Olivier Faure: «Le PS veut être réidentifié sur des contenus»
Malgré de nouveaux départs cette semaine, le Premier secrétaire du Parti socialiste maintient sa ligne, privilégiant les propositions aux protestations. Il sera demain dans les Alpes-Maritimes
Les mois passent et la situation ne s’arrange pas pour le PS, qui vient encore de perdre une partie de son aile gauche avec les départs d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann, qui a qualifié son ex-parti de «canard sans tête». Son Premier secrétaire, Olivier Faure, sera demain au Cannet pour la Fête de la rose des socialistes azuréens. Il ne dévie pas de son cap.
Que reste-t-il aujourd’hui du PS ?
L’essentiel. Ceux qui n’ont pas été happés par la politique néolibérale du gouvernement et ceux qui ont refusé une dérive populiste et démagogique qui ne conduit nulle part.
Marie-Noëlle Lienemann vous a justement reproché d’être encore trop dans le « ni-ni »…
On a gouverné ce pays durant cinq ans et on était dans l’action, pas dans le ni-ni. Depuis un an, nous sommes occupés à nous réinventer. Nous l’avons fait d’abord sur la question européenne, à travers un texte adopté par % de nos militants, qui est le premier projet d’une formation politique pour les européennes. Nous voulons être réidentifiés sur des contenus et non des postures. Ne pas être seulement dans la protestation, mais dans la proposition. Ce jeudi même, nous avons déposé un projet alternatif de budget, qui montre qu’il était possible de faire à la fois un grand plan pour l’environnement, ne pas ponctionner les retraités, agir pour la justice sociale et fiscale, et permettre une plus grande égalité territoriale. La mauvaise foi des uns et des autres peut conduire à considérer que le PS n’a pas d’identité. Elle est partiellement à reconstruire, mais nous sommes les seuls à présenter un budget alternatif crédible.
Le paradoxe, c’est que d’autres, comme Pierre Moscovici, vous jugent à l’inverse trop à gauche…
Cela prouve juste que l’on a dû atteindre le juste équilibre.
Moscovici non partant, quand connaîtra-t-on votre tête de liste pour les européennes ?
Nous dévoilerons le novembre une liste ordonnée, avec la personne qui la conduira.
Vous dénoncez le populisme. Difficile dans ces conditions de mener des combats communs avec La France insoumise, comme vous y aspirez ?
Je ne veux pas d’accords d’appareils artificiels, qui laisseraient penser que nous sommes en phase sur tous les sujets. Mais il y a des combats sur lesquels la gauche doit pouvoir se retrouver. Il en existe, au moins, trois. Sur la question environnementale, on peut lutter ensemble contre les pesticides. Sur ce sujet, notre député européen Eric Andrieu livre une bataille redoutable contre les lobbies. Deuxième exemple, l’égalité femme-homme, à travers la promotion du congé paternité et de celui des aidants familiaux. Nous allons démarrer une campagne pour peser sur le gouvernement français, qui est l’un de ceux qui bloquent ces évolutions. Quand on voit le Président se réclamer du progressisme, il faudrait qu’il mette ses paroles en adéquation avec ses actes. Troisième sujet, la question migratoire, sur laquelle nous devons avoir une approche à la fois crédible et conforme aux valeurs de l’Europe. Sur cette thématique, nous allons ainsi lancer avec d’autres une association qui rassemblera tous les maires de gauche qui ont fait le choix d’accueillir des migrants, pour arriver à démultiplier les bonnes pratiques d’intégration. Je ne cherche pas à construire artificiellement un programme commun, mais à faire converger des forces et à les tirer vers la gauche de gouvernement. La protestation pose des digues à court terme, mais la résistance doit déboucher sur un nouveau modèle français et européen.