (des montres et des bijoux estimés à un million d’euros) mais pas de profiter de leur argent. Sept personnes, âgées de 22 à 25 ans, ont été interpellées par la BRB de la police judiciaire de Nice et la Brigade de recherche et d’intervention la semaine dernière, après le braquage le 25 septembre de la bijouterie Julian, rue d’Antibes à Cannes. Neuf jours après le vol, l’équipe a été démantelée. Seul manque à l’appel l’un des protagonistes, en fuite à l’étranger. Quatre Azuréens, tous déjà connus de la justice, viennent d’être mis en examen au tribunal de grande instance de Grasse pour vol à main armée ou complicité. Ils ont été placés en détention provisoire. Une femme qui les a hébergés a été remise en liberté sous contrôle judiciaire.
Un braqueur sacrifié
La BRB porte à nouveau un coup très dur à ces équipes dites à tiroir, spécialisées dans les attaques à main armée chez des commerçants ou des particuliers supposés aisés. Pour pénétrer aujourd’hui dans les bijouteries modernes en franchissant le sas de sécurité, il est nécessaire d’opérer à visage découvert. C’est la technique dite du « kamikaze » envoyé au front par des commanditaires suffisamment persuasifs ou menaçants. «Les sacrifiés peuvent être des sans-domicile-fixe, des étrangers en situation irrégulière ou des repris de justice qui doivent s’acquitter d’une dette », précise le commissaire divisionnaire Philippe Frizon, patron de la PJ niçoise. Dès l’alerte donnée, les enquêteurs de la BRB ont pu travailler sur le braqueur, présent dans les fichiers puisqu’il était sorti de prison en août dernier. Sur les caméras de surveillance, on le voit se faire ouvrir la porte de la bijouterie, demander à voir des bagues de fiançailles et des montres. Au moment où la vendeuse sort ses présentoirs, l’individu exhibe une arme de poing, menace le personnel et intime l’ordre de déverrouiller le sas. Rejoint par un complice casqué, les deux braqueurs sortent dans la rue où un complice patiente sur l’un des deux scooters.
De retour de région parisienne
Des engins volés retrouvés dans l’après-midi en partie calcinés près du centre héliomarin d’Antibes. Malchance pour les malfaiteurs et coup de chance pour les policiers, un témoin a aperçu un automobiliste au volant d’une Volkswagen Passat embarquer les malfaiteurs. Cet adepte du covoiturage a lui aussi été rapidement identifié. La PJ le soupçonne d’être en lien avec un cinquième homme qui, lui, a l’envergure pour être le cerveau de l’attaque. Le travail sur la téléphonie démontrera que toute l’équipe, originaire d’Antibes, Vallauris, et Cannes-laBocca, a rapidement quitté la Côte d’Azur pour rendre visite à une proche du commanditaire, dans la région parisienne. La PJ décide alors de les interpeller à leur retour dans la région jeudi dernier. A l’issue de quatre jours de garde à vue (durée prévue en cas d’associations de malfaiteurs), les enquêteurs ont la conviction de détenir le braqueur, le guetteur, le commanditaire et le complice venu en Passat récupérer l’équipe. Manque à l’appel le second braqueur en fuite à l’étranger. Les bijoux et les montres sont également introuvables mais de l’argent liquide a été trouvé lors des perquisitions. L’enquête se poursuit désormais sous la direction d’un juge d’instruction grassois. Depuis deux ans, la police judiciaire de Nice peut se targuer d’avoir élucidé l’ensemble des vols à main armée commis à l’ouest du département. Une réussite qui devrait faire réfléchir les malfaiteurs locaux.