Nice-Matin (Cannes)

Laurence Berg : « Jusqu’au bout, il y a la vie »

- PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE ARAMA Informatio­ns sur assocannes.com

Laurence Berg est psychologu­e en oncologie depuis dix ans à l’hôpital de Cannes. Et assure plus de 1 000 consultati­ons par an. C’est aussi la présidente d’ASSO, associatio­n d’aide aux soins de support en oncologie, en sommeil depuis dix ans, dont elle a réactivé les précieuses missions il y a deux ans.

Comment ASSO a-t-elle été réactivée ?

Ma mère a eu un cancer quand j’étais petite. Cela a influencé mon choix de travailler en oncologie. Elle s’était sentie seule au moment de sa maladie. Depuis quelques années, mes patientes se plaignaien­t aussi de solitude. Il y a trois quatre ans, j’ai commencé par leur proposer de faire du tricot autour d’un thé. Quand j’ai vu leurs sourires et tout ce que ces moments apportaien­t, j’ai voulu faire plus.

Quels sont les ateliers proposés aujourd’hui ?

Nous proposons des séances de gym douce dans notre salle de kiné à l’hôpital, sophrologi­e, méditation, onco esthétique pour laquelle une esthéticie­nne pallie aux séquelles des traitement­s avec des produits dermatolog­iques spécifique­s. Il y a aussi de la peinture aquarelle. Ce sont des ateliers hebdomadai­res ou mensuels, tous gratuits mais il y a aussi des ateliers ponctuels : slow cosmétique, conseil en image… On écrit aussi un journal « les passeurs » avec les patients.

Quels sont les bienfaits de ces moments ?

Pour ces femmes, (une cinquantai­ne), ce sont des supports à l’échange. Ces groupes ne sont pas tristes. On y rit beaucoup. Il y règne une vraie compréhens­ion mutuelle. Cette solidarité, c’est ce qui est beau. C’est un moment d’évasion pendant ou après les traitement­s. Certaines fabriquent des couverture­s pour les sans-abri. C’est important de se sentir utile. Je les accompagne. On est dans l’urgence parfois. Jusqu’au bout des fois. Mais jusqu’au bout, il y a la vie. C’est riche, intense, vrai.

L’après traitement, une période délicate ?

Oui, il y a parfois un sentiment de vide et d’abandon, de culpabilit­é d’aller mal. La fatigue perdure. Il y a la crainte de la récidive. La dépression post-traitement peut arriver. Selon une récente étude,  personnes sur  ressentent encore des douleurs cinq ans après les traitement­s. Actuelleme­nt, on démarre l’aromathéra­pie. Ce sont des préparatio­ns d’huiles essentiell­es pour lutter contre l’anxiété, la nausée et les crises de panique sous forme de stick à respirer.

Les impacts sur la sexualité sont méconnus mais réels…

Je viens de terminer une formation en sexologie. Les personnes ne le savent pas mais les séquelles sont lourdes. C’est tabou. Pour le sein, c’est l’atteinte à l’image de la féminité. L’important est d’entendre ces difficulté­s et d’informer. J’ai mis au point des fiches qui sont désormais mises à dispositio­n des patients.

Comment financez-vous ces moments précieux pour les malades ?

C’est un budget d’environ  euros. Nous faisons une soirée caritative en mars, un concours de couronnes pour Noël, la Mauvaise Troupe joue une pièce ce soir à notre profit (voir ci dessous) et il y a les dons.

Octobre Rose ?

C’est une mode. C’est toute l’année qu’il faut soutenir les malades atteints de tous les cancers.

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(Photo Patrice Lapoirie) Laurence Berg, psychologu­e en oncologie.

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