Nice : un élu accusé d’être un fantôme à 68 000 euros
Joseph Calza qui sèche toutes les séances municipales et métropolitaines tout en percevant ses indemnités. Gaël Nofri, proche d’Estrosi, dénonce. L’incriminé, soutien de Ciotti, répond
Gaël Nofri n’aime pas les tricheurs. Ceux qui sèchent et qui profitent du système aux frais des Niçois. Surtout quand ceux-là – ou plutôt celui-ci – pactisent avec l’ennemi de son nouvel ami. Et en l’occurrence, ce qui irrite l’ex-FN et récent allié de Christian Estrosi, c’est que Joseph Calza, un autre conseiller municipal, membre renégat de la majorité et ancien proche de Dominique Estrosi-Sassone (au point d’être pressenti comme son suppléant naturel aux dernières élections cantonales avant d’être évincé in extremis au profit du maire de Carros), fraye publiquement avec Éric Ciotti. Voilà qui a motivé Gaël Nofri à tremper sa plume dans l’encre de la «moralité» et «du gaspillage des deniers publics ». « Dimanche, dénonce par voie de communiqué le loyal conseiller d’Estrosi, M. Éric Ciotti, député, a fait le choix de s’afficher en réunion publique au côté de Joseph Calza, conseiller municipal et métropolitain de la ville de Nice. Ce dernier, qui semble trouver le temps d’assister à des réunions partisanes n’a pas, depuis quatre ans, remis les pieds au conseil municipal, au conseil métropolitain ou dans l’une quelconque [sic] des commissions. Dans le même temps, cet individu continue de percevoir tous les mois 1427,86 euros d’indemnités prélevées sur les deniers du contribuable.» C’est dit: Joseph Calza (qui appartient au groupe du divers-droite Olivier Bettati, opposant au maire) ne fait pas le job mais prend le salaire. Et un salaire non négligeable: plus de 68000 euros en quatre ans pour ne siéger nulle part et pour laisser un fauteuil vide. Gaël Nofri avait déjà mis le «cas Calza» sur la place publique via Twitter il y a quelques mois. Il le refait. Par devoir, il balance : « Quelles que soient nos convictions, nos sensibilités et nos appartenances politiques, il nous faut dénoncer ce comportement. Dans une période de crise de confiance dans les institutions et alors que nos concitoyens attendent de nous un assainissement des pratiques passées le fait qu’un parlementaire, candidat à la direction départementale d’une des principales formations politiques de notre pays, s’affiche ainsi, cautionne, ce genre de comportement qui porte atteinte à l’esprit civique et à la moralité publique. Cette attitude est d’autant plus scandaleuse que ce sont les mêmes qui animent les estrades et battent la campagne à grand renfort de discours populistes sur les deniers publics prétendus dilapidés. »
« Un dindon en service commandé »
Et paf ! Être accusé d’être un conseiller municipal fictif? Ça n’ébranle pas Joseph Calza. Ça le fait même marrer : « Recevoir des leçons d’honnêteté de quelqu’un qui, si je ne me trompe, a lui-même avoué avoir bénéficié d’un emploi fictif au FN [avant de rejoindre l’équipe Estrosi, mais c’était le contrat qui était fictif] c’est cocasse ! » Calza assume : «Je ne viens pas au conseil municipal. Pour se faire couper le micro par Christian Estrosi au bout de trente secondes à quoi ça sert? Si c’est juste pour chauffer le fauteuil, je préfère m’abstenir ! » «Ça ne veut pas dire, justifie le spectre de l’assemblée, que je ne m’occupe pas de ma ville. J’étudie tous les dossiers, je fais des interventions directement auprès des services, par mail ou grâce au 3906, pour signaler des désordres: un dépôt d’ordures sauvages ou une haie à tailler.» Et de conclure: «Je suis élu depuis 1977, j’ai fait énormément pour la ville sans jamais utiliser une voiture de fonction, sans jamais me faire rembourser un déjeuner. Quand Estrosi a commencé à se rapprocher de Macron, j’ai pris mes distances. Moi, je suis Répuplicain et je le reste. Et le seul LR ici, pour moi, c’est Ciotti. Je le soutiens et tant pis si ça dérange des dindons en service commandé ! »