Pourquoi le karting est-il le berceau du sport auto?
Qu’ils soient en monoplace ou en rallye, tous les pilotes ou presque, ont débuté par le karting. Nous avons interrogé certains d’entre eux, qui ont fait leur premier tour de piste sur le circuit de la Sarrée
Tout petits, déjà. À peine le temps d’apprendre à marcher qu’ils étaient déjà là, sur ce circuit, au beau milieu de nulle part, dans les hauteurs de Grasse. Eric Camilli a connu le WRC, côtoyé Sébastien Ogier, arpenté le monde entier, dompté Toyota Yaris, Ford Fiesta, Volkswagen Polo, maîtrisé épingle, saut, glissade. Et pourtant. À ses quatre ans, il était là, à La Sarrée, au volant d’un mini-kart. « Je montais toutes les semaines avec mon père, se souvient le Niçois de trente et un ans, licencié à l’ASA Grasse. Il m’expliquait les trajectoires, comment prendre les virages, où se situaient les points de corde. Je rasais ses pieds, sourit-il. C’est comme cela que j’ai appris. » Norman Nato aussi. « J’ai fait mes premiers tours de piste à six ans ,se remémore le Cannois, passé par le GP2 et aujourd’hui engagé en endurance. Je rêvais d’être pilote de rallye, mais la piste m’a tout de suite plu. » Plus récemment, le petit prodige de l’ASA Grasse, Théo Pourchaire, a lui aussi caresser son premier volant sur le circuit grassois. « J’ai commencé en baby kart, sur la petite piste, rembobine le jeune pilote de quinze ans, cette année en Formule 4, après plusieurs saisons à empiler les victoires en karting. Le tracé est parfait pour débuter. Il est très technique, alterne les virages lents et rapides, les montées et les descentes. Pour apprendre, il n’y a pas mieux. » Mais alors pourquoi ? Pourquoi ce passage, presque obligatoire, par le karting, pour atteindre, un jour ou l’autre la gloire ? « Il n’y a que le karting qui te permet d’intégrer en toi les bonnes trajectoires, les bons freinages et la façon d’aborder au mieux les virages, analyse Camilli. Le kart te donne aussi rapidement le goût à la compétition. Il n’y a pas de règles, pas d’obligations, mais pour moi le karting a été une étape importante dans ma carrière. À mes débuts en rallye, on m’a souvent dit que j’avais une trajectoire ultra tendue, de pistard. Parfois je suis obligé de me corriger un peu tellement je rase les murs. Mais je n’y peux rien, mes années de karting sont tellement ancrées en moi… » Norman Nato non plus n’a pas oublié son apprentissage à La Sarrée. « Pour moi, c’est une étape obligatoire pour un jeune pilote s’il veut devenir professionnel rapidement. On y est presque tous passé. En plus des bases de pilotages, le karting t’apprend aussi la mécanique. Tu dois aider ton mécano, vérifier la pression des pneumatiques. Cela te permet de comprendre le fonctionnement de la machine. Le karting, c’est la meilleure des écoles. » Théo Pourchaire abonde en ce sens. « Tu apprends les bases du pilotage très tôt. On apprend aussi à rouler sous la pluie, à réaliser des dépassements, à vérifier la pression des pneumatiques. En monoplace, la mécanique est différente. Ce n’est plus la même. Mais c’est important d’avoir les bonnes bases. » Bien au-delà de l’apprentissage initial, le karting est aussi un exutoire, un plaisir, que les pilotes consomment en parallèle de leur carrière. « Aujourd’hui, nous sommes limités en temps de roulage, en dehors des courses, explique Nato, régulièrement présent à La Sarrée. Le karting reste, lui, accessible. Tu peux venir rouler avec ton propre kart quand tu veux. Cela te permet de garder le rythme et de t’entretenir physiquement. Et puis au niveau des sensations et du plaisir, tu peux difficilement trouver mieux. »